Péripéties européennes
Mélanges offerts à Marie-Thérèse Bitsch à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire
Résumé
Reste à espérer que Marie-Thérèse Bitsch apprécie avec indulgence ces conclusions qui se veulent, au-delà de leur apport historiographique, une marque de fidélité et de reconnaissance pour ce qu’elle représente pour chacune et chacun des contributrices et contributeurs !
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- Introduction (Sylvain Schirmann)
- Liste des abréviations et des sigles
- Première partie La fabrique de l’Europe : décideurs, institutions et politiques européennes
- « Où sont aujourd’hui les clercs ? » Philippe de Schoutheete de Tervarent, diplomate belge et européen (Michel Dumoulin)
- Émile Noël et les premières Commissions (Gérard Bossuat)
- Conseiller et représenter. Essai sur les origines du Service juridique du Parlement européen (Étienne Deschamps)
- L’Union économique et monétaire : de Jean Monnet à Maastricht (Gilles Grin)
- Brève histoire de la politique énergétique de l’Union européenne (1973–2021) (Maria Gainar)
- Les relations entre le Conseil de l’Europe et la Communauté/Union européenne depuis le gentlemen’s agreement en 1987 : d’une coexistence concurrentielle vers une coopération structurée ? (Birte Wassenberg)
- Deuxième partie Les États face à l’Europe communautaire
- Les relations bancaires bilatérales entre la France et la Belgique (Éric BussiÈre)
- L’Italie, le gouvernement Andreotti et la réunification allemande (Antonio Varsori)
- Entre asymétrie et proximité : Convergences et désaccords franco-italiens sur la voie vers Maastricht (Jean-Marie Palayret)
- L’Allemagne et l’élargissement à l’Est de l’Union européenne (1989–2004) (Sylvain Schirmann)
- Le Royaume-Uni et l’Europe du Yes de 1975 au Leave de 2016–2022 (Robert Frank)
- Suisse–Union européenne. De la stratégie d’adhésion à la recherche d’un statut spécial 1992–2021 (Antoine Fleury)
- Troisième partie Les citoyens et l’Europe : entre approbation et contestations
- Le consensus permissif perdu : Les citoyens et la construction européenne depuis les années 1950 (Hartmut Kaelble)
- Les oppositions à la construction européenne depuis le traité de Maastricht (Martial Libera)
- La défaite de l’euroscepticisme. L’Union européenne face aux défis du Brexit et de Donald Trump (Wilfried Loth)
- Publications et travaux de Marie-Thérèse Bitsch
- Les auteurs
- Index des noms de personnes
- Titres de la collection
Introduction
Sa modestie dût-elle en souffrir, les pages qui suivent se veulent un hommage et un remerciement à Marie-Thérèse Bitsch à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire.
Depuis une quarantaine d’années, l’apport de Marie-Thérèse Bitsch à l’historiographie francophone de la construction européenne a été considérable. Arrivée en 1980 à l’Institut des Hautes Études européennes (IHEE) de l’Université de Strasbourg, elle y a développé avec Raymond Poidevin un enseignement et une recherche sur cette thématique, rares à l’époque. Elle a ainsi participé à l’organisation du premier colloque sur l’histoire de la construction européenne tenu à Strasbourg en 1984. De la même manière, dès les années 1990, elle fut la première historienne à investir le Conseil de l’Europe, parent pauvre de l’historiographie de la construction européenne. Membre du Groupe Identités, elle participa à l’imposant chantier mené par René Girault sur les identités européennes et aux colloques de ce réseau, notamment à ceux consacrés aux anniversaires décennaux du traité de Rome. Membre du Groupe de liaison des professeurs d’histoire contemporaine auprès de la Commission européenne, elle anima pour le groupe les chantiers consacrés à l’histoire institutionnelle de la construction européenne, ouvrit des perspectives novatrices à travers l’approche des relations Europe–Afrique et l’étude du fait régional en Europe. Sa notoriété lui valut de participer au premier volume de l’Histoire de la Commission européenne. Elle lui permit également de siéger dans de nombreux comités de rédaction de revues (Relations internationales, Revue d’histoire de l’intégration européenne) et dans des comités scientifiques (Fondation Jean Monnet, Maison de Robert Schuman, pour n’en citer que quelques-uns). Sa bibliographie, qui figure à la fin de ce volume, montre s’il en était besoin l’étendue de cet apport. Historienne reconnue par ses pairs, Marie-Thérèse Bitsch fut sollicitée ←11 | 12→pour dispenser des enseignements dans des institutions prestigieuses – Collège Europe sur les deux campus de Bruges et de Natolin ; Institut des Hautes Études internationales et du développement de Genève – sans compter les invitations d’universités françaises et étrangères.
À Strasbourg, Marie-Thérèse Bitsch organisa les études historiques sur la construction européenne. Elle fut à la fois directrice du département d’histoire de l’IHEE, responsable du diplôme d’études approfondies (DEA) de Relations internationales et directrice du Centre d’histoire des relations internationales (CHRI), l’équipe de recherche des historiens en relations internationales. Titulaire d’une Chaire Jean Monnet ad personam, elle assura les enseignements fondamentaux sur sa thématique de prédilection. Elle sut surtout fédérer une équipe d’historiens des relations internationales au sein du CHRI, fidèle en cela à l’héritage de l’École française des relations internationales et à celui laissé à Strasbourg par Raymond Poidevin. Elle fit ainsi soutenir sous sa direction des thèses importantes, plusieurs d’entre elles ayant été primées. Son engagement et son dévouement ont ainsi permis de faire de l’université de Strasbourg un des pôles francophones majeurs en histoire des relations internationales et de la construction européenne. Sur le socle qu’elle a laissé à son départ en retraite, Sciences Po Strasbourg, qui a depuis lors fusionné avec l’IHEE, a pu développer un master Relations internationales, constitué de plusieurs parcours, et consolider l’ancrage des études européennes à Strasbourg.
