Résumé
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos de l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- Préface
- Preludium
- 1. D’un pays à l’autre
- Un enfant de Liège
- Révélation d’un talent
- Un Belge à Paris
- César-Auguste au Conservatoire
- Soirées mondaines
- Un jeune compositeur se révèle
- Départ précipité de Paris
- Ruth
- Rupture et mariage
- 2. La traversée du désert
- Une vie laborieuse
- Du Valet de ferme au Maître de chapelle
- Nomination à l’orgue de Sainte-Clotilde
- Franck et Liszt
- 3. Rédemption et Béatitudes
- Temps de guerre
- La fin d’une vie obscure
- De Rédemption au Conservatoire
- Un enseignement libéral et bienveillant
- Des vents du Zéphir aux Béatitudes
- 4. Passions et accomplissement
- Le Quintette et Augusta Holmès
- Du Chasseur maudit aux Djinns
- Autour d’une légion d’honneur
- Des cloches du Montsalvat à Hulda
- « Une petite chose »
- Deuil et discordes
- Un exténuant manège
- Félicité, aussi
- « Une âme amoureusement païenne »
- Proust et la sonate de Franck
- 5. Le chant ultime
- Les cloches du soir
- De la symphonie au quatuor
- Les Trois Chorals
- Vers la lumière
- 6. Franck, chef d’école malgré lui
- Les Lauriers de César
- L’hypnose wagnérienne
- Apogée et déclin de l’école franckiste
- Belge ou Français
- Une esthétique rayonnante
- 7. Au pays des légendes
- Le mythe du Pater séraphicus
- Le jeu des contraires
- Un chemin de réconciliation
- Postlude
- Annexes
- César Franck au fil des portraits
- Maurice Emmanuel
- Ernest Chausson
- Augusta Holmès
- Théodore Dubois
- Vincent d’Indy
- Claude Debussy
- Louis Vierne
- Charles Tournemire
- Henry Gauthier-Villars, dit Willy
- Romain Rolland
- Sylvain Dupuis
- Textes inédits
- Henri Büsser parle de Franck
- Gustave Charpentier et la classe de Massenet
- « Souvenirs de famille » de Félix Boutet de Monvel
- Parlant de sa sœur Cécile
- Parlant de son père
- « Souvenirs de Collège » par M. Lousteau
- Exemples musicaux
- Documents photographiques
- Bibliographie sélective
- Index des œuvres de César Franck
- Index des noms de personnes
- Titres de la collection
Préface
Lorsque l’on aligne les « grands noms » de l’Histoire de la musique occidentale, celui de César Franck n’est sans doute pas le premier qui affleure à l’esprit des mélomanes et des musiciens. Pourtant la musique et la figure de ce compositeur représentent à de nombreux égards un véritable modèle.
Rien dans sa vie, ni dans l’élaboration de son œuvre, ne se fit avec fracas. D’aucuns ont loué son talent, sa modestie, sa gentillesse, son attention délicate vis à vis de ses élèves qui lui vouaient une admiration sans borne. Son style, son langage, ses chefs d’œuvre, il les élabora dans la lenteur et la persévérance.
Cependant, redécouvrir aujourd’hui sa vie et ce qu’il laisse à la postérité semble l’un des plus beaux messages à adresser aux jeunes générations. Ce que Franck nous dit aujourd’hui pourrait se résumer en cet adage : « Cherche à être toi-même, prends le temps, trouve la patience pour cela, malgré les difficultés que tu pourras éprouver ».
À la lecture de ce livre de Franck Besingrand, il apparaitra de Franck à la fois une image de labeur, d’indépendance, d’humilité, d’écoute des grands maîtres qu’il admirait (Bach, Beethoven, Liszt, Wagner…), de ténacité mais aussi, et surtout, la réalité d’un poète inspiré.
Si l’on se concentre sur son œuvre organistique, force est de constater l’importance de son action qui donna naissance à une école glorieuse (Vierne, ←11 | 12→Tournemire, Dupré, Messiaen… jusqu’aux générations actuelles d’organistes-compositeurs français tels Thierry Escaich, pour n’en citer qu’un seul).
