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Mes séjours à Bruxelles

Témoignages diplomatiques (1986-2020)

de Juan Prat y Coll (Auteur)
©2021 Monographies 202 Pages

Résumé

Ce livre s’inspire des expériences personnelles d’un diplomate espagnol qui a travaillé entre 1986 et 2013 à Bruxelles, auprès des institutions européennes et de l’OTAN. Dans un premier temps, l’auteur évoque son passage à la Commission Européenne, sous l’égide de Jacques Delors, au moment où la construction du marché unique battait son plein, l’Allemagne se réunifiait, la nouvelle Union s’élargissait vers l’Est, se projetant aussi vers la Méditerranée et l’Amérique Latine, et la paix au Proche Orient paraissait possible.
Se trouvant auprès de l’OTAN le11 septembre 2001, l’auteur fut également un témoin privilégié du moment où le vent tourna et où l’Alliance, après avoir cru qu’elle pouvait se passer de sa politique de défense traditionnelle face à un agresseur unique et bien identifié, et initier une nouvelle étape centrée sur le maintien de la sécurité dans les Balkans, dut faire face à un tout autre ennemi : le terrorisme islamiste. Le dernier chapitre décrit les deux années pendant lesquelles, alors que Juan Prat était délégué de la Catalogne auprès des Institutions européennes, se propagea un mouvement promu par des groupes politiques séparatistes qui, s’appuyant sur les sentiments identitaires et une propagande bien montée, revendiquèrent l’indépendance de la région.
Ce témoignage se conclut par des commentaires personnels sur la situation de l’Union Européenne, de l’OTAN et plus généralement du monde après la première pandémie du XXIème siècle, pour laquelle – encore une fois – personne n’était préparé. Tout cela dans un scénario nouveau avec, en toile de fond, la Chine prête à redevenir l’Empire du Centre, dans un monde en pleine effervescence.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Avant-propos
  • Introduction
  • Bruxelles, ville européenne et cosmopolite
  • Premier chapitre La Commission européenne (1985–1996)
  • Entrée officielle de l’Espagne dans les Communautés européennes
  • La création d’une nouvelle politique pour les PME
  • Tchernobyl
  • Travailler coude à coude avec un homme politique
  • Un entretien unique avec Habib Bourguiba
  • Deuxième étape
  • La question turque et la chute du mur de Berlin
  • La première guerre du Golfe et ses conséquences
  • Le lancement d’une politique méditerranéenne
  • La Conférence euro-méditerranéenne de Barcelone
  • Contacts méditerranéens
  • Le prince héritier du Maroc à la Commission
  • Les négociations avec les pays du CCG
  • La « redécouverte » de l’Amérique latine
  • La coopération avec les pays de l’Asie du Sud-Est
  • Derniers mois à la Commission
  • Deuxième chapitre L’OTAN (2000–2004)
  • Le retour à « l’autre Bruxelles »
  • Un symposium sur la sécurité et la défense à Barcelone
  • Le « 11 septembre » et l’application de l’article 5
  • Du 11 septembre au Sommet de Prague
  • La « guerre contre la terreur »
  • Le terrorisme comme nouvelle menace ?
  • L’incident de l’îlot Perejil
  • La crise irakienne
  • L’attentat du 11 mars 2004 et l’accident du YAK-42.
  • Voyages dans les Balkans avec le Conseil atlantique
  • Autres voyages
  • La Méditerranée ou le « Grand Moyen-Orient » ?
  • Une rencontre avec Lady Thatcher
  • Le nouveau secrétaire général
  • Les attentats terroristes du 11 mars 2014 à Madrid
  • Le Sommet d’Istanbul
  • Les adieux au Conseil atlantique
  • Troisième chapitre La Méditerranée (2004–2007)
  • Objectif : Barcelone 2005
  • Les préparatifs du Sommet Euromed
  • La tenue du Sommet
  • Le contenu du Sommet
  • Le code de conduite contre le terrorisme
  • Un an après : Tampere
  • L’initiative du président Sarkozy
  • 40 propositions pour l’avenir de l’Union européenne
  • Quatrième chapitre La Délégation de la Generalitat de Catalogne auprès de l’Union européenne (2011–2013)
  • Dernière étape
  • Le travail à la Délégation
  • Début des difficultés
  • Déclenchement de la crise politique
  • Départ inévitable
  • Considérations finales
  • Quelques réflexions sur le présent et l’avenir
  • ANNEXES
  • Annexe 1
  • L’OTAN et l’Union européenne : une interaction nécessaire
  • Besoin d’un vrai partenariat stratégique
  • La diversité des perceptions, source de force
  • Pouvoir militaire et légitimité : complémentarité et synergie
  • Optiques différentes et complémentaires pour la sécurité
  • Le lien transatlantique, gage de valeurs démocratiques
  • Annexe 2
  • XXIe Journée européenne. Conseil catalan du Mouvement européen
  • Annexe 3
  • « Passé et présent de l’action extérieure européenne dans une perspective historique »
  • Conclusion
  • Europe des cultures
  • Titre parus

