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Lire les textes anciens italiens

Éléments de morpho-syntaxe diachronique

de Catherine Camugli Gallardo (Auteur)
©2022 Monographies 486 Pages

Résumé

Si l’on trouve facilement des ouvrages de phonologie et de morphologie de l’italien pour un public universitaire, les ouvrages portant sur la syntaxe des textes anciens italiens, et écrits pour un public francophone sont plus rares.
C’est pour répondre à la curiosité de ses étudiants que l’auteure a élaboré ce livre original, nourri par sa formation de syntacticienne et ouvert à la dimension dialectale italienne contemporaine. Les faits de langue exposés, au-delà de l’anecdotique, ouvrent des réflexions plus larges sur la langue. La terminologie grammaticale est toujours précisée en tête de chapitre, les exemples systématiquement situés dans leur contexte pour une compréhension plus aisée des phénomènes, les exercices et leur correction révèlent la finesse des choix linguistiques des auteurs.
Loin d’être un exercice rébarbatif, l’observation des textes anciens fait ressortir les potentialités foisonnantes de la langue et constitue un jeu dynamique à l’image des paroles gelées de Rabelais. Que la lecture en soit joyeuse et ouvre à la découverte captivante des auteurs anciens italiens !
“Nous disposons enfin en français d’un ouvrage théorique-pratique, à la fois didactique et savant, sur la variation morpho-syntaxique diachronique de l’italien ; l’excursus chronologique va du latin à l’italien du XVIe siècle, avec un regard comparatif porté sur les autres langues romanes et sur les dialectes de la péninsule.”
- Viviana Agostini-Ouafi, Maître de conférences auprès du Département d'Italien de l'Université de Caen, en publie une recension dans la revue Transalpina - Études Italiennes, sur le site web OpenEdition Journals et sous le lien https://journals.openedition.org/transalpina/4078

