Chargement...

Communication interculturelle

Une introduction

de Oyvind Dahl (Auteur)
©2021 Monographies XIV, 306 Pages

Résumé

En sa qualité d’introduction à la communication interculturelle, ce livre présente les concepts principaux du domaine et les différentes théories et méthodes d’analyse qui en relèvent. Y sont notamment explorés les enjeux du langage verbal et non verbal dans la recherche de la compréhension mutuelle, ainsi que les questions éthiques qu’elle soulève.
L’ouvrage aborde la communication interculturelle dans sa dimension concrète au travers d’une multitude de sujets, tels que la rencontre en langue étrangère, l’assimilation d’autres modes de vie et visions du monde, le recours à l’interprète, les réactions au langage corporel, les différentes conceptions du temps, l’installation dans un nouvel environnement, les rapports de pouvoir et, plus généralement, la gestion des conflits d’ordre culturel.
Initialement publié en norvégien puis en anglais, ce manuel, très diffusé, a également été traduit en russe et maintenant en français. Richement illustré, il offre une découverte attrayante et vivifiante du champ de la communication interculturelle.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Avant-propos
  • Chapitre 1 COMPRENDRE DANS UN MONDE GLOBAL
  • Chapitre 2 LA CULTURE, POSSESSION OU ACTION ?
  • Chapitre 3 COMMUNIQUER – CRÉER ENSEMBLE
  • Chapitre 4 ANALYSE DES PROCESSUS – JETER DES PONTS
  • Chapitre 5 ANALYSE SÉMIOTIQUE – INTERPRÉTER LES SIGNES
  • Chapitre 6 ANALYSE HERMÉNEUTIQUE – COMPRENDRE
  • Chapitre 7 COMMUNICATION VERBALE – LE LANGAGE
  • Chapitre 8 COMMUNICATION NON VERBALE – LE LANGAGE DU CORPS
  • Chapitre 9 IDENTITÉ – QUI SUIS-JE ?
  • Chapitre 10 CONTEXTE ET RÉALITÉ – POURQUOI FONT-ILS CELA ?
  • Chapitre 11 COMPRENDRE SOI-MÊME ET AUTRUI
  • Bibliographie
  • Index

←viii | ix→

Avant-propos

Cet ouvrage est une introduction à la communication interculturelle et, bien qu’il soit destiné aux étudiants de premier cycle, il s’adresse également à celles et ceux qui recherchent une vue d’ensemble d’un champ d’études en pleine expansion.

La communication interculturelle est certainement un outil précieux pour la compréhension des interactions humaines à l’échelon international, national et local. Mais qu’entend-on de nos jours par « interculturel » ? Les cultures évoluent constamment et ne peuvent être résumées ou définies aussi facilement qu’auparavant. Elles ne sauraient être rangées dans des tiroirs, d’autant moins que la mondialisation a, entre autres conséquences, relativisé l’importance des frontières héritées du passé. Mobilité accrue et innovation technologique, notamment l’Internet, ont aboli les distances et accélèrent sans cesse les mises en relation d’un bout à l’autre de la planète. Dès lors, les visions, qu’elles soient culturelles, techniques, économiques ou politiques, impactent nécessairement nos interactions à travers le monde. La communication implique le dépassement des frontières, mais de quelles frontières s’agit-il ? Ces dernières années, une nouvelle orientation est apparue dans le champ de la recherche, celle d’une approche critique (Holliday, Hyde et Kullman 2010, Nakayama et Halualani 2010, Piller 2011). Depuis lors, les chercheurs accordent une importance particulière aux éléments suivants :

a)Le contexte du développement de ce champ d’études doit faire l’objet d’une approche critique. La communication interculturelle n’est pas une discipline en soi, d’autres disciplines concourant à son étude, telles que philosophie, psychologie, théologie, linguistique, sociologie, anthropologie sociale, sciences de l’information, etc.

b)Toute communication est interculturelle d’une manière ou d’une autre. La communication s’opère entre des parties qui mettent en jeu des cadres culturels de référence qui leur sont propres, au sein ou au-delà de leurs communautés d’appartenance. L’identité est ←ix | x→un mot-clé, mais son contenu fluctue selon les circonstances et les interlocuteurs.

c)La notion de culture, lorsqu’elle est assimilée au cadre national, doit être examinée avec circonspection. Toutes les nations sont traversées par des visions diverses portées par des individus détenteurs de grilles de lecture culturelle spécifiques.

d)La culture ne peut être réduite à une chose que nous possédons. Elle doit être entendue comme un processus dynamique, une activité que nous pratiquons. Par nos actes de communication, nous construisons et reconstruisons la culture.

e)Sur le plan méthodologique, au-delà de l’étude du seul processus de communication, de nouveaux outils d’analyse se font jour, tels que la sémiotique (étude des signes), l’herméneutique (interprétation) et l’analyse du discours (étude des textes et des pratiques sociales).

f)Le concept de pouvoir doit être au cœur de l’analyse ; la localisation de ses sources au sein des actes de communication revêt notamment une importance cruciale.

