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Les chaînes trajectives de la réception et de la création

<I>Une étude franco-japonaise en traductologie<I>

de Julie Brock (Éditeur de volume)
©2021 Collections 594 Pages

Résumé

Les présentes études visent à mettre en évidence la fonction du lecteur dans le phénomène de la réception. Lire, en effet, ne signifie pas seulement saisir le sens de l'écrit. C'est également ressentir l'impact produit par la lecture, questionner le texte en réaction à cet impact, interroger l'expression afin de l'amener à répondre elle-même aux questions qu'elle nous pose. Ce questionnement introspectif qui s'engage par le medium des formes littéraires est le sens que nous donnons à la « trajectivité°», un terme que nous empruntons à la mésologie d'Augustin Berque. Si ce questionnement est quasiment imperceptible dans le cas des lecteurs ordinaires qui ne laissent aucune trace de leur lecture, il transparaît en revanche dans les œuvres en traduction. Les articles réunis dans ce volume, s'intéressant à des sujets aussi divers que les poésies classiques japonaise et chinoise, les œuvres de Rabelais, Zola ou Henri de Régnier, les écrits théoriques de Valéry ou Barthes, les œuvres en traduction de Beckett ou la philosophie de Watsuji, offrent un panorama très vaste des études sur la littérature en traduction. Interrogeant les œuvres sous l'angle de la trajectivité, les auteurs s'efforcent de découvrir la littérature sous une perspective nouvelle, réunissant dans un horizon commun les fonctions de l’auteur, du lecteur et du traducteur.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préface (Julie Brock)
  • Introduction
  • PREMIÈRE PARTIE. POUR UNE HERMÉNEUTIQUE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE ANCIENNE
  • Les prémices de l’herméneutique: Keichū et Motoori Norinaga (NISHIZAWA Kazumitsu)
  • L’invention d’un temps, d’un monde et d’un sujet: Au prisme de la théorie meschonnicienne du « rythme » (Julie BROCK)
  • La rhétorique des makura-kotoba: L’exemple de amazakaru hina (IWASHITA Takehiro)
  • Les jo-kotoba dans le Man’yōshū: Stéréotypes et créativité (KOMAKI Satoshi)
  • L’établissement de l’herméneutique par Keichū (NISHIZAWA Kazumitsu)
  • La trajectivité en tant que ressort de l’art poétique: L’exemple de trois waka de Kakinomoto no Hitomaro (Julie BROCK)
  • L’harmonie entre le monde extérieur et le monde intérieur dans les joka: Du Man’yōshū au Kokinshū (KOMAKI Satoshi)
  • De la lecture d’un poème à la création d’un nouveau poème : l’expression kotoage (Julie BROCK)
  • Du Man’yōshū au Livre des Morts: La création d’Orikuchi Shinobu à travers son interprétation du Man’yōshū (TERAI Tatsuya)
  • Les mots et l’écriture du Roman du Genji: Entre lecture et traduction (TERADA Sumie)
  • Synthèse − Première partie: La liberté du traducteur commence là où commence la liberté du poète (Julie BROCK)
  • Synthèse – Seconde partie (TETSUNO Masahiro)
  • DEUXIÈME PARTIE. TRADUIRE LE VIVANT DE LA LITTÉRATURE
  • Comment traduire l’historicité de la langue?: Les textes de la Renaissance française en traduction japonaise (Itō Gengo)
  • Une réflexion sur la méthode d’Ueda Bin: D’après sa traduction d’un poème d’Henri de Régnier (Julie BROCK)
  • La traduction des paysages urbains dans Nana (NODA Minori)
  • Valéry et la traduction: Comment traduire la poésie ? Qu’est-ce que traduire ? (TORIYAMA Teiji)
  • L’auto-traduction de Premier Amour par Samuel Beckett (IWANAGA Taiki)
  • Réflexion en vue de traduire le haïku: La modalité du sujet dans la forme brève d’après Roland Barthes (YOKOTA Yuya)
  • Synthèse: Tout commence et tout finit par des traductions (Éric AVOCAT)
  • TROISIÈME PARTIE. TRADUCTION ET TRAJECTION
  • De traduction en trajection (Augustin BERQUE)
  • Traduction de la poésie chinoise classique: Un jeu de lectures « trajectives » ? (Chantal CHEN-ANDRO)
  • La traduction, une terre de métamorphoses: Des problèmes de traduction soulevés par les poèmes du sociologue chinois Fei Xiaotong (Kevin HENRY)
  • Synthèse de la troisième partie: Interprétation et création (Julie BROCK)
  • En guise de conclusion: Le traducteur en tant que double de l’auteur (Julie BROCK)
  • NOTES SUR LA RECHERCHE
  • Les expressions qui ont rapport au mythe: L’élégie au prince Hinamishi de Kakinomoto no Hitomaro (IWASHITA Takehiro)
  • Le sens du mot kotoage: Deux waka de Kakinomoto no Hitomaro (KOMAKI Satoshi)
  • Un effet du vivant: Une application de l’Effet de vie de Marc-Mathieu Münch (Julie BROCK)
  • Trahison fidèle: Sur les méthodes de traduction utilisées dans Instants Eternels. Cent et quelques poèmes connus par cœur en Chine (Guilhem FABRE)
  • Bibliographie
  • Index des auteurs
  • Présentation des auteurs