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Remerciements
  • Avant-Propos
  • Sommaire
  • Abréviations & Signes utilisés
  • I. Pour commencer : cadre historique, linguistique et méthodologique
  • 1. Le latin. Quel latin ?
  • 1.1. Données historiques et géographiques
  • 1.1.1. L’extension temporelle de la latinophonie
  • 1.1.2. L’expansion géographique : de Rome à l’Empire romain
  • 1.2. Les variations du latin
  • 1.2.1. Le latin et les autres parlers : substrats et adstrat
  • 1.2.2. Variation des statuts des parlers
  • 1.2.3. Le latin dans le quotidien d’un locuteur, la variation interne du latin
  • 1.4. Sur quels témoignages repose la réflexion linguistique ?
  • 1.4.1. Des supports quotidiens rares
  • 1.4.2. Les auteurs latins souvent cités
  • 1.4.3. Quelles étiquettes adopter ?
  • 2. De l’Empire romain à la Romania
  • 2.1. Un faisceau de facteurs
  • 2.1.1. Sous l’Empire, les amorces d’une crise
  • 2.1.2. Des migrations successives
  • 2.2. Le Christianisme : élément de désagrégation ou facteur de cohésion ?
  • 2.2.1. Une culture nouvelle
  • 2.2.2. Changement de statut des communautés de religion chrétienne
  • 2.3. Comment s’est faite la transition linguistique ?
  • 2.3.1. Cadres de réflexion
  • 2.3.2. Sur quels documents s’appuient les réflexions linguistiques actuelles ?
  • 2.3.3. Dénominations et métatermes
  • 3. L’ancien italien n’est pas un latin abâtardi
  • 3.1. L’italien ne s’est pas construit uniquement par les écrivains
  • 3.2. Une place plus juste pour Dante, Boccace et Pétrarque
  • 3.3. Pour une périodisation interne
  • 4. Proposition méthodologique et processus linguistiques
  • 4.1. Un canevas de travail
  • 4.1.1. Le modèle
  • 4.1.2. Une application : les verbes ire/andare
  • 4.2. Le processus dit de grammaticalisation
  • 4.3. L’évolution naturelle quelquefois réajustée par l’analogie
  • Conclusion
  • Annexe 1. Carte de l’extension du latin dans l’Empire romain
  • Annexe 2. Grandes périodes de l’histoire romaine
  • Exercice 1. Rendons à César : les auteurs latins et leurs œuvres
  • Exercice 2. Les auteurs italiens du corpus
  • Exercice 3. L’adverbe latin crās, ‘demain’, a-t-il vraiment disparu des langues romanes ?
  • Correction des exercices
  • Exercice 1. Rendons à César : les auteurs latins et leurs œuvres
  • Exercice 2. Les auteurs italiens du corpus
  • Exercice 3. L’adverbe latin crās, ‘demain’, a-t-il vraiment disparu des langues romanes ?
  • II. Des marques casuelles latines à l’ordre des mots italien
  • 0. Notions préliminaires
  • 0.1. Catégories grammaticales et fonctions syntaxiques
  • 0.2. Statut relatif des fonctions
  • 0.3. Comment les langues marquent-elles les fonctions ?
  • 1. Structuration d’une phrase latine
  • 1.1. Cinq classes de noms : cinq « déclinaisons » inégales
  • 1.2. Indications des fonctions : les désinences casuelles
  • 1.2.1. Le nominatif (nominativo)
  • 1.2.2. Le vocatif (vocativo)
  • 1.2.3. L’accusatif (accusativo)
  • 1.2.4. Le génitif (genitivo)
  • 1.2.5. Le datif (dativo)
  • 1.2.6. L’ablatif (ablativo)
  • 1.3. En combinant fonctions et classes de mots
  • 2. Une évolution pluriséculaire qui commence dès la latinité
  • 2.1. Réduction casuelle
  • 2.1.1. Le vocatif se cache
  • 2.1.2. Neutralisation génitif (appartenance) – datif (dation)
  • 2.2. Un rôle accru des prépositions dès la latinité
  • 2.2.1. Concurrence « Datif vs Prép. a » pour un mouvement orienté
  • 2.2.2. La Prép. de l’extraction (de + Abl.) pour dire l’appartenance
  • 2.2.3. Quel ordre des mots dans le groupe génitif ?
  • 3. Les fonctions Sujet /Objet et l’ordre des mots