J’évoque dans cet ouvrage quelques-unes des grandes questions que soulève la recherche dans son approche critique de la communication. Je veille cependant à éviter les sentiers battus, car nombre des points énumérés ci-dessus peuvent être abordés selon d’autres approches. De mon point de vue, nous avons tout autant besoin d’une compréhension descriptive classique (essentialiste) de la culture que d’une approche dynamique (constructiviste), plus moderne.

La genèse de ce livre est européenne, voire nordique. Cependant, nombre des situations qui y sont décrites proviennent d’horizons beaucoup plus lointains et divers ; des étudiants du monde entier pourront ainsi en tirer profit. Je tiens également à rappeler que cet ouvrage constitue une introduction à la communication interculturelle et, de ce fait, reprend des sujets déjà bien explorés, tels que la communication verbale et non verbale, l’analyse des processus et l’étude des visions du monde. Les sociétés européennes devenant multiculturelles chaque jour un peu plus, j’ai également abordé les questions liées à la migration, la construction identitaire, la compréhension du temps, la gestion des conflits et le rôle du ←x | xi→pouvoir en situation de communication. Le désir de comprendre et de se faire comprendre est la pierre angulaire de tous ces thèmes.

Cet ouvrage s’adresse aux étudiants de premier cycle. Son étude doit normalement permettre au lecteur :

  • de développer sa connaissance des thèmes principaux, théories, enjeux, processus, outils et méthodes propres au domaine ;
  • d’appliquer les savoirs universitaires et les réflexions issues de la recherche en regard des problématiques exposées, tant pratiques que théoriques, en privilégiant une démarche analytique ;
  • de planifier et de mener à bien des tâches et projets variés, seul ou en groupe, conformément aux valeurs et recommandations prescrites sur le plan éthique.

Le présent ouvrage essaie d’être à la hauteur de ces exigences. Mon objectif est d’encourager les étudiants à adopter de nouvelles postures, celles de l’analyse réflexive et de l’engagement face aux nombreuses problématiques interculturelles de notre époque. Ce livre incite les étudiants à considérer les individus et leurs contextes, non comme de simples objets d’étude académique ou éléments d’analyse professionnelle, mais également comme sujets de leur propre existence et mode de vie. Afin de permettre à celles et ceux qui le souhaitent d’approfondir l’étude de thèmes particuliers, de nombreuses citations et références à d’autres ouvrages parsèment ce livre. J’assume la responsabilité personnelle de la traduction des sources citées.

J’exerce dans ce domaine depuis plus de 30 ans et ai publié en 1986 un ouvrage pionnier (pour la Norvège) intitulé Encounters between cultures (Quand les cultures se rencontrent), y faisant une large place à la communication interculturelle. Peu à peu, j’ai acquis la conviction que ce sont les individus qui communiquent, et non les cultures. Celles-ci ne sont en réalité que des abstractions, à l’inverse des humains, êtres de chair et de sang, dotés d’aspirations, valeurs, pensées et émotions. Lorsque le livre a été réédité en 2001 et 2013 en norvégien, puis en 2016 et en 2021 en anglais, il s’intitulait Human Encounters, Introduction to intercultural communication. Il est paru en russe en 2019 avec le titre : Введение в межкультурную коммуникацию. Cette édition en français, Communication interculturelle, une introduction, est complètement révisée et entièrement réécrite. On y retrouvera des thèmes, illustrations et modèles des éditions précédentes.←xi | xii→

Je tiens à exprimer ma gratitude à mes collègues Tomas Sundnes Drønen, Kjetil Fretheim et Marianne Skjortnes qui ont publié, à l’occasion de mon 70e anniversaire, un ouvrage commémoratif intitulé “Forståelsens gylne øyeblikk” (Ces instants précieux de la compréhension), ainsi qu’à Iben Jensen, Stein Erik Ohna, Solveig Omland, Svein Strand, James Brian Oliver, Ian Copestake, Isabelle Brossard et Jean Malazamanana qui ont relu le manuscrit et m’ont prodigué leurs remarques. Je souhaite surtout remercier François Brossard qui l’a révisé, et traduit en français. Et toi, ma chère Marianne, pour les trop longues journées que j’ai consacrées à mon clavier d’ordinateur. Merci pour tes encouragements et ton soutien. Enfin, je tiens à saluer l’éditeur pour l’excellence de son travail et les efforts qu’il a consentis pour la réalisation de ce projet.