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Julie Brock

Préface

La recherche dont il est question dans ce volume a pris naissance dans une série de rencontres, à commencer par celle du spécialiste de littérature japonaise ancienne, M. Komaki Satoshi, dont j’avais découvert les travaux en compulsant les documents qu’il avait publiés sur internet. Je préparais à cette époque la publication d’un autre ouvrage collectif sur la traduction des poésies orientales et je lui avais envoyé un courriel pour lui demander l’autorisation de traduire et publier l’un de ses articles, ce qu’il avait aimablement accepté. Ce n’est que trois ans plus tard, bien après la publication de cet ouvrage, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Il était accompagné de M. Nishizawa Kazumitsu, un autre spécialiste de littérature ancienne. Celui-ci étant francophone, il avait lu mon ouvrage sur la traduction des poésies orientales. Notre projet de collaboration est né lors de cette première rencontre.

Nous nous étions entendus sur le fait que cette collaboration devrait déboucher sur une publication, et nous avions décidé de nous réunir une fois par an pour en discuter et en constituer la matière. Plus tard, M. Iwashita Takehiro, lui aussi spécialiste de littérature ancienne, s’était joint à notre petite équipe. A nous quatre, nous avons ainsi constitué, pour ainsi dire, le noyau de ce que nous avons appelé un « groupe d’études franco-japonaises en traductologie ».

L’intérêt que nous portions mutuellement à nos travaux respectifs réside tout d’abord dans le fait que nous avions le même objet d’études : la littérature japonaise ancienne. L’idée d’orienter notre projet dans une perspective traductologique s’est imposée d’elle-même. Personnellement, je travaillais depuis une dizaine d’années sur la traduction des poèmes d’amour du Man’yōshū (une anthologie du VIIIe siècle) et j’étais fort intéressée par les informations que mes érudits collègues pouvaient m’apporter en vue d’interpréter ces poèmes le plus justement possible en vue de les traduire. M. Nishizawa travaillait alors sur un autre ouvrage du VIIIe siècle, le Kojiki, et souhaitait développer une étude portant sur l’histoire des travaux d’herméneutique conduits par ←11 | 12→les lettrés japonais concernant cet ouvrage. Quant à M. Komaki et M. Iwashita, ils avaient passé de longues années à transcrire en japonais moderne des poèmes initialement composés dans la langue ancienne, et, convaincus jusqu’alors que cette activité n’était qu’un simple travail de transposition, ils inclinaient à repenser leur travail sous l’angle de la traduction. Les premières réunions de notre groupe franco-japonais donnèrent lieu à des discussions passionnantes, et nous étions tous les quatre très enthousiastes à l’idée de donner corps à un ouvrage qui en porterait les traces.

La deuxième rencontre décisive est celle que j’ai faite, au cours des nombreuses années où j’ai travaillé au Japon, de chercheurs japonais spécialisés en littérature française ou francophone. La plupart sont de jeunes chercheurs que j’avais eu l’occasion de solliciter, à un moment ou à un autre, pour m’aider à traduire mes articles en japonais ou à lire des textes difficiles comme le sont par exemple ceux de la littérature ancienne ou les travaux d’érudition portant sur ce sujet. A travers ces collaborations successives, j’avais pu apprécier la compétence, l’intelligence et le sérieux de ces jeunes collègues, ainsi que la qualité du travail qui en résultait. Je souhaitais les réunir dans ce groupe de recherches, d’une part pour en renforcer le caractère franco-japonais, et d’autre part parce qu’il me semblait que, même si la plupart d’entre eux n’avait pas l’expérience d’une recherche en traductologie, ils étaient néanmoins bien placés pour contribuer à une réflexion traductologique, eux qui passaient leur temps à lire des œuvres en traduction ou à traduire eux-mêmes des textes écrits en français. J’ai été très heureuse qu’ils acceptent de prendre part à ce projet, non seulement à titre personnel, mais aussi parce que leur contribution allait permettre à notre réflexion de se prolonger hors du domaine de la traduction intralinguistique – l’herméneutique des textes anciens – et de se développer dans le domaine de la traduction interlinguistique.

Etant donné que la langue japonaise possède deux termes différents pour dénommer ces deux types d’activité traductive – elle appelle gendaigo-yaku la traduction intralinguistique et hon’yaku la traduction interlinguistique –, le petit groupe que nous avions initialement formé, MM Komaki, Nishizawa, Iwashita et moi-même, sentait la nécessité ←12 | 13→de s’interroger sur les spécificités de chacune, et pour cette raison, il était très ouvert à la discussion avec des spécialistes de la traduction interlinguistique.