  • 3.1. De l’ordre syntaxique latin à l’ordre roman
  • 3.2. Quel ordre des mots à l’époque de Boccace ?
  • 3.3. L’accusatif prépositionnel
  • 4. Réajustements des suffixes nominaux
  • 4.1. Réfections (ou non) de pluriels féminins
  • 4.1.1. Le cas de la mano
  • 4.1.2. Des noms féminins en–a entre deux pluriels possibles
  • 4.2. La disparition du neutre et l’indécision sur les finales
  • 4.2.1. La marque du féminin prévaut
  • 4.2.2. Poursuite de la réfection sur un canevas féminin
  • 4.2.3. Réfection à partir du singulier
  • 4.2.4. Quand l’exubérance est conservée, les doubles pluriels
  • Conclusion
  • Exercice 4. Ordre des mots : autour de constructions génitives figées
  • Exercice 5. Ordre des mots : la place de l’Objet
  • Exercice 6. Les doubles pluriels
  • Correction des exercices
  • Exercice 4. Ordre des mots : autour de constructions génitives figées
  • Exercice 5. Ordre des mots : la place de l’Objet
  • Exercice 6. Les doubles pluriels
  • III. Le démonstratif latin, l’article et le ProN italiens
  • 0. Repères
  • 0.1. La référence
  • 0.2. L’actualisation
  • 0.3. La deixis
  • 0.4. Les types de référence
  • 0.5. L’anaphore
  • 1. La sphère nominale : l’Art. Déf.
  • 1.1. Morphèmes et fonctions en latin classique
  • 1.1.1. Système ternaire latin
  • 1.1.2. Variations et spécificités autour de la Pers. 3 : is, ille et ipse
  • 1.2. En protoroman
  • 1.2.1. Perte de la valeur déictique
  • 1.2.2. Un facteur externe : la pression relative d’adstrats
  • 1.2.3. L’évolution varie selon les lieux
  • 1.3. L’article défini en italien ancien
  • 1.3.1. Morphologie(s) du latin à l’italien
  • 1.3.2. Les dialectes se partagent les deux options
  • 1.3.3. Il ou el ?
  • 1.3.4. Variation lo/il en italien ancien
  • 1.3.5. La distribution des formes chez Dante
  • 2. D’où viennent les autres déterminants actuels ?
  • 2.1. Création de nouveaux déictiques
  • 2.1.1. Renforcement déictique
  • 2.1.2. Pourquoi iste comme composant de Pers. 1 ?
  • 2.1.3. Conserver ou non un système ternaire ?
  • 2.1.4. Codesto
  • 2.2. Origine de l’article indéfini roman
  • 3. La sphère verbale : les « pronoms /ProN »
  • 3.1. Jouer avec les variations phono-graphiques
  • 3.1.1. La palatalisation, un processus dynamique
  • 3.1.2. En italien ancien, les formes Sujet/Objet
  • 3.1.3. La rétroflexion méridionale
  • 3.1.4. Quand l’analogie intervient
  • 3.2. Variations de formes et fonctions
  • 3.2.1. Fonction Objet : les variations lo/il chez Boccace
  • 3.2.2. Pourquoi (il)lor(um)/loro a-t-il quitté sa fonction génitive d’origine ?
  • 3.3. Variation de position syntaxique des ProN clitiques
  • 3.3.1. Repères préliminaires
  • 3.3.2. Pour l’italien ancien : la loi dite de Tobler et Mussafia
  • 3.3.3. Des exemples extraits des auteurs fréquemment lus
  • 3.3.4. Au delà du simple jeu syntaxique
  • 4. Phénomènes morphosyntaxiques connexes
  • 4.1. Une suffixation analogique sans lendemain : eglino/elleno
  • 4.2. Un « ProN » préverbal dans les dialectes septentrionaux
  • 4.3. Enclise(s) dans l’interrogation
  • 4.4. Dans le groupe nominal, l’enclise du possessif
  • Conclusion
  • Exercice 7. Variation dialectale de l’Article Déf. Masc. Sing.
  • Exercice 8. Distribution des Art. Déf. chez un auteur non toscan et antérieur à Dante
  • Exercice 9. Distribution de l’Art. lo/il selon les travaux de Gröber
  • Exercice 10. Enclise du ProN dans les textes anciens
  • Exercice 11. ProN Sujet ou non ? Variations dans les dialectes
  • Correction des exercices
  • Exercice 7. Variation dialectale de l’Article défini Masc. Sing.