L’auteur,

Øyvind Dahl

Un interprète bienveillant

←xiv | 1→

Chapitre 1

COMPRENDRE DANS UN MONDE GLOBAL

Un jour, une société pharmaceutique voulut lancer sur le marché nord-africain sa marque de comprimés contre les maux de tête. Le service marketing de l’entreprise était certain que les trois vignettes ci-dessous traduiraient sans ambiguïté l’efficacité du traitement aux yeux de la future clientèle. La première montre ainsi un individu souffrant de maux de tête, le même prenant un cachet dans la suivante, pour retrouver finalement toute sa forme dans la dernière.

Figure 1.1Une publicité casse-tête

Sûre de l’excellence du plan marketing, de grandes affiches avaient été promptement conçues, imprimées, puis distribuées par l’entreprise. Malheureusement, elle avait juste oublié un détail… Chez les Arabophones, les images, à l’instar des mots de la phrase, se lisent de droite à gauche !

Ce simple exemple illustre à quel type de mésaventure on peut se confronter quand on ne prend pas le temps d’envisager comment des personnes munies d’autres cadres culturels de référence interprètent images et signes. Il est intéressant de noter que cette interprétation se fait généralement ←1 | 2→de manière inconsciente. Les Arabophones liront automatiquement de la droite vers la gauche, aussi naturellement qu’un lecteur européen lira de la gauche vers la droite. Via l’éducation, l’apprentissage et la formation reçus dans une société donnée, nous assimilons un certain nombre de postulats et de clés de lecture que nous considérons naturels. En règle générale, nous n’y prêtons même pas attention et les utilisons au quotidien pour comprendre et nous faire comprendre dans le milieu qui est le nôtre.

Dans ce livre dédié à la communication, nous étudierons la façon dont nous nous comprenons et méprenons sur nos intentions réciproques. Nous observerons également nos aprioris face à autrui et comment nous pouvons les dépasser.

Comprendre et être compris

Se comprendre les uns les autres et comprendre pour soi-même ses modes de réflexion et d’action, que l’on soit d’Edimbourg, du Pendjab, Stambouliote ou Texan, sont des préoccupations aujourd’hui incontournables. Pour autant, gardons à l’esprit que les cultures ne relèvent pas de critères purement géographiques. Un ingénieur en électronique indien et son homologue écossais, tous deux employés par une même multinationale, ont à bien des égards plus de choses en commun qu’un avocat de Delhi et un pêcheur du Kerala, même si ceux-là ont aussi de nombreuses expériences communes : des enfants scolarisés à l’école indienne, des impôts payés au même Etat fédéral, une langue probablement partagée (même si l’on parle plutôt l’hindi à Delhi et le malayalam au Kerala…). En Norvège, un immigré malaisien peut légitimement s’interroger sur la tradition norvégienne de la randonnée en montagne. Une Malaisienne naturalisée norvégienne a avoué un jour qu’elle trouvait bien étrange le goût de ses nouveaux compatriotes pour la transpiration et l’effort pédestre, a fortiori en montagne. En Malaisie, « aller marcher », c’est nécessairement se promener en ville, revêtu de préférence de ses plus beaux habits, dans une démarche de socialisation (Long 1992 : 5, 13). Un pub irlandais à Berlin sera non seulement fréquenté par beaucoup d’Irlandais, mais attirera aussi nombre d’Allemands.←2 | 3→

Résumé des informations

Pages
XIV, 306
Année de publication
2021
ISBN (PDF)
9781800793583
ISBN (ePUB)
9781800793590
ISBN (MOBI)
9781800793606
ISBN (Broché)
9781800793576
DOI
10.3726/b18172
Langue
français
Date de parution
2021 (Juin)
Published
Oxford, Bern, Berlin, Bruxelles, New York, Wien, 2021. XIV, 306 p., 43 ill. en couleurs, 17 ill. n/b, 3 tabl.

Notes biographiques

Oyvind Dahl (Auteur)

De nationalité norvégienne, Øyvind Dahl a passé son enfance à Madagascar, où il enseignera dans un institut de formation des maîtres. Spécialiste des questions de développement sur lesquelles il a travaillé dans di_ érents pays, il est aujourd’hui professeur émérite au Collège universitaire d’études spécialisées de Stavanger – VID – (Norvège), où il contribua à la création du Centre pour la communication interculturelle (SIK). Co-fondateur du réseau nordique des specialists en communication interculturelle (NIC), il a également siégé au conseil d’administration de la Société pour l’éducation, la formation et la recherche interculturelles (SIETAR-Europa).

Précédent

Titre: Communication interculturelle