La troisième rencontre constitutive de ce projet est celle d’Augustin Berque. Celui-ci, orientaliste et géographe de formation, a pris au cours de sa carrière une orientation philosophique et anthropologique. Il est également devenu traducteur, notamment des œuvres de Watsuji Tetsurō, Imanishi Kinji et Yamauchi Tokuryū. Sa pensée philosophique, appelée « mésologie », découvre ses racines dans les œuvres de Jakob von Üexkull et Watsuji Tetsurō, et se développe à partir de l’hypothèse que tous les êtres vivants sont doués d’une conscience – parfois primitive – qui leur permet d’interpréter les objets de leur environnement en tant que nourriture, boisson, danger, abri, etc, en sorte qu’ils sont capables d’agir sur cet environnement de façon à en tirer le meilleur bénéfice possible pour leur propre existence et celle de leur espèce.

En lisant les travaux d’Augustin Berque, il m’était venu à l’esprit cette idée que, si l’on pose sur les ressources linguistiques le même regard que le géographe sur les ressources d’une contrée terrestre, il devient possible de considérer l’activité langagière – et l’existence même de la littérature – sous l’angle de cette décision souveraine par laquelle les êtres vivants interprètent les objets de leur environnement. Dans le cas de la littérature, on pourrait dire que cette activité consiste à résoudre les énigmes qui se présentent aux humains dans le monde qui les entoure, c’est-à-dire à découvrir le sens des choses et le critère nécessaire pour en mesurer la valeur.

La lecture de la Poétique de la terre fut particulièrement stimulante pour moi. J’y puisai la matière de nombreux aphorismes dont voici quelques exemples :

En s’aidant de la langue, l’homme écrit un poème : il s’installe dans un monde qu’il a lui-même créé au moyen du langage. Corollaire : En s’aidant de sa propre langue, le traducteur réécrit un poème : il s’installe dans un monde qu’il a lui-même recréé au moyen du langage.

Elucider la logique du rapport entre langue et poésie, c’est élucider la logique du rapport entre, d’une part, les donnés linguistiques du poème, et d’autre part, l’entrelien qui constitue le critère de l’humaine poésie.

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La question centrale est le passage des donnés linguistiques – les éléments objectifs de la langue – à un usage particulier, la poésie, qui est relative à l’expression de l’être dans sa subjectivité, son individualité, son intériorité.

Le poème est un prédicat selon lequel, par les sens, la mémoire, l’imagination et la cognition, nous saisissons le sujet qu’est la langue.

Le monde poétique et la langue dont il se constitue sont essentiellement différents l’un de l’autre, et cependant jamais séparés. La poésie se fonde sur la langue, et la langue surgit au travers du poème.

La médiance qui lie tel sujet particulier (le poète) à un monde partagé par ses lecteurs s’établit au travers d’une assomption de la langue comme poème. Corollaire : La médiance qui lie tel sujet particulier (le traducteur) à un monde partagé par ses lecteurs s’établit au travers d’une assomption de la langue comme poème.

La langue est un poème. Pour en juger ainsi, nous en appelons à l’interprète pour qui « la langue est poésie ». Corollaire : « La langue est poésie » se situe dans le rapport triadique « langue - interprète - poésie ».

La poésie commence quand le discours devient partie prenante du monde dans lequel nous vivons.

Le poème a besoin de la langue pour s’appuyer sur elle. En tant que prédicat, il ne peut se passer du sujet qu’est la langue.

La réalité poétique peut se représenter par la formule « L / P » : la langue (L) saisie en tant que (/) poème (P).

La réalité poétique tend à se nourrir de sa propre poéticité.

De même qu’un prédicat ne peut jamais se passer du sujet qui le fonde, le poème ne peut se passer de la langue. Il n’est de monde poétique que par rapport à une langue particulière.

Les mondes poétiques ont besoin des contraintes de la langue, sinon ils s’effondreraient.

La constitution de la réalité littéraire (Langue/Poésie) procède du rapport entre, d’une part, les donnés objectifs qui fondent et constituent le discours, et, d’autre part, le ressenti du discours poétique. Elle est inhérente à ce rapport.

Ces aphorismes ont été composés dans un moment de lecture jubilatoire. La pensée de l’auteur me semblait s’accorder parfaitement avec la mienne, et j’avais l’impression de suivre son cheminement en même temps – du même pas – que je développais le mien propre.

Si de tels aphorismes trouvent leur place dans la préface de cet ouvrage académique, c’est parce que je suis convaincue que l’innovation, en matière scientifique aussi bien que dans l’art ou la littérature, découvre ses origines dans un état de conscience où l’esprit s’abandonne à la rêverie ou au délassement. Provenant d’une conscience immergée ←14 | 15→dans la lecture, ils constituent la trace du mouvement qui s’opère au courant de la lecture : un mouvement trajectif, puisqu’il établit une relation entre l’objet de la lecture (La poétique de la terre) et l’intériorité du lecteur qui se projette sur cet objet (les aphorismes cités plus haut), ou plutôt qui s’y réfléchit.