  • Exercice 8. Distribution des Art. Déf. chez un auteur non toscan et antérieur à Dante
  • Exercice 9. Distribution de l’Art. lo/il selon les travaux de Gröber
  • Exercice 10. Enclise du ProN dans les textes anciens
  • Exercice 11. ProN Sujet ou non ? Variations dans les dialectes
  • IV. Du système verbal latin au système verbal italien : les innovations romanes
  • 0. Repères généraux sur le verbe
  • 0.1. Morphologie du verbe
  • 0.1.1. Les éléments d’une forme verbale
  • 0.1.2. Formes synthétiques (vs formes analytiques) et périphrastiques.
  • 0.1.3. Un système verbal
  • 0.2. Temps et aspect
  • 0.2.1. Temps notionnel et temps verbaux
  • 0.2.2. Qu’appelle-ton aspect ?
  • 0.2.3. Aktionsart
  • 0.3. Modes et modalités
  • 1. Création du passé composé actuel et du nouveau passif
  • 1.1. Évolution vers la structure romane
  • 1.1.1. Deux valeurs pour une même forme verbale
  • 1.1.2. Des formations analytiques sont déjà en œuvre
  • 1.1.3. Les composants : le participe verbal avec l’auxiliaire habere
  • 1.1.4. évolution protoromane
  • 1.2. La lente perte de l’accord avec l’Objet
  • 1.2.1. Rappel de la situation actuelle
  • 1.2.2. Variabilité des étapes intermédiaires
  • 1.2.3. Que signifie le non-accord ?
  • 1.2.4. Mobilité des éléments et tmèse ?
  • 1.3. Les valeurs des formes du passé
  • 1.3.1. L’opposition actuelle passé composé vs passé simple
  • 1.3.2. L’opposition imparfait vs passato remoto en italien ancien
  • 1.3.3. Retour sur l’expression de l’Agent au passif
  • 2. Réfection du futur et création du conditionnel
  • 2.1. La réfection du futur des LR
  • 2.1.1. Une situation latine propice au changement
  • 2.1.2. L’innovation romane a un précédent latin
  • 2.1.3. Variations structurelles, diachroniques et diatopiques
  • 2.1.4. Concurrence du Présent
  • 2.2. Création du conditionnel
  • 2.2.1. Quelles fonctions pour le conditionnel ?
  • 2.2.2. Aspect formel : trois suffixations concurrentes
  • 2.3. Variations morphologiques de la base au futur et au conditionnel
  • 2.3.1. Dissimilation (ou non) au 1er groupe : le système contre la norme
  • 2.3.2. Variations sur la base verbale
  • 3. Autour du gérondif
  • 3.1. Conservation du gérondif-ndo
  • 3.1.1. Vers une forme unique
  • 3.1.2. Concurrence ou complémentarité avec le participe présent ?
  • 3.1.3. Traduire vers le français
  • 3.2. Les périphrases verbales créées à partir du gérondif
  • 3.2.1. Les périphrases avec des verbes de mouvement
  • 3.2.2. Pourquoi les verbes andare et venire ?
  • 3.2.3. Recherche de paramètres
  • 3.2.4. Mandare + gerundio
  • 3.2.5. Verbes statifs + gérondif
  • 4. Quand l’analogie s’en mêle : remarques morphologiques
  • 4.1. À l’indicatif présent, la Pers. 4 est-elle -emo ou -iamo ?
  • 4.1.1. Une réfection toscane
  • 4.1.2. La forme en -emo est conservée dans des dialectes
  • 4.1.3. Réfections dialectales : les possibles
  • 4.2. Réfection (populaire) ou norme (de classe) ?
  • Conclusion
  • Exercice 12. Vers le « passé composé » : ± accord du participe avec l’Objet
  • Exercice 13. Vers le passé composé : ordre des éléments
  • Exercice 14. Les conditionnels
  • Exercice 15. « Andare » dans les structures périphrastiques avec gérondif
  • Exercice 16. Deixis des structures périphrastiques avec gérondif (autour de Calandrino)
  • Exercice 17. Formes verbales méli-mélo
  • Correction des exercices
  • Exercice 12. Vers le « passé composé » : ± accord du participe avec l’Objet
  • Exercice 13. Vers le passé composé : ordre des éléments
  • Exercice 14. Les conditionnels