Les contributeurs de ce volume souhaitent avant tout remercier Marie-Thérèse Bitsch. Certains d’entre eux sont des collègues avec lesquels elle a animé bien des projets de recherche et organisé de nombreux colloques. Avec d’autres et parfois les mêmes, elle a participé à l’aventure du Groupe de liaison, de Relations internationales. Sans oublier que d’aucuns ont été ses anciens étudiants ou doctorants, qu’elle a suivis dans leurs premiers pas de chercheurs. À quelque degré que ce soit, toutes et tous ont pu compter sur sa disponibilité, son écoute rare et son engagement. Elles et ils entendent également souligner son apport à l’historiographie de la construction européenne. Qui d’entre elles ou d’entre eux n’a jamais eu recours à cette très belle synthèse qu’est l’Histoire de la construction européenne, rééditée à maintes reprises ?
Remercier et rendre hommage à cette « belle personne », les auteurs ont choisi de le faire à travers les textes de ce volume. Ils portent tous sur l’histoire de la construction européenne à divers titres. Et en résonnance avec les centres d’intérêt de Marie-Thérèse Bitsch. Il y est essentiellement ←12 | 13→question d’acteurs de la construction européenne. Les individus d’abord. Certains se situent au croisement d’une carrière diplomatique marquée par la gestion des questions européennes et du monde universitaire, comme Philippe de Schoutheete ; d’autres ont été des décideurs de premier plan, soit pour le compte de leur État, comme Giulio Andreotti, soit pour les institutions européennes, comme Jacques Delors. Avec eux, on brasse une période qui court des années 1960 aux années 1990, allant de la crise de la chaise vide jusqu’à l’Union économique et monétaire (UEM) en passant par la réunification allemande. À côté de ces personnalités incontournables, on ne peut pas ne pas évoquer le rôle des États. La chronologie abordée est moins ample, s’intéressant surtout à l’après-guerre froide. Une place essentielle est donnée aux « grands » États : France, Italie, Royaume-Uni et Allemagne. Ces acteurs ont été en première ligne dans les sujets majeurs de la construction européenne : la transformation de la Communauté économique européenne (CEE) en Union européenne (UE) à partir du traité de Maastricht et la difficile évolution institutionnelle de cette Union ; son élargissement à l’Est de l’Europe avec en filigrane le problème des frontières de cette UE. Et cette question lancinante du rapport du Royaume-Uni à l’UE qui se termine par le Brexit. Il nous paraissait important d’avoir également la vision d’un État européen extérieur à l’UE. Le cas suisse évoqué dans cet ouvrage est emblématique à cet égard. Ces États sont confrontés aux institutions européennes – qu’ils ont contribuées à instaurer – qui mettent en œuvre les politiques européennes. Y-a-t-il compétition ou complémentarité entre les organisations européennes ? Cette question est abordée à travers les relations entre l’UE et le Conseil de l’Europe. Cette troisième catégorie d’acteurs est cependant davantage consacrée aux institutions de l’UE. Commission, Parlement européen, Banque centrale sont non seulement en quête de pouvoir et d’affirmation, ils ont en coresponsabilité les politiques européennes, qu’ils impulsent, contrôlent et surveillent, quitte parfois à entrer en conflit entre eux ou avec les États. La politique énergétique et la gestion de l’UEM en fournissent des exemples dans ces pages. Il fallait ensuite tenter une forme de bilan et interroger la réalité de la construction européenne actuelle, celle d’une Union qui s’intègre, mais qui reste en même temps fortement contestée. Delors, considéré comme un des présidents de la Commission qui a le plus favorisé l’intégration européenne, peut-il être encore un inspirateur pour l’UE d’aujourd’hui ? Ou alors les oppositions à la construction européenne depuis Maastricht fragilisent-elles l’édifice ? Les réponses à ces questions livrées dans les ←13 | 14→pages de cet ouvrage invitent à un relatif optimisme, soulignant pour une contribution que les rapports des citoyens à l’UE ne sont pas aussi accablants que certains le prétendent ; insistant pour une autre sur le fait que le Brexit ou la présidence Trump constituent des contre-modèles pour les professeurs d’anti-européisme ou d’euroscepticisme. Une troisième pointe cependant le discrédit que font peser sur l’UE crises récurrentes et absence de politisation de la construction européenne.
Cet hommage à l’occasion du quatre vingtième anniversaire de Marie-Thérèse Bitsch effleure ainsi des questions récurrentes de la construction européenne : jeu, rôle et objectifs des multiples acteurs du processus ; compétition, complémentarité, convergence ou compétition entre les acteurs ; positionnement international de l’UE ; intégration, approfondissement ou coopération intergouvernementale ; attitudes multiformes face à la construction européenne. Quel bilan faire de ce processus ? En tout état de cause ces pages montrent l’apport indéniable de la construction européenne, mais soulignent également que l’UE se trouve à la croisée des chemins tant les défis restent élevés.
Reste à espérer que Marie-Thérèse Bitsch apprécie avec indulgence ces conclusions qui se veulent, au-delà de leur apport historiographique, une marque de fidélité et de reconnaissance pour ce qu’elle représente pour chacune et chacun des contributrices et contributeurs à ce volume !
Résumé des informations
- Pages
- 324
- Année
- 2022
- ISBN (PDF)
- 9782875746238
- ISBN (ePUB)
- 9782875746245
- ISBN (Broché)
- 9782875746221
- DOI
- 10.3726/b19725
- Langue
- français
- Date de parution
- 2022 (Juin)
- Published
- Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 324 p.