Je livre ici ces aphorismes, non seulement pour en amuser le lecteur, mais également pour lui découvrir les fondements théoriques de la recherche qui constitue la matière du présent volume. Prenons par exemple l’aphorisme suivant :

Langue et poésie (ou langue et littérature) sont essentiellement différentes l’une de l’autre, et cependant jamais séparées.

Pour nous, auteurs du présent ouvrage, il ne s’agit pas d’une simple formule amusante ou énigmatique, mais du théorème fondamental sur lequel s’appuie notre travail. Notre hypothèse est qu’une relation trajective réunit en même temps qu’elle sépare la langue et la poésie, c’est-à-dire, d’un côté, le donné linguistique, comprenant les sonorités, les formes rhétoriques et tous les éléments qui constituent le texte proprement dit, et de l’autre, les effets que produisent l’ensemble de ces éléments sur notre moi conscient ou inconscient lorsqu’il s’agit du texte que nous sommes en train de lire. C’est à éclaircir ce rapport que vise chacune des contributions réunies dans le présent ouvrage.

Les époques, le genre et la thématique des œuvres étudiées, de même que les méthodes employées par les différents auteurs, offrent un panorama très vaste des études sur la littérature en traduction. Mais à travers cette diversité même, l’enjeu de cette recherche collective est justement d’établir une perspective commune dans laquelle la littérature pourrait découvrir son essence. Pour établir cette perspective, il ne suffit pas d’opposer le binôme du texte et de sa poéticité – la forme et le fond, l’esprit et la lettre, etc. –, mais il faut encore en appeler à la fonction de l’interprète à qui un texte apparaît comme un poème ou une œuvre de littérature. En posant la traduction comme un medium, nous établissons une triade sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour découvrir la littérature sous une perspective nouvelle, réunissant dans un horizon commun les fonctions de l’auteur et du lecteur.

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Introduction

Le présent ouvrage se compose de trois parties intitulées « Pour une herméneutique de la littérature japonaise ancienne », « Traduire le vivant de la littérature » et « Traduction et trajection1 », suivies de « Notes sur la recherche ». Il est le fruit d’une recherche collective qui se donnait pour objet de réfléchir sur les modalités de la relation nouée par les traducteurs avec la culture de l’autre. Le débat, tout en mettant en lumière de nombreuses particularités inhérentes aux diverses époques, aux diverses cultures et aux diverses œuvres en question, a convergé dans le sens d’une réflexion sur l’impact de la lecture et sur le moyen de rendre compte de ce phénomène dans une étude scientifique.

Le « Groupe franco-japonais en traductologie » s’est formé à partir d’une discussion qui s’était engagée entre Komaki Satoshi, Nishizawa Kazumitsu et moi-même, sur l’interprétation des textes de la littérature japonaise ancienne. Cette discussion s’étant rapidement élargie à un questionnement plus général sur l’altérité linguistique et culturelle, nous avons organisé quatre rencontres, les trois premières sous l’égide de la Société française de traductologie (SoFT), la quatrième sous l’égide de la Société japonaise de traductologie.

Ces rencontres ont réuni au total une trentaine d’intervenants, spécialistes en littérature française ou japonaise, en littérature comparée, en histoire, en esthétique, etc., ayant en commun de travailler sur des textes écrits dans une langue étrangère ou dans une langue ancienne. Notre premier objectif était de montrer qu’à une époque où l’internationalisation entraîne une accélération des échanges et des besoins en traduction, les études traductologiques sont utiles à une meilleure communication interdisciplinaire, interlinguistique et interculturelle. Notre visée principale était de fonder les concepts d’une traductologie commune aux chercheurs français et japonais.

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La session inaugurale, « La traductologie pour fonder un langage commun dans les études franco-japonaises de sciences humaines » (mars 2016), fut principalement consacrée à l’interprétation de la littérature japonaise classique. La deuxième session, « La traduction en tant qu’outil de création de la pensée » (mars 2017), portait sur la créativité qui procède de l’activité de réception. Lire, interpréter et traduire sont en effet des activités qui stimulent, nourrissent et soutiennent la création de la pensée. En mettant en question ce lien entre réception de la littérature et création de la pensée, notre objectif était de montrer que la traductologie ne se limite pas à l’analyse des techniques de la traduction, mais qu’elle a une portée plus vaste, englobant le dialogue interculturel et visant à penser le monde contemporain.