  • Exercice 15. « Andare » dans les structures périphrastiques avec gérondif
  • Exercice 16. Deixis des structures périphrastiques avec gérondif (autour de Calandrino)
  • Exercice 17. Formes verbales méli-mélo
  • V. Prépositions, adverbes et connecteurs
  • 0. Repères
  • 0.1. Qu’entend-on par préposition ?
  • 0.2. L’adverbe (Adv.)
  • 0.3. Entre Prép. et Adv., des frontières perméables
  • 0.4. Connecteurs
  • 1. Héritages fidèles non partagés
  • 1.1. La polyvalence originelle d’onde, conservée et enrichie
  • 1.2. Des conservations temporaires
  • 1.2.1. Les adverbes suso et giuso
  • 1.2.2. Le groupe ProN.-Prép. seco
  • 1.2.3. Une étape désormais perdue : le connecteur dipoi
  • 2. évolutions partagées
  • 2.1. Les Prép. sous l’éclairage de la grammaticalisation
  • 2.1.1. Il faut considérer tout le syntagme
  • 2.1.2. Variation interlangue
  • 2.1.3. Prép. senza/ sanza
  • 2.2. L’adverbe en -mente à partir du groupe « Adj. + N »
  • 3. Carambolages grammaticalisés
  • 3.1. L’italien assai ne correspond pas au français assez
  • 3.2. L’effet de contextes négatifs
  • 3.2.1. De magis ‘plus’ à mai ‘jamais’ : un virage à 180o
  • 3.2.2. Le connecteur però : de la cause à la réfutation
  • 3.2.3. La négation d’un terme francique
  • Conclusion
  • Exercice 18. La Prép. composée mercé di
  • Exercice 19. L’adverbe en -mente
  • Exercice 20. Les valeurs de però
  • Exercice 21. Les acquis du chapitre
  • Correction des exercices
  • Exercice 18. La Prép. composée mercé di
  • Exercice 19. L’adverbe en -mente
  • Exercice 20. Les valeurs de però
  • Exercice 21. Les acquis du chapitre
  • VI. La phrase complexe : éléments de compréhension
  • 0. Métatermes
  • 0.1. Phrase et énoncé ; phrase simple et phrase complexe
  • 0.2. Les différentes articulations des propositions entre elles
  • 0.2.1. Les Prop. sont placées sur le même niveau
  • 0.2.2. Relations de dépendance
  • 0.2.3. La Complétive
  • 0.2.4. La Prop. Relative
  • 0.2.5. Les Adverbiales
  • 0.2.6. Protase et apodose
  • 0.3. Conjonctions et autres métatermes
  • 1. évolution et variation de la complétive
  • 1.1. Les constructions complétives du latin
  • 1.1.1. L’infinitive avec Sujet à l’Accusatif
  • 1.1.2. Une Prop. introduite par quod
  • 1.1.3. Une Prop. précédée de la Conj. ut + Subj.
  • 1.2. Extension de la complétive introduite par quod
  • 1.2.1. Dès le latin
  • 1.2.2. Le processus se poursuit en protoroman
  • 1.3. En italien ancien
  • 1.3.1. Deux structures dans le même diasystème
  • 1.3.2. Variations de la conjonction
  • 2. Les conjonctions des Adverbiales
  • 2.1. La réfection romane des Conj. autour du pivot [K]‌
  • 2.2. Conjonctions autour de la Cause
  • 2.2.1. Per che et perché, connecteurs et conjonctions
  • 2.2.2. Les variantes però che et per ciò che
  • 2.2.3. évolution du Temps à la Cause : poiché
  • 2.3. Une locution sans lendemain : con ciò sia/fosse (cosa) che
  • 3. La Relative et ses ProN
  • 3.1. La réduction morphologique du relatif dans les LR
  • 3.2. La distribution de la Conj. peut ne pas correspondre à l’état actuel
  • 3.3. La ré-invention de il quale
  • 3.3.1. Les fonctions actuelles des relatives
  • 3.3.2. Une troisième fonction en latin ?
  • 3.3.3. Un « relatif de liaison » en italien ancien
  • 4. Adverbiales par juxtaposition
  • 4.1. Une construction héritée du latin
  • 4.2. Les constructions participiales
  • 4.2.1. Une structure pas si chaotique que cela
  • 4.2.2. Valeurs et apports de la participiale
  • 4.3. La structure avec gérondif
  • Conclusion
  • Exercice 22. De l’Infinitive à la Complétive
  • Exercice 23. Les conjonctions causales : però che vs perché