Pourtant c’est en tant que pianiste qu’il s’engage dans ce métier d’organiste qui appelle par nature l’humilité et l’abnégation (étant par définition l’instrumentiste que personne ne voit).
Son père aspirait pour lui à une carrière de pianiste virtuose (ce qu’il était). César Franck préfèrera l’ombre des tribunes des églises. Sans doute pressentait-il inconsciemment qu’il ne pourrait bâtir son œuvre que dans le calme et la discrétion. Bien lui en prit car cette attitude lui permit de laisser à la fin de sa vie des œuvres totalement abouties (le Quintette, la Sonate pour violon et piano, la Symphonie, les Trois Chorals…). Ces œuvres n’ont pu voir le jour qu’au prix d’une lente évolution, même si certaines furent écrites rapidement, dans une forme d’urgence que seul le développement patient de son métier de compositeur lui donna l’occasion d’atteindre – sans doute ressentait-il une fin proche. D’autres exemples dans l’Histoire de la musique ont dû lui donner le courage pour trouver cette volonté opiniâtre de remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier. Bach en est certainement l’un des plus beaux témoignages (pensons par exemple à ses Chorals de Leipzig qu’il reprit à la fin de sa vie pour les améliorer et qu’il consigna dans un précieux manuscrit).
L’auditeur de Franck aujourd’hui ne se sent jamais écrasé par un génie qui s’impose. Au contraire, sa musique appelle l’écoute, une écoute accompagnée par un auteur nous glissant doucement à l’oreille des mots qui nous aident à accepter et à aimer la lenteur, quelques fois la candeur aussi, des mots qui nous éveillent, qui nous incitent à respirer à son rythme, qui nous font frissonner de bonheur lorsque les éclats surviennent et qui, enfin, nous encouragent à patienter pour que d’autres moments de vertige adviennent. César Franck semble nous prendre sans cesse par la main pour nous entraîner à marcher tranquillement dans ses pas. Peu de compositeurs parviennent à cela. Il ne force rien, il dépose simplement devant nous les conditions de la grâce et de l’abandon.
Gageons que le livre de Franck Besingrand, publié à l’occasion du deux-centième anniversaire de la naissance de César Franck, puisse guider le lecteur et l’auditeur à approfondir ce que fut la vie de ce compositeur mais surtout qu’il nous aide à apprécier à sa juste mesure l’œuvre d’un génie qui, dans le renouvellement, a immanquablement à nous apprendre sur nous-mêmes et sur le monde.
Benoît Mernier, mars 2022.←12 | 13→
Benoît Mernier est compositeur, organiste, Professeur d’orgue au Conservatoire Royal de Bruxelles et membre de l’Académie Royale de Belgique (Classe des Beaux-Arts).
Preludium
Contrairement à celle de Berlioz, l’existence de César Franck ne se prête en aucune manière au romanesque ou à la grandiloquence ; elle n’apparaît point brillante et glorieuse, comparée à l’ascension artistique flamboyante que connurent, à différents niveaux, Liszt ou Wagner. Elle n’incarne pas ce combat difficile contre l’adversité, la pauvreté ou la maladie qu’éprouvèrent, à des degrés divers, Beethoven, Schubert ou Chopin.
Pourtant au plus profond de lui, César Franck reste un romantique avec ses remous, ses passions intérieures et la fulgurance de sa pensée créatrice : sa musique peut en témoigner au fil de nombreuses pages.
Dans un déroulement du temps presque immuable, sa vie semble s’écouler apparemment paisible, presque effacée, partagée entre une certaine soumission à ses tiers et aux contingences du quotidien. L’ambivalence observée, dans plusieurs aspects de sa personnalité et de sa musique, explique ses difficultés à affirmer une indépendance d’esprit bien marquée, face aux réalités et aux défis présents dans la sphère artistique de son époque.
Dire qu’il fut mal compris et imparfaitement reconnu à sa juste valeur semble presque une gageure : déjà son parcours atypique le révéla comme un enfant quasiment prodige, propulsé dans le Paris romantique des années 1820–1840. Puis se profila une carrière de pianiste virtuose cependant vite avortée pour des raisons ←15 | 16→que nous découvrirons ainsi que de compositeur brillant et capable d’attirer l’attention de Mendelssohn ou de Liszt.