La troisième session, « La traduction en tant que “trajection” », se déroula en deux parties (janvier et mars 2018). Cette session, fondée sur la mésologie d’Augustin Berque et notamment sur le concept central de « trajectivité », visait à mettre en évidence la fonction du lecteur dans le phénomène de la réception. Lire, en effet, ne signifie pas seulement saisir le sens de l’écrit. C’est également, du point de vue du lecteur, ressentir l’impact produit par le texte sur ses fonctions cognitives, mémorielles, émotionnelles, et réagir à cet impact, en questionnant le texte en sorte qu’il soit amené à répondre lui-même aux questions qu’il pose. Cette introspection qui participe de la lecture, ainsi que le questionnement rétrospectif qui s’engage entre l’auteur et le lecteur par le medium des formes de l’expression, tel est le sens premier que nous donnons ici à la « trajectivité ».

Si ce questionnement est fondamental dans le processus de la réception, il est cependant quasiment invisible et inaudible dans le cas des lecteurs ordinaires qui ne laissent aucune trace de leur lecture. Il n’en est pas de même pour les traducteurs dont l’œuvre même en porte le témoignage. A travers cette session, notre intention était d’interroger les œuvres traduites sous l’angle de la trajectivité, et de poser ainsi un nouveau regard sur le phénomène de la traduction.

La quatrième session, intitulée « Comment traduire le vivant de la littérature ? », se déroula en mars 2019. Le critique japonais Itō Sei appelle « sentiment de la vie véritable » (shin no seimeikan) l’émotion ressentie par le spectateur d’un tableau ou d’une œuvre d’art, lorsque le ←18 | 19→monde représenté dans l’œuvre lui paraît plus vivant que le monde ordinaire. Itō donne l’exemple d’une pomme qui, représentée dans l’œuvre d’un grand peintre, fera découvrir au spectateur des formes et des couleurs dont il n’avait pas conscience dans la réalité, et lui fera ressentir une impression de fraîcheur si poignante que cette pomme lui paraîtra quasiment plus « réelle » que son modèle de la vie ordinaire. Cette quatrième session visait à rapprocher ce « sentiment de la vie véritable » à l’« effet de vie », expression par laquelle le théoricien de la littérature Marc-Mathieu Münch désigne l’impact produit par la littérature sur la psyché du lecteur2. Notre propos était de réfléchir au phénomène de la lecture et de la traduction sous l’angle de cette notion de « vie » commune au critique japonais et au théoricien français.

D’après M.-M. Münch, la pratique auctoriale n’a pas d’autre aboutissement qu’à travers cet « effet de vie » dont la force détermine le succès de l’œuvre en tant que telle. En nous fondant sur cette hypothèse, nous posâmes que la pratique traductive ne peut se limiter à une simple transposition des mots, des images et des expressions d’une langue dans une autre, mais qu’elle a pour finalité de produire à son tour un effet visant à atteindre le lecteur dans son intériorité, en sorte de lui transmettre le sentiment du « vivant » qui s’est communiqué au traducteur dans sa lecture de l’original. Dans cette perspective, la littérature se conçoit pour ainsi dire comme une matrice contenant le germe d’une nouvelle vie – une vie seconde, imaginaire – que le traducteur a mission de transmettre à ses propres lecteurs.

Dénommant « sujet de la littérature » cette « illusion du vivant » domiciliée dans les œuvres littéraires, notre propos était d’éclaircir la relation entre cette figure du sujet et du « je » qui la traduit. Nous espérions ainsi mettre en évidence le caractère essentiel de l’activité du traducteur : un déploiement de la conscience entre sa propre lecture de l’original et la lecture de l’autre : le lecteur de la traduction à venir.

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Présentation de la première partie
Pour une herméneutique de la littérature japonaise ancienne

D’après Nishizawa Kazumitsu, Komaki Satoshi et Iwashita Takehiro, l’étude des textes anciens telle qu’elle est pratiquée au Japon ne comprend aucun jugement sur la valeur poétique ou littéraire des œuvres étudiées. Le fait remonte à l’origine même des études japonaises, et s’explique par la nécessaire étude, pour ainsi dire « technique », des textes de la langue ancienne3. Notons que ce travail « technique » vise à interpréter (kaishaku) les œuvres de la littérature ancienne et à les transposer dans la langue contemporaine (gendaigo-yaku).4

D’un côté, les études de la littérature japonaise ancienne ne peuvent se développer qu’à partir des connaissances exégétiques ; de l’autre, les traductions doivent dépasser les limites de l’interprétation pour mettre en œuvre la part du discours qui s’inscrit dans les sonorités, le rythme, les silences, etc., laquelle constitue le propre de la littérature et de la poésie. En comparant les méthodes de l’herméneutique et de la traductologie – au sens d’une « poétique du traduire » –, il devenait possible de discerner les différences et les points communs entre ces deux disciplines de façon à expliciter en quoi elles peuvent se compléter mutuellement. En même temps, cette comparaison permettait d’organiser la discussion entre exégètes et traductologues et de réaliser les conditions d’un échange fructueux.