  • Exercice 24. La valeur discursive de con ciò sia/fosse cosa che chez Boccace
  • Exercice 25. Les nuances des appositions gérondives
  • Correction des exercices
  • Exercice 22. De l’Infinitive à la complétive
  • Exercice 23. Les conjonctions causales : però che vs perché
  • Exercice 24. La valeur discursive de con ciò sia/fosse cosa che chez Boccace
  • Exercice 25. Les nuances des appositions gérondives
  • VII. Pour finir : comment lire un texte ancien
  • 0. Rappel de ce qui n’est plus une évidence de nos jours
  • 0.1. Des supports différents
  • 0.2. Des textes liés à une certaine oralité
  • 0.3. Considérer la syntaxe autrement
  • 1. Liens rythmiques et anaphoriques
  • 1.1. Les coordinations avec e
  • 1.2. Lo quale continuatif
  • 1.2.1. Comportement syntaxique
  • 1.2.2. Aspect fonctionnel
  • 1.3. Reprises lexicales
  • 1.3.1. Une reprise pure et simple de lexèmes
  • 1.3.2. Reprises par dérivations morphologiques
  • 1.3.3. Autres jeux lexicaux : poésie religieuse et poème chevaleresque
  • 2. Pour distinguer différents plans dans la narration
  • 2.1. Gérondives et participiales
  • 2.1.1. Ce que l’on observe dans les textes
  • 2.1.2. Position syntaxique, rythme et narration
  • 2.2. La deixis
  • 3. Quand ces procédés se mêlent et se renforcent
  • 3.1. Autres connecteurs récurrents, alternatifs ou cumulés
  • 3.1.1. Allora
  • 3.1.2. Le connecteur onde
  • 3.1.3. L’adverbe sì ‘ainsi’
  • 3.2. La parahypotaxe
  • 3.2.1. La coordination e/et, là où on ne l’attend plus actuellement
  • 3.2.2. « Maladresses » de la langue ancienne ?
  • Conclusion
  • Exercice 26. Prosa media : récit de voyage (Polo, Il Milione)
  • Exercice 27. Prosa media : autobiographie (Cellini, Vita)
  • Exercice 28. Prosa media : chronique historique (Compagni, Cronica)
  • Exercice 29. Prosa media : chronique historique (Villani, Nuova cronica)
  • Exercice 30. Prose narrative : Il Novellino
  • Exercice 31. Reprises lexicales – 1 (Decam. I, 2 début)
  • Exercice 32. Reprises lexicales – 2 (Decam. I, 2 fin)
  • Exercice 33. Reprises lexicales – 3 (Decam. X, 1)
  • Correction des exercices
  • Exercice 26. Prosa media : récit de voyage (Polo, Il Milione)
  • Exercice 27. Prosa media : autobiographie (Cellini, Vita)
  • Exercice 28. Prosa media : chronique historique (Compagni, Cronica)
  • Exercice 29. Prosa media : chronique historique (Villani)
  • Exercice 30. Prose narrative : Il Novellino
  • Exercice 31. Reprises lexicales – 1 (Decam. I, 2 début)
  • Exercice 32. Reprises lexicales – 2 (Decam. I, 2 fin)
  • Exercice 33. Reprises lexicales – 3 (Decam. X, 1)
  • VIII. Corpus : auteurs & œuvres
  • 1. Poésie religieuse
  • 1.1. 13e siècle : Ombrie
  • 1.2. 14e siècle : Toscane
  • 2. Textes en prose
  • 2.1. Prose « media »
  • 2.1.1. Récit de voyage : 13e siècle–14e siècle
  • 2.1.2. Chroniques historiques : 14e siècle, Toscane
  • 2.2. Prose narrative
  • 2.2.1. Fin 13e siècle : Toscane
  • 2.2.2. 14e siècle : Toscane
  • 3. Formes versifiées
  • 3.1. Formes versifiées toscanes
  • 3.2. Le poème chevaleresque (15e siècle–début 16e siècle)
  • 3.2.1. Le Tristano Riccardiano
  • 3.2.2. 15e siècle, Ferrare
  • 3.2.3. 16e siècle, Ferrare
  • 4. Trois auteurs jalons
  • 5. Variation dialectale
  • 5.1. Documents sonores en dialecte (chansons et films)
  • 5.2. Œuvres littéraires avec passages en dialecte
  • 5.3. Autre source écrite
  • 5.4. Autres romans cités
  • Ouvrages cités
  • Index des formes et des notions
  • Citations des textes anciens
  • Index des variations dialectales
  • Liste des exercices

