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Déracinés, exilés, rapatriés ?

II. S’organiser, transmettre, mettre en récit

de Olivier Dard (Éditeur de volume) Anne Dulphy (Éditeur de volume)
©2022 Collections 166 Pages

Résumé

Après un premier volume paru dans la même collection en 2020 et intitulé Déracinés, exilés, rapatriés ? Fins d’empires coloniaux et migrations, un nouvel ouvrage, second volet d’un diptyque, s’attache aux « Déracinés, exilés, rapatriés ? » en privilégiant trois perspectives : « s’organiser, transmettre, mettre en récit ». Le propos est principalement centré sur la fin de la guerre d’Algérie et de l’Algérie française, et ce à l’heure où se profile le 60e anniversaire des accords d’Évian et de leurs suites. Différentes contributions abordent ainsi, par le biais des formes de structuration ou de mobilisation, le sort et le destin des disparus européens, celui des harkis ou de la « colonie » pied-noir d’Alicante. Mais ce collectif, comme le précédent, ne se limite pas à la France et l’exemple des retornados portugais fournit un contrepoint fort éclairant à mettre en regard du rapatriement français de 1962. Par ailleurs, si les contributions émanent principalement d’historiennes et d’historiens, des spécialistes d’architecture comme de littérature enrichissent substantiellement une réflexion ouverte sur la pluridisciplinarité.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Introduction (Olivier Dard ET Anne Dulphy)
  • Le rôle des associations dans la recherche des disparus d’Algérie après les accords d’Évian : actions juridiques, accompagnement psychologique et revendications politiques (Soraya Laribi)
  • De l’absence à la reconnaissance. Evolution du mouvement associatif harki (1962–2020) (Abderahmen Moumen)
  • L’hebdomadaire Le Courrier du Soleil : une vitrine pour les Pieds-Noirs d’Alicante ? (Mariana Dominguez Villaverde)
  • Discours, mémoire et fiction : les retornados d’hier à aujourd’hui (1975–2018) (Morgane Delaunay)
  • Les réceptions politico-intellectuelles de l’œuvre d’Albert Camus, de l’Algérie coloniale à l’Algérie contemporaine (Yasmine Abrous)
  • Héros de pierre de l’époque coloniale : lecture croisée entre la France et le Maghreb (Claire Garcia)
  • Des mots et des images pour (se) rappeler l’Algérie française (Anne Dulphy)
  • Une mise en récit multidirectionnelle : La filiation harkie dans Moze de Zahia Rahmani (Mona El Khoury)
  • Biographies des auteurs
  • Titres de la collection

Introduction

Olivier Dard et Anne Dulphy

Sirice / Sorbonne Université LinX/Polytechnique

Le 5 novembre 2019, s’ouvrait à l’École polytechnique sous l’égide du laboratoire LinX (Laboratoire interdisciplinaire de l’X : humanités et sciences sociales) et du Laboratoire d’excellence Ecrire une histoire nouvelle de l’Europe (Sorbonne Université) un colloque intitulé « Déracinés, exilés, rapatriés ? S’organiser, transmettre, mettre en récit ». La manifestation scientifique dont est issue ce livre est en réalité le second volet d’un diptyque, puisqu’en 2020 est paru un premier volume intitulé Déracinés, exilés, rapatriés ?, avec comme sous-titre Fins d’empires coloniaux et migrations1. De l’Indochine aux Italiens et Espagnols de Tunisie et du Maroc, ou aux Espagnols des Maroc (s), des Belges du Congo aux retornados [ie rapatriés] portugais d’Angola, du Mozambique, du Cap Vert ou de San Tomé e Principe, il s’agissait d’abord d’examiner des flux, parfois méconnus, de populations contraintes de gagner ou de regagner les métropoles. Dans un second temps, l’accent était mis sur les lieux d’arrivée et d’implantation, très variés : du Lot-et-Garonne pour les harkis à Alicante ou à l’Argentine pour des Français d’Algérie, ou encore au Canada pour des juifs marocains.