Ces discussions se sont développées dans l’ordre suivant : ① « La traductologie comme une poétique du traduire », ② « La traduction en tant qu’outil de création de la pensée », ③ « La traduction en tant que trajection », ④ « La traduction entre lecture et création ». Parce que cet ordre procède du cheminement de notre réflexion, nous en avons conservé la logique pour établir l’architecture de cette première partie.

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I - La traductologie comme une poétique du traduire

Posant que la posture de l’exégète est différente de celle du traducteur puisque leurs objectifs respectifs ne sont pas les mêmes et qu’ils ne s’adressent pas au même public, notre projet était de nous appuyer sur les études exégétiques pour développer une réflexion sur le caractère esthétique des œuvres. L’objectif était de poser les fondements d’une méthode permettant d’interroger les ressorts artistiques de l’œuvre à traduire. Notre hypothèse était en effet qu’une réflexion véritablement traductologique ne peut s’établir que sur le fondement du sujet qui fait qu’un poème est un poème.

Nishizawa Kazumitsu, dans le chapitre intitulé « Les prémices de l’herméneutique chez Keichū et Motoori Norinaga », explique que le Kojiki, un texte du VIIIe siècle réputé indéchiffrable, fut décrypté pour la première fois dans la seconde moitié du XVIIIe par Motoori Norinaga qui avait eu l’intelligence de le considérer comme une « traduction », dans la langue du VIIIe siècle, d’un texte établi dans une langue plus ancienne.

Moi-même, dans le chapitre intitulé « L’invention d’un temps, d’un monde et d’un sujet – Au prisme de la théorie meschonnicienne du “rythme” », j’en appelle à la théorie meschonnicienne du rythme pour montrer que le travail de traduction gagne à se fonder sur la pensée qui s’articule à travers l’expression poétique.

II - La traduction en tant qu’outil de création de la pensée

Dans le cas de la poésie japonaise ancienne, l’expression est souvent stéréotypée – on pense en particulier aux figures de style telles que les « mots initiateurs » (jo-kotoba) ou les « mots oreillers » (makura-kotoba). Cependant, ces lieux communs sont souvent employés comme des métaphores pour exprimer un état du cœur, et par conséquent, ils traduisent une réalité qui n’est pas la même dans tous les poèmes5. Les spécialistes de littérature classique, depuis que cette discipline existe, n’ont pas toujours eu conscience de cette particularité. Pour cette raison, ←21 | 22→nous avons tenu à examiner ces questions du point de vue des techniques d’interprétation aussi bien que du point de vue de la traduction.

Iwashita Takehiro, auteur du chapitre « La rhétorique des makura-kotoba – L’exemple de “amazakaru hina” », explique que les « mots-oreillers » sont des figures de rhétorique qui, provenant de la littérature orale, se sont imposées dès les débuts de la culture écrite comme des formes spécifiques du langage poétique. Prenant l’exemple du « mot-oreiller » amazakaru hina inventé par le grand poète Kakinomoto no Hitomaro6 (662-710), il montre que, dans le contexte historique et culturel de l’époque, cette figure traduit la conception d’un monde qui rayonne à partir de la capitale, lieu de résidence de l’empereur et de la haute aristocratie. Par ailleurs, il examine l’emploi de ce « mot-oreiller » par Kakinomoto no Hitomaro dans ses poèmes d’itinérance (kiryoka) pour mettre en évidence la force symbolique de cette métaphore dans une création vouée à l’idéologie impériale.

Komaki Satoshi, dans le chapitre intitulé « Les jo-kotoba dans le Man’yōshū : stéréotypes et créativité », met en évidence le lien qui unit les « mots initiateurs » (jo-kotoba) et l’expression du sentiment. En effet, les « mots initiateurs », placés au début du poème, décrivent la réalité d’une chose matérielle, comme un paysage par exemple, tandis que les deux derniers vers exaltent un état du cœur. Considérant la construction poétique sous l’angle de l’équation qu’elle réalise entre la description du monde extérieur et l’expression du monde intérieur, Komaki montre que la poésie japonaise se construit à travers une esthétique particulièrement stéréotypée, mais dans laquelle le stéréotype lui-même se pose comme une condition nécessaire pour libérer l’expression du sentiment.

Nishizawa Kazumitsu, dans « L’établissement de l’herméneutique par Keichū », met en évidence la méthode de Keichū (1640-1701) ←22 | 23→dont l’interprétation du Man’yōshū a marqué son époque et demeure aujourd’hui encore une référence académique. Pour expliquer cette réussite, Nishizawa montre que Keichū, en replaçant les poèmes anciens dans le contexte linguistique de leur époque, opère une rupture avec les méthodes des spécialistes des époques Kamakura (1185-1333) et Muromachi (1336-1573). Il s’appuie notamment sur plusieurs commentaires de Keichū pour mettre en évidence sa conception, tout à fait nouvelle à son époque, d’une épistémologie critique. Par ailleurs, il s’appuie sur différents commentaires de Keichū pour montrer que sa pratique herméneutique consiste à replacer les poèmes anciens dans le contexte linguistique de leur époque, de façon à en saisir la logique interne et à mettre au jour le procédé d’élaboration de la pensée qui s’y exprime. En insérant cette démonstration dans un récit de la vie de Keichū, Nishizawa suggère que, si cet érudit du XVIIe siècle a pris conscience de l’« étrangeté » du langage des temps anciens, et si cette perspective même lui a permis d’en découvrir les aspects les plus essentiels, cela pourrait résulter de son existence érémitique qui lui conférait à lui-même cet attribut d’étrangeté qu’il décelait chez les anciens poètes.