←26 | 27→

Abréviations & Signes utilisés

Marques casuelles

Nom.

Nominatif

Acc.

Accusatif

Gén.

Génitif

Dat.

Datif

Abl.

Ablatif

Catégories grammaticales

Adj.

Adjectif

Adv.

Adverbe

Art. Déf.

Article défini

Conj.

Conjonction

Dém.

Démonstratif

Dét.

Déterminant

GV

Groupe verbal

N

Nom

Part.

Participe

Poss.

Possessif

Prép.

Préposition

ProN

« Pronom »

Prop.

Proposition

SN

Syntagme Nominal

V.

Verbe

Sing.

Singulier

Plur.

Pluriel

Ind.

Indicatif

Inf.

Infinitif

Subj.

Subjonctif

Personnes verbales

Pers. 1

1° Personne du Singulier

Pers. 4

1° Personne du Pluriel

Pers. 2

2° Personne du Singulier

Pers. 5

2° Personne du Pluriel

Pers. 3

3° Personne du Singulier

Pers. 6

3° Personne du Pluriel

Langues & variétés linguistiques

[Lat.]

Latin

[GR] Grec

[IT]

Italien

et

[IT actuel] [IT standard]

[Log.]

Logodurese (logodourien, parler sarde centro septentrional)

[Camp.]

Campidanese (parler sarde méridional)

[Sic.] Sicilien

LR

Langues romanes

[FR] Français

[ES] Espagnol

[PO] Portugais

[RO] Roumain

[CAT] Catalan

←27 | 28→Le soulignement signale les accents toniques : parte, partono

Les exemples

Quelle que soit la langue dont il est question, la numération de l’occurrence originelle porte l’indice (a), les numérations suivantes correspondent aux manipulations de diverses natures. Par ex. : (15a) citation, (15b) structuration, (15c) traduction.

Les exemples en latin sont décomposés par groupes morphosyntaxiques séparés par une barre verticale │de façon à guider le lecteur, puis traduits terme à terme selon la structure de cette langue et enfin redits dans une langue actuelle plus fluide.

Dans les manipulations

L’astérisque * précède un énoncé non-grammatical.

Le signe ? marque le résultat douteux et peu convaincant d’une manipulation.

Métatermes

Ceux-ci sont décrits de façon systématique en ouverture de chaque chapitre (rubrique §.0). D’autres, plus transversaux, le sont dans le corps du texte. Le terme apparait alors en gras lorsqu’il y est explicité ; ailleurs, l’astérisque en exposant* qui suit un terme, indique que celui-ci est explicité dans l’ouvrage. L’index des notions et métatermes en fin de volume permet de retrouver les pages des définitions.

Traductions des citations ou d’études linguistiques

Sauf indication contraire, celles-ci sont toujours de l’auteure.

←28 | 29→

I

Pour commencer : cadre historique, linguistique et méthodologique

Ce chapitre qui nous mènera de Rome à la Romania, est rythmé en trois périodes historiques : ce qui concerne la latinité (§ 1), puis la période de transition (§ 2) et enfin, celle de la naissance de l’ancien italien (§ 3). Chacune des parties entend rappeler quelques repères historiques qui servent de toile de fond ou de moteurs à la variation linguistique. Ces rappels ne cherchent pas à se substituer aux travaux des historiens mais à faire le lien entre l’aspect linguistique et l’histoire et la société. Un § 4 enfin, rassemble quelques concepts utiles du point de vue méthodologique pour l’analyse linguistique.