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Avant-propos

Les pages qui suivent ne prétendent nullement être mes « mémoires » (elles ont déjà été publiées en espagnol il y a deux ans), mais un simple témoignage de mes expériences professionnelles liées aux questions « européennes », « euro-méditerranéennes » et « transatlantiques » pendant mes différents séjours à Bruxelles où j’ai eu la possibilité de travailler, avec passion, sur ces questions qui m’ont attiré depuis ma jeunesse et m’ont occupé pendant de nombreuses années. Les expériences décrites le sont dans la langue de Molière, Racine et Corneille, que j’ai eu l’occasion de lire bien avant Cervantes ou Lope de Vega, grâce à la magnifique projection de la culture française à travers les Lycées français dans le monde. Le récit n’en est pas moins influencé par une claire défense des positions et intérêts espagnols.

Au moment d’écrire la dernière révision de ce texte je suis enfermé chez moi depuis déjà une semaine, à cause de la pandémie du « coronavirus » et je prévois que si ce que j’ai écrit arrive un jour à se publier, ce sera très probablement dans un certain temps et dans un monde bien différent de celui que je décris. Des situations comme celle que nous sommes en train de vivre ne peuvent pas ne pas produire d’énormes changements non seulement économiques, mais surtout sociaux et sûrement aussi politiques, qui nous feront voir le monde d’une façon très différente et changer beaucoup de nos habitudes.

Ma vie a été pleine de surprises et de situations inattendues mais celle que nous vivons maintenant l’emporte sur toutes les autres, j’espère vivre suffisamment longtemps pour pouvoir en voir les conséquences positives, car à court terme elles ne semblent pouvoir être que négatives.

Bruxelles, printemps 2020.

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Introduction

Lorsqu’en 1958, à mes seize ans, je visitais l’Expo avec mes parents, je ne pouvais même pas imaginer que Bruxelles serait, bien des années plus tard, la ville dans laquelle j’allais passer une grande partie de ma vie professionnelle et que j’allais être un des diplomates espagnols qui y auront exercé le plus longtemps leurs fonctions.

En rédigeant ces lignes, au bord des étangs d’Ixelles, où j’ai établi finalement ma résidence, je réalise que j’ai déjà passé dans la capitale belge, en total et à divers moments, près de 24 ans. Les onze premières années à la Commission européenne, puis quatre à l’OTAN, après une parenthèse à Rome, et maintenant me revoilà ici depuis déjà neuf ans, après avoir quitté mon dernier poste comme ambassadeur à La Haye pour devenir délégué de la Catalogne auprès des institutions européennes pendant la période de 2011 à 2013.

Bruxelles, ville européenne et cosmopolite

Bruxelles est toujours le siège principal des institutions européennes, même si le Luxembourg en abrite quelques-unes et non des moindres et Strasbourg, quant à elle, se réserve le siège principal du Parlement européen, où se déroulent mensuellement les séances plénières. Le travail quotidien des commissions parlementaires se réalise néanmoins dans l’imposant et surdimensionné ensemble architectural situé en plein centre du « traditionnel » quartier européen de la capitale belge, autour du rond-point Schuman, surplombé par les bâtiments du Conseil et de la Commission, et lieu de rassemblement de toutes les manifestations qui se produisent régulièrement pour les motifs les plus variés.

À Bruxelles se trouve aussi, depuis 1966, le siège de l’OTAN, situé dans la commune d’Evere, stratégiquement proche de l’aéroport mais un peu plus éloigné du centre-ville, de sorte que ceux qui y travaillent se mêlent peu aux « eurocrates » et à la société belge, ce que les eurocrates eux-mêmes ne font pas souvent non plus, et vivent, dans la plupart des cas, une vie un peu à part. Je peux témoigner par expérience que les ←13 | 14→instances européennes et celles de l’OTAN sont en fait deux mondes très différents, tant par la façon d’exercer leur activité (beaucoup plus frénétique du côté « européen ») que par la vision qu’on a chez les uns et les autres des événements internationaux. Avoir pu travailler au sein des deux institutions a été pour moi une expérience tout à fait exceptionnelle et fort utile, qui en a certainement valu la peine au cours de mon activité diplomatique et professionnelle postérieure.

À la fin de 1985, lorsque j’ai rejoint les institutions européennes, elles étaient bien plus réduites et moins visibles dans la ville. L’ensemble de la Commission, par exemple, se trouvait dans le bâtiment emblématique du Berlaymont, alors qu’aujourd’hui ses Directions Générales et d’autres services se sont dispersés sur tout le périmètre urbain. Sans parler de la croissance exponentielle qui, parallèlement à l’augmentation du personnel dans les institutions, s’est produite en raison des entreprises internationales ayant établi leur siège dans la ville, ainsi que des cabinets d’avocats, des think tanks et des firmes d’ « affaires publiques », comme on appelle aujourd’hui le lobbying, car c’est ici que des décisions importantes sont prises tous les jours qui affectent le monde économique et financier, avec des effets qui dépassent le cadre purement européen et peuvent avoir d’énormes conséquences en dehors de celui-ci.