III -La traduction en tant que trajection

La question concerne ici le rapport qui se noue, dans la composition, entre les mots du poème et l’effet qu’ils produisent sur le lecteur. Notre point de départ est l’hypothèse la plus fondamentale du géographe et philosophe orientaliste Augustin Berque, selon laquelle :

la réalité humaine (r) est un rapport entre le donné environnemental brut (S) et la manière dont cet environnement nous apparaît, selon les circonstances de notre vécu, en tant que paysage, nourriture, abri, danger, etc. (P),

l’intervention d’un « interprète » (I) est nécessaire pour envisager « S » en tant que « P » : la nature en tant que culture, les objets de la science en tant que choses concrètes, et inversement7.

Pour rapporter cette formule à notre discussion sur la traduction, nous nous proposons de regarder le texte comme un donné linguistique brut (S) qui ne dévoile son caractère littéraire qu’à travers l’interprétation du lecteur (I) à qui ce donné apparaît comme un poème ou une œuvre ←23 | 24→de littérature (P). Dans cette perspective, le rapport qui se noue entre le donné linguistique et l’effet ressenti par le lecteur constitue le lieu propre du phénomène littéraire8. Nous nous fondons sur cette hypothèse pour envisager la question du traduire sous l’angle d’un lien à nouer entre les lecteurs de l’original et ceux de la traduction à venir.

Moi-même, dans le chapitre intitulé « La trajectivité en tant que ressort de l’art poétique – L’exemple de trois waka de Kakinomoto no Hitomaro », j’interroge le procédé poétique pour montrer que celui-ci produit un effet d’ouverture permettant aux lecteurs de pénétrer le tableau du poème. En effet, le poète associe dans ce poème les mots kohi, « amour », et miyu – en japonais moderne mieru–, « se donner à voir », pour signifier la relation qu’il établit entre le spectacle de l’île de Yamato et la fascination qu’il éprouve devant ce spectacle. L’emploi du verbe miyu ayant pour fonction d’expliciter le lieu d’où il parle, il apparaît que le paysage se donne à voir dans sa réalité à lui en même temps qu’il se donne à voir au lecteur en tant que« paysage vu par Hitomaro ». Par ce procédé, le lecteur prend pied dans le paysage en même temps que Hitomaro s’installe dans le tableau qu’il est en train de peindre.

Komaki Satoshi, auteur du chapitre intitulé « L’harmonie entre le monde extérieur et le monde intérieur dans les joka – Du Man’yōshū au Kokinshū», traite de la forme et de la fonction des « mots initiateurs » (jo-kotoba) dans les waka du Man’yōshū. S’intéressant en particulier aux waka « qui expriment un état du cœur à travers une description du monde extérieur » (kibutsu-chinshi-ka), son examen porte sur les structures qui comportent un mouvement d’aller-retour entre le monde extérieur et le monde intérieur. La formation et le fonctionnement de ce type de structure constituent l’objet d’un questionnement qui met en évidence le caractère « trajectif » des waka de cette catégorie.

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IV - La traduction entre lecture et création

Dans le chapitre intitulé « De la lecture d’un poème à la création d’un nouveau poème – L’expression kotoage », mon sujet est une interrogation sur les raisons qui ont pu inciter une lectrice de Kakinomoto no Hitomaro à utiliser un de ses poèmes en tant que modèle pour composer un nouveau poème. Les deux poèmes expriment un adieu à une personne qui va partir en voyage : un ami dans le poème de Hitomaro, et l’amant bien-aimé dans le poème anonyme. Posant que la différence la plus fondamentale réside dans la figure du destinataire, mon propos est de montrer que la poétesse anonyme aurait pu lire l’expression de ses propres sentiments dans le poème de Hitomaro. Le poème en objet fonctionne pour ainsi dire comme un miroir, mais un miroir qui lui aurait réfléchi, au lieu du visage de l’ami à qui s’adresse le poème qu’elle était en train de lire, le visage de l’amant à qui s’adresse le poème qu’elle allait se mettre à écrire.

