Variation, plurilinguisme et évaluation en français langue étrangère
Résumé
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos de l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Remerciements
- Table des matières
- Variation, plurilinguisme, évaluation : Introduction
- Laurent Gajo, Jean-Marc Luscher, Isabelle Racine et Françoise Zay: Introduction générale
- Daniel Coste: Le plurilinguisme entre variation et évaluation
- Partie I : FLE et variation
- Isabelle Racine: Introduction
- Roberto Paternostro: Continuités et discontinuités dans l’enseignement du français en Suisse italienne : quelle place pour la variation dans les contextes complexes ?
- Sylvain Detey et Chantal Lyche: Enseigner la variation diatopique en FLE dans deux contextes L1 variationnels distincts :
- Alexei Prikhodkine: Rôle des idéologies langagières dans l’enseignement
- Partie II : FLE et plurilinguisme
- Laurent Gajo: Introduction
- Anne Grobet et Ivana Vuksanović: Analyse du discours et de l’interaction et enseignement bilingue : l’exemple des définitions
- Mariana Fonseca Favre: Contact, alternance et intégration des langues et des disciplines : considérations à partir de l’intercompréhension intégrée
- Cecilia Serra: Translanguaging : un concept à adopter ou à adapter ?
- Partie III : FLE et évaluation
- Catherine Blons-Pierre et Jean-Marc Luscher: Introduction
- Jean-Marc Luscher et Cecilia Serra: Une expérience de conception de test de niveaux
- Jean-François de Pietro: Faut-il évaluer la « compétence plurilingue » ? Quelques réflexions à partir du Cadre de référence pour les approches plurielles (CARAP)
- Bruno Mègre et Patrick Riba: Pratiques, éthique et enjeu social de l’évaluation dans l’enseignement des langues étrangères, un regard français
- Partie IV: FLE, authenticité et didactisation
- Françoise Zay: Introduction
- Claude Cortier: Des documents authentiques aux corpus oraux,
- Virginie André: Des corpus oraux et multimodaux authentiques
- Carole Etienne et Emilie Jouin: Constituer des ressources pédagogiques pour enseigner le français oral à partir des recherches menées en interaction
- Sílvia Melo-Pfeifer: L’authenticité plurilingue comme idéologie linguistique
Laurent Gajo, Jean-Marc Luscher, Isabelle Racine et Françoise Zay
Cet ouvrage est issu d’un anniversaire, celui des 125 ans de l’enseignement du français langue étrangère (FLE) à l’Université de Genève. Le colloque organisé à cette occasion a permis de revenir sur l’histoire de cette discipline et ses enjeux actuels.
En tant que pratique, le français langue étrangère est installé depuis fort longtemps, de manière formelle ou informelle. Le champ d’étude du FLE s’est pourtant constitué plus tardivement comme discipline académique de formation et de recherche. La délimitation de ce champ porte essentiellement sur le « E » de « FLE », avec la question suivante : que signifie regarder une langue comme langue étrangère ? La réponse fait intervenir immédiatement les notions de contact et de contexte : une langue est étrangère parce qu’elle entre en contact avec au moins une autre langue, soit dans un contexte social particulier, soit dans la trajectoire d’un apprenant.
De ce fait, la francophonie se vit comme un espace d’appropriation du français, touchant aussi bien les populations locales que les populations en mouvement. Dans le premier cas, on pensera à la pluralité linguistique et culturelle inhérente à la plupart des pays francophones, dont les habitants tissent des liens nécessaires mais variables avec le français. Dans le second cas, on pensera aux enfants et aux adultes migrants, qui se voient imposer le français et se retrouvent parfois dans des dispositifs formels d’apprentissage de la langue. Dans les deux cas, le français peut aussi relever d’un choix – d’éducation, de formation, de vie. Par exemple, il existe dans de nombreux pays d’Afrique des familles où le français a été choisi comme vecteur principal de communication. De même, la migration peut répondre à un projet d’études et placer les apprenants en situation d’immersion volontaire (super-immersion) et non de submersion. Dès lors, il est primordial d’associer à une réflexion sur la langue et son enseignement/apprentissage une description des contextes sociaux et institutionnels où l’appropriation se déploie. Ceci inscrit de manière préférentielle la recherche en FLE dans une didactique contextualisée et plurilingue ou, plus généralement, dans le paradigme émergent de la sociodidactique des langues.