Du monde de l’opéra où il se montra peu à son aise, à une destinée plus propice de musicien d’église, d’organiste, de pédagogue, il chercha longtemps sa voie jusqu’à la libération fulgurante de son énergie créatrice dans les dix dernières années de sa vie, marquée par cette étonnante suite de chefs-d’œuvre appartenant pleinement à l’histoire de la musique.
Ce que l’on nomma, hâtivement, le « mystère Franck » relève tant du mythe que d’une mauvaise compréhension du musicien, associée à des images d’Épinal surannées, à une légende dorée véhiculée par quelques disciples et pouvant altérer certaines vérités historiques et artistiques.
Victime d’un certain prosélytisme par ceux qui se réclamèrent le plus de lui, il s’affirma, par-delà l’habit de chef d’école qu’on voulut lui faire endosser, comme une personnalité incontournable, parfois controversée, du renouveau de la musique française après la défaite de 1870, assorti d’un ardent nationalisme.
Lors de la célébration du centenaire de la naissance de César Franck en 1922, Jean Chantavoine rappelait que « si du romantisme son caractère a gardé les enthousiasmes, son œuvre en gardera l’accent1 ».
Soyons confiants que le bicentenaire de sa naissance en 2022, marqué par d’importantes manifestations tant en Belgique que dans plusieurs villes européennes et par de nombreuses réalisations discographiques et éditions musicales, permettra à l’aura de César Franck de resplendir davantage, dans l’éclat particulier d’une œuvre dont on sait retenir les trois éléments essentiels de son message : la sincérité, l’émotion et la profondeur.
1
D’un pays à l’autre
Un enfant de Liège
Le 10 décembre 1822, à Liège, Nicolas-Joseph et Marie-Catherine Franck donnèrent naissance à leur premier enfant, prénommé César-Auguste-Jean-Guillaume-Hubert. Par la suite, trois autres fils virent le jour mais seul Jean-Hubert-Joseph (né en 1825) devait survivre. Du côté maternel et paternel, le sang était germanique et le premier Franck connu émigra d’Allemagne vers Aix-la-Chapelle au XVème siècle.
Les ancêtres de la famille Franck, appartenant à la bourgeoisie, étaient actifs dans les domaines de l’industrie et du fonctionnariat. Les derniers descendants de cette famille bien considérée dans la société et le milieu ecclésiastique, cumulèrent plusieurs fonctions dans l’administration locale, en particulier dans le milieu de la justice. Le grand-père paternel occupa les hautes fonctions de procureur de la justice de Gemmenich, de « Grossmayor » (sorte de bourgmestre du pays), de géomètre du duché de Limbourg, de notaire et de greffier. Son fils Nicolas-Joseph, venu de Völkerich ( hameau situé aux confins du Limbourg Hollandais et de la Prusse ) étudia à Aix-la-Chapelle avant de se fixer à Liège en 1817. C’est là qu’il se maria en 1820 avec Marie-Catherine-Barbe Frings, d’origine allemande et plus âgée que lui de six années. Le foyer des Franck s’établit au 13 rue Saint-Pierre ←17 | 18→(une rue ancienne de la vielle ville), près de la place Saint-Lambert. La façade de la maison du XVIIIème siècle a été modifiée en 1994 par l’architecte postmoderne Charles Vandenhove. Non loin de là, se trouve la collégiale Sainte-Croix2 où fut baptisé, le 12 décembre 1822, le petit César-Auguste. Une plaque en cuivre à-côté des fonts baptismaux porte le témoignage du baptême.
Résumé des informations
- Pages
- 212
- Année de publication
- 2022
- ISBN (PDF)
- 9782875746023
- ISBN (ePUB)
- 9782875746030
- ISBN (Relié)
- 9782875746016
- DOI
- 10.3726/b19761
- Langue
- français
- Date de parution
- 2022 (Juillet)
- Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
- Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 212 p., 53 ill. n/b.