Le chapitre de Terai Tatsuya, « Du Man’yōshū au Livre des Morts d’Orikuchi Shinobu – La création à travers l’interprétation », montre que le Livre des Morts se fonde en particulier sur trois poèmes du Man’yōshū pour constituer une fiction dans laquelle transparaissent les idées d’Orikuchi lui-même sur la vision que pouvaient avoir les anciens poètes sur les notions de vie et de mort. Pour Orikuchi, l’enjeu des recherches historiques est d’apporter une vision concrète des faits étudiés, et l’enjeu du roman est d’en donner une forme théâtrale. Ce chapitre éclaire les moyens employés par Orikuchi pour mettre en œuvre cette vision du roman comme une réinterprétation des faits qui se sont déroulés dans le passé, sous cette forme théâtralisée qu’il regarde comme une particularité de la fiction.

Terada Sumie, dans le chapitre intitulé « Les mots et l’écriture du Roman du Genji– Entre lecture et traduction », compare différentes traductions du Roman de Genji pour mettre en évidence les éléments qui relèvent d’une construction de l’imaginaire. Membre du « groupe du Genji » qui réunit différents spécialistes du Roman de Genji en vue de réaliser collectivement une nouvelle traduction de cette œuvre majeure, son analyse a pour objet de replacer chacune de ces traductions dans une époque et dans un contexte donné en sorte d’éclairer la cause des ←25 | 26→variations qu’elle observe. En utilisant le prisme de l’évolution historique dans laquelle se sont enchaînées les traductions précédentes, elle vise à éclaircir les fondements de la construction dans laquelle s’inscrira nécessairement la nouvelle traduction à venir.

Présentation de la deuxième partie
Traduire le vivant de la littérature

La deuxième partie de cet ouvrage, intitulée « Traduire le vivant de la littérature », se compose de six chapitres suivis d’une synthèse. Les trois premiers chapitres, respectivement d’Itō Gengo, Noda Minori et moi-même, traitent respectivement de la traduction japonaise des œuvres de François Rabelais, Emile Zola et Henri de Régnier. Les trois derniers, respectivement de Toriyama Teiji, Iwanaga Taiki et Yokota Yuya, portent respectivement sur la théorie et la pratique de la traduction de Paul Valéry, sur la traduction de Premier amour de Samuel Beckett par lui-même, et sur la réflexion de Roland Barthes sur les modalités du sujet dans la forme courte, en l’occurence le haïku.

Traduire le vivant de la littérature en japonais

Dès que le Japon s’ouvrit à l’étranger, les intellectuels de l’époque se mirent en devoir de traduire la littérature de tous les pays du monde. Cette tâche fut assumée principalement par de jeunes intellectuels qui avaient étudié les langues et les littératures occidentales. Tsubouchi Shōyō (1859-1935), Futabatei Shimei (1864-1909), Uchida Roan (1898-1929), etc., furent ainsi les premiers traducteurs japonais de Shakespeare, Tourgueniev, Gogol et Dostoievski. Ueda Bin (1874-1916) traduisit principalement des œuvres françaises et anglaises (Leconte de Lisle, José-Maria de Heredia, François Coppée, de nombreux poètes symbolistes tels Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Georges Rodenbach, Émile Verhaeren ou Maurice Maeterlinck, ainsi que Paul Claudel)9. Une génération plus tard, Watanabe Kazuo (1901-1975), spécialiste de la Renaissance, traduisit Érasme et Rabelais10.

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C’est en 1929 que fut publiée la première traduction complète du roman de Zola Nana par Udaka Shin’ichi11. Ce roman fut reçu d’abord comme un ouvrage érotique, mais il fut réédité plus de cent fois, ce qui permit aux éditions Shinchōsha de construire sur la rue principale de Yaraichō12 un bâtiment baptisé le « Palais Nana ». Puis fleurirent au Japon des collections intitulées Sekai bungaku (Littératures du monde) (éditions Chūōkōron), Sekai bungaku zenshū (Œuvres complètes de la littérature du monde) (éditions Shinchōsha), etc. Nana figurait en bonne place dans ces différentes collections.

Résumé des informations

Pages
594
Année
2021
ISBN (PDF)
9782875743824
ISBN (ePUB)
9782875743831
ISBN (Broché)
9782875743817
DOI
10.3726/b19136
Langue
français
Date de parution
2021 (Novembre)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2021. 594 p., 3 ill. n/b, 8 tabl.

Notes biographiques

Julie Brock (Éditeur de volume)

Spécialiste en esthétique, en littérature comparée, en japonologie et en traductologie, Julie Brock a initié et coordonné la recherche franco-japonaise qui fait l’objet du présent volume. Elle a publié notamment Réception et créativité. Le cas de Stendhal dans la littérature japonaise moderne et contemporaine (Peter Lang, 2011/2013), Les Tiges de mil et les pattes du héron. Lire et traduire les poésies orientales (2013) et Ōoka Shōhei, Mon Stendhal (2020), ainsi qu’une centaine d’articles académiques.

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Titre: Les chaînes trajectives de la réception et de la création
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