Cette perspective contextualisée met d’emblée au centre de la réflexion les questions de variation, de plurilinguisme et d’évaluation en FLE. La variation ←11 | 12→caractérise toute langue vivante mais se manifeste d’autant plus dans une langue présente sur les cinq continents, utilisée à l’oral comme à l’écrit et mobilisée dans des situations – sociales, culturelles, éducatives, professionnelles – extrêmement diversifiées. Le plurilinguisme, on l’a rappelé, traverse la francophonie et marque de fait le parcours d’une personne confrontée à une langue étrangère ou seconde. L’évaluation, de son côté, anime les attentes sociales et institutionnelles, qui font de la langue et du plurilinguisme un bien marchand ou un levier d’inclusion. Ces trois questions interpellent le domaine éducatif et, en particulier, la didactique du FLE. Si la diversité est partout, il est important d’interroger la dynamique nécessaire entre, d’une part, langue et variation et, d’autre part, langue et plurilinguisme, ce qui appelle une réflexion centrale sur les pratiques d’évaluation. Au sens large, elles peuvent s’identifier au moins à trois niveaux : (a) les locuteurs eux-mêmes émettent constamment des jugements sur les langues, les accents, la norme, (b) les enseignants doivent prendre position par rapport aux variantes dites de contact, (c) les cadres de référence (notamment, le CECR) doivent s’interroger sur leur transférabilité et leur capacité à rendre compte de la variation et du plurilinguisme (ce que fait par exemple, le CARAP). Les questions de variation, de plurilinguisme et d’évaluation gagnent dès lors à être interrogées dans leurs articulations (voir ci-après le texte introductif de Daniel Coste). Ceci permet par exemple de revenir sur une notion très discutée en didactique des langues, celle d’authenticité, traitée de manière variable selon les approches méthodologiques. La question de l’établissement du corpus de référence – oral et écrit, monologal et dialogal – de la langue ainsi que des opérations de sélection et de didactisation qui s’y appliquent contraignent de manière forte les « gestes » didactiques.
Le présent ouvrage se décline ainsi en quatre parties se focalisant successivement sur la variation, le plurilinguisme, l’évaluation et l’authenticité dans la recherche et l’enseignement en FLE. La première partie examine, à la lumière de différents contextes – nationaux, au Tessin et en Suisse romande, et internationaux, en Norvège et au Japon – la question des représentations et des attentes des apprenants ainsi que des enseignants face à la variation et à son enseignement. Si, dans ces contextes spécifiques, l’idée même de variation semble admise, force est de constater que, dans les faits, sa prise en compte dans l’enseignement du FLE reste encore marginale. En effet, bien que ses différents aspects (phonético-phonologique, lexical, syntaxique, etc.) aient fait l’objet de nombreuses études qui ont abouti à des descriptions linguistiques fines, un travail conséquent reste pourtant à effectuer pour que cette problématique trouve sa place dans l’enseignement. Une didactisation de la variation passe par la prise en compte de deux aspects importants. D’une part, elle doit viser ←12 | 13→l’acquisition par l’apprenant de la signification sociale de la variation ainsi que l’usage approprié des faits variables suivant la situation d’énonciation. D’autre part, elle doit prendre en compte les représentations des locuteurs natifs – et non-natifs – envers l’hétérogénéité linguistique, l’appropriation d’une langue étrangère pouvant générer en effet des attentes bien précises.
La deuxième partie réfléchit à l’émergence d’une didactique du plurilinguisme et à son positionnement épistémologique par rapport à la didactique des langues – dont elle ne saurait être qu’un prolongement – et à la sociodidactique des langues. Elle revient sur la notion même de langue, remise en discussion dans les récents travaux portant sur le « translanguaging ». Une attention particulière est portée à certaines approches plurilingues, comme l’intercompréhension en langues voisines et l’enseignement bilingue, avec une mise en évidence des outils relevant de l’analyse du discours et de l’analyse conversationnelle.