Le second volume entend suivre cette histoire en s’attachant aux étapes suivantes, centrées sur l’organisation, la transmission et la mise en récit de cette tranche de vie que fut la fin des empires coloniaux pour ←9 | 10→les millions de celles et ceux qui en étaient issus, Européens installés là-bas mais aussi populations dites « indigènes » qui ont défendu, pour de multiples raisons, le maintien d’une présence impériale et qui n’ont souvent eu que le choix, à l’instar des harkis, que de fuir pour se protéger ainsi que leurs familles2. A travers ce second tome, largement centré sur le cas français, nous entendons contribuer à combler un vide historiographique en prenant en compte l’importance des travaux qui ont déjà été consacrés, par exemple, aux modalités de l’accueil des pieds-noirs et à leur réinstallation3, comme à la communauté pied-noir et à ses comportements, notamment politiques4. Concernant les harkis, au-delà des synthèses disponibles, des études fouillées ont mis en lumière leurs conditions d’arrivée et d’existence, souvent des plus précaires dans des camps comme ceux de Rivesaltes ou de Bias dans le Lot-et-Garonne5.

Appréhender comment les « déracinés, exilés, rapatriés » se sont organisés invite d’abord à s’interroger sur leur capacité à se structurer comme sur les fondements et les modalités de leurs mobilisations collectives. Force est de constater, sur ce point, que si les travaux sur l’histoire du phénomène associatif en France ont été foisonnants au cours de ces dernières décennies, les associations pieds-noirs n’ont fait l’objet que de recherches monographiques ponctuelles, notamment sur les débuts du Cercle algérianiste6. En ressort la mise au jour d’une ←10 | 11→nébuleuse, territorialisée et divisée, qui en tant que groupe de pression minoritaire peine souvent à parler d’une seule voix7. Il faut ici donner leur place aux rivalités personnelles et aux « chicayas » propres à ces milieux. À elles seules, elles n’expliquent cependant pas le caractère éclaté de ces groupements8, qui tient aussi à la grande diversité de leurs buts, certains étant parfois très spécifiques comme le montre l’exemple présenté dans le collectif des associations soucieuses du sort des disparus européens victimes des enlèvements par le FLN qui ont marqué la fin de la guerre d’Algérie.

Leur historienne, Soraya Laribi, montre comment dès 1962 se sont créées des associations, à l’instar de l’Association des familles de disparus en Algérie (AFDA) mise sur pied à Alger au lendemain de l’indépendance peu après que l’Association de défense des droits des Français d’Algérie (ADDFA) a été lancée en métropole, en lien avec le monde catholique. Un an plus tard, en juin 1963, le Groupement des parents des victimes et disparus, lié au Rassemblement national des Français d’Afrique du Nord et d’Outre-Mer (RANFRAN-OM) voit le jour à Bordeaux. L’examen de leur histoire montre que ces associations, qui s’estiment laissées pour compte par l’Etat, ont eu recours à des procédés tout à fait classiques pour faire valoir leurs revendications en s’appuyant notamment sur des parlementaires qui, publiquement, alertent les gouvernants en charge de ce dossier, en particulier Jean de Broglie, le secrétaire d’État aux affaires algériennes. À la fin de 1964, l’affaire est pourtant réputée close pour les autorités françaises qui mentionnent le chiffre de 3018 civils disparus et entendent bien en rester là pour ne pas avoir à rendre compte d’autres disparus en nombre, algériens cette fois (bataille d’Alger). Quant aux familles, il leur est proposé une série de dispositifs d’indemnisations à la condition cependant d’une acceptation de jugements déclaratifs de décès. Si certaines associations ont dénoncé une volonté d’« étouffer » (Soraya Laribi) par ce biais leurs revendications, ce traitement des dossiers ←11 | 12→signifie aussi la fin d’une première phase d’un combat associatif. La mise en récit ou la transmission interviennent dans un second temps, au début des années 1970, et mobilisent d’autres organisations, en particulier l’Association pour la sauvegarde des familles et enfants de disparus (ASFED) dont la naissance remonte au printemps 1967. Sur ce point, la question des disparus suit une trajectoire repérable pour d’autres associations de rapatriés soucieuses d’affirmer et de transmettre une culture pied-noir, raison d’être originelle du Cercle algérianiste créé en novembre 1973.

Résumé des informations

Pages
166
Année
2022
ISBN (PDF)
9782875744425
ISBN (ePUB)
9782875744432
ISBN (MOBI)
9782875744449
ISBN (Broché)
9782875744418
DOI
10.3726/b18955
Langue
français
Date de parution
2022 (Février)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 166 p., 3 ill. n/b.

Notes biographiques

Olivier Dard (Éditeur de volume) Anne Dulphy (Éditeur de volume)

Olivier Dard (Sorbonne Université/SIRICE), est professeur d’histoire contemporaine à Sorbonne Université et directeur de l’Encyclopédie Ecrire une histoire numérique de l’Europe. Anne Dulphy est professeur d’histoire contemporaine à l’École polytechnique et chercheur rattaché au LinX.

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