C’est bien pour cela qu’ayant déjà abandonné mes responsabilités officielles au cours de 2013, après avoir quitté prématurément, pour des raisons politiques et déontologiques, la Délégation de la Generalitat de Catalogne, il ne m’a pas été difficile de poursuivre pendant plusieurs années une certaine activité privée, comme consultant. Ce qui m’a permis de continuer à suivre de près et avec de très bonnes sources d’information publiques et privées tout ce qui, de manière si rapide et souvent désordonnée, s’est passé depuis à notre niveau européen et dans le reste de la planète.

La Belgique, plus que tout autre pays européen, a souffert des conséquences de la décolonisation africaine, qui a eu lieu (ne l’oublions pas) contemporainement à la naissance des premières institutions européennes. Sa capitale, Bruxelles, représente aujourd’hui une sorte de microcosme de cette réalité si diverse qu’est l’Union européenne, et il serait paradoxal – si l’on ne connaissait pas son processus historique complexe – que son importance dépende précisément en grande partie du succès de cette nouvelle union transnationale. J’ai été témoin, au cours de mes longs séjours ici, de l’évolution qui s’est produite ces trente dernières années, depuis mon arrivée à la fin des années 1980. De nos jours, en ←14 | 15→raison de la présence croissante, jusqu’à une date récente, d’islamistes radicaux, il était dangereux de s’aventurer, par exemple, dans certains quartiers comme celui de Molenbeek, d’où provenaient les terroristes qui ont attaqué l’aéroport de la ville et, par deux fois, Paris. Les autorités locales tentent, apparemment avec succès, de changer cette situation à travers diverses initiatives pour réintégrer peu à peu ces quartiers et ses habitants au reste de cette ville très dynamique, où il est si agréable de vivre.

Un fait nouveau ces dernières années a été aussi l’arrivée de nombre de Parisiens de situation aisée qui ont choisi de s’y installer, profitant de la proximité de Bruxelles par le Thalys, qui permet des déplacements confortables et rapides au cours de la journée. Cela a sans doute provoqué, parmi d’autres facteurs, un impact très positif dans d’autres milieux sociaux.

Je constate donc qu’il n’y a pas aujourd’hui une seule Bruxelles, mais plusieurs Bruxelles, très différentes. De même que l’on peut affirmer qu’il n’y a pas non plus une seule Belgique, car c’est un pays fondamentalement dual qui, bien qu’ayant un territoire un peu plus réduit que celui de ma Catalogne natale, possède une population beaucoup plus importante, répartie dans un véritable kaléidoscope de régions et de zones linguistiques très diverses, avec différents degrés de gouvernement. À mon sens, c’est un système à cheval entre le fédéral et le confédéral, où les villes sont subdivisées en communes avec des pouvoirs locaux propres, ce qui complique la compréhension pour un étranger et ne lui facilite pas toujours la vie, jusqu’à ce qu’il apprenne à vivre et à interpréter les choses « à la belge », c’est-à-dire avec beaucoup de patience et sans jamais s’énerver, comme nous sommes très enclins à le faire, nous les « latins ». Ici, il faut toujours être conscient qu’avec les uns on doit parler français et avec les autres flamand, et si cela n’est pas possible, alors il faut opter pour une autre langue (normalement l’anglais), car il n’y a pas de bilinguisme. C’est le malheureux résultat de ce dualisme provoqué par l’énorme pression identitaire entre Wallons et Flamands et donc entre francophones et néerlandophones, pour lesquels la langue est un vrai problème politique.

Résumé des informations

Pages
202
Année de publication
2021
ISBN (PDF)
9782807616851
ISBN (ePUB)
9782807616868
ISBN (MOBI)
9782807616875
ISBN (Broché)
9782807616844
DOI
10.3726/b17655
Langue
français
Date de parution
2020 (Décembre)
Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2021. 202 p., 12 ill. en couleurs.

Notes biographiques

Juan Prat y Coll (Auteur)

Juan Prat y Coll est né à Barcelone en 1942, a fait ses études au Lycée Français et est licencié en Droit. Il a accédé par concours à l’Ecole Diplomatique en 1968 et a occupé successivement des postes en Equateur, Union Soviétique et Corée du Sud. Il a été ensuite Directeur Général des Pêches Maritimes et Chef du Bureau Economique et Commercial au Maroc. Après onze ans à la Commission Européenne il a été Ambassadeur en Italie et aux Pays Bas et Représentant Permanent auprès du Conseil Atlantique (OTAN). Il a fini sa carrière au service de l’État Espagnol comme délégué de la Catalogne auprès des Institutions Européennes à Bruxelles, où il a établi sa résidence.

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Titre: Mes séjours à Bruxelles