La troisième partie interroge le processus d’évaluation en lien, d’une part, avec l’histoire des méthodologies en didactique du FLE et, d’autre part, avec les réflexions actuelles sur la variation linguistique et le plurilinguisme. Pour refléter le plus efficacement possible les capacités réelles de l’utilisateur d’une langue étrangère lorsqu’il pratique effectivement cette langue, l’évaluation doit satisfaire des contraintes nombreuses et complexes. Cette section discute ainsi de l’(im)possibilité d’évaluer la compétence plurilingue, que possède pourtant tout utilisateur d’une langue étrangère. Il est d’autant plus crucial de réfléchir aux conditions dans lesquelles se pense l’évaluation que, de nos jours, les certifications en langues remplissent une fonction sociale importante. Elles ne peuvent dignement jouer ce rôle qu’en respectant une éthique qu’il convient de circonscrire.
La quatrième et dernière partie propose un retour historique et épistémologique sur l’utilisation de documents « authentiques » ainsi qu’une réflexion sur l’« authenticité » des situations de communication en classe. Depuis quelques années en effet, les interrogations sur l’objet même d’enseignement (« Quel français enseigner ? ») se nourrissent d’une part du développement de la linguistique de corpus et des progrès technologiques qui facilitent l’accès et la manipulation de données de plus en plus larges, diversifiées et multimodales, attestant également des variétés régionales, non standard, voire non-natives des données langagières, qu’il s’agit pourtant de transformer en matériau didactique. A la lumière des recherches récentes, la réflexion sur l’authenticité peut d’autre part interroger les contextes d’apprentissage eux-mêmes et la prise en compte du caractère bilingue ou exolingue des interactions en classe. Associée à la prise en compte des variétés et variantes de français, elle pousse à ←13 | 14→réinterroger la question de la naturalité des normes et des représentations, par exemple en termes d’accent ou de modèles fournis par l’enseignant lui-même.
Au fil de ces quatre étapes centrées sur les notions essentielles de contact et de contexte, nous espérons que cet ouvrage contribuera à nourrir la réflexion autour de la délimitation du champ d’étude du FLE.
Daniel Coste
Le plurilinguisme entre variation et évaluation
« L’expérience de la variation est au cœur de toute pratique plurilingue. Variation dans les choix de langue, dans le foisonnement des équivalences approximatives, sémantiques ou grammaticales entre langues, dans les conditions d’acceptabilité de ces équivalences. Variation entre les usages des expressions disponibles » (Py 2005)1
Résumé : Les rapports entre variation, plurilinguisme et évaluation apparaissent aujourd’hui comme bien thématisés, sinon bien clarifiés, dans le domaine des politiques linguistiques et de la didactique des langues. Il n’en allait pas de même il y a quelques décennies et cette mise en relation est sans doute due, d’une part, à l’intérêt porté à la pluralité linguistique et, d’autre part, à l’importance prise par l’évaluation et les certifications en langues. Sous ce double rapport, quelle place et quelle extension donner à la variation ? Et jusqu’où (ne pas) aller dans les conceptions de la langue ?
Il n’y a rien d’étonnant à ce que, pour le 125ème anniversaire d’une inscription académique du français langue étrangère à l’Université de Genève, l’École de langue et de civilisation françaises ait retenu comme thématique de colloque les trois entrées que sont la variation, le plurilinguisme et l’évaluation. Elles sont en effet de pleine actualité, non seulement chacune en soi, mais surtout dans les rapports qu’elles entretiennent entre elles.
Au reste, dès 1891, serait-ce en d’autres termes, le Séminaire de français moderne devait bien articuler ces trois volets. La pluralité linguistique était la donnée de fait de l’admission d’étudiants de diverses origines, porteurs chacun d’un répertoire singulier. La variation au cours de leur appropriation du français caractérisait leur progrès dans ce qu’on n’appelait pas encore leur interlangue, mais marquait aussi des contenus d’enseignement comme, un peu plus ←15 | 16→tard, les exercices de stylistique que proposait Charles Bally. Quant à l’évaluation, dans un lieu de formation, elle faisait partie, certifiante ou non, du contrat de base entre l’institution et celles et ceux qu’elle accueillait.
Résumé des informations
- Pages
- 254
- Année de publication
- 2019
- ISBN (PDF)
- 9783631796429
- ISBN (ePUB)
- 9783631796436
- ISBN (MOBI)
- 9783631796443
- ISBN (Relié)
- 9783631796245
- DOI
- 10.3726/b15906
- Langue
- français
- Date de parution
- 2019 (Novembre)
- Mots clés
- Didactique des langues Francophonie Sociodidactique Enseignement bilingue Corpus
- Published
- Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2019. 254 p., 22 ill. n/b, 11 tabl.