1. Le latin. Quel latin ?

L’italien, langue romane, est issu « du » latin. Mais qu’entend-on par ce singulier, LE latin ? De quelle langue s’agit-il ? Et par qui était-elle parlée ? Le latin n’est pas une entité linguistique monolithique. L’histoire ←29 | 30→du latin peut se dessiner en deux grandes périodes : une expansion progressive, la romanisation du monde occidental (ce § 1) et une récession politique avec des mutations sociales accélérant une diversification linguistique (infra § 2).

1.1. Données historiques et géographiques

1.1.1. L’extension temporelle de la latinophonie

Sur combien de siècles s’étend ce que l’on appelle la latinité ? Le tableau en annexe 2 (pp. 72–80) ne prétend pas à l’exhaustivité ; il est seulement destiné à fixer certains souvenirs d’histoire romaine. La dernière colonne à droite suggère des liens entre culture latine et culture italienne, que le lecteur est libre de compléter.

Que retenir de la lecture du tableau ? Si l’on met en relation les deux premières colonnes, en posant la borne initiale à la fondation légendaire de Rome (8e s. av. J.C) et en excluant délibérément la période étrusque, à laquelle Tite Live consacra pourtant trois livres de son Histoire romaine1, on constate que la lente expansion de Rome se déroule sur plus de dix siècles. Jusqu’à la fin de l’Empire d’Occident (476 ap. J.C) s’écoulent ainsi de dix à douze siècles.

Si nous transposons cette réalité à notre expérience de l’histoire de France et de sa langue, c’est-à-dire que du 21e s. où nous vivons, nous remontons d’autant dans le temps, dix siècles nous transportent au 11e s., époque où fut écrite la Chanson de Roland et douze siècles, aux Serments de Strasbourg (842), considérés comme fondateurs de la langue française parce qu’écrits en proto-français et non en latin. Or, le français des origines est souvent bien difficile pour un lecteur actuel. Nous mesurons ainsi combien il faut être prudent lorsque nous considérons une même langue sur une période aussi longue même si, on le verra, les caractéristiques du latin s’avèrent plus stables.

En effet, s’il a fortement évolué comme toute langue, le latin a conservé une certaine homogénéité à cause de la solidité d’un modèle « classique » qui a servi de référence, qui a fixé certains canons et freiné l’évolution de la langue écrite par rapport au parler quotidien. C’est là l’une de ses ←30 | 31→originalités, qui est peut-être à l’origine de cette appellation malencontreuse « LE latin », contre laquelle nous mettions en garde plus haut.

1.1.2. L’expansion géographique : de Rome à l’Empire romain

Un autre trait marquant de la latinité est aussi sa formidable extension géographique. Les raisons en sont bien connues : la variété des processus de colonisation, une administration rationnelle et des lois communes, un réseau efficace de voies de communication qui nous étonne encore aujourd’hui et donc, la possibilité d’un commerce dynamique et de relations culturelles. C’est ce qui assura le maintien de la latinité pendant tant de siècles, sur un territoire aussi étendu (infra, Annexe n°1, carte de l’extension du latin sous l’Empire).

La carte reproduit l’extension maximale de l’Empire et sa répartition sous Auguste. À l’Ouest, la péninsule ibérique conquise progressivement à la suite de la 2e guerre punique : l’Hispania citerior Tarraconensis (la Tarraconaise) et l’Hispania ulterior, partagée, sous Auguste, entre la Baetica (Bétique) comprenant l’actuelle Andalousie et le Sud du Portugal, et la Lusitania (Lusitanie), partie centrale du Portugal actuel. La mainmise sur l’ensemble de la péninsule s’achève avec la conquête de l’actuelle Galice, dans le Nord de l’Espagne, en 15 av. J.C.

La Gaule Cisalpine « en deçà des Alpes », l’actuelle Italie du Nord, est conquise comme avant-poste contre les incursions gauloises en 225–23 av. J.C ; d’abord colonie romaine, elle intègre l’Italie romaine en 42 av. J.C. La Gaule méridionale, Gallia Narbonensis est romaine en 118 av. J.C ; les peuples belgiques (Belgica) font allégeance en 57 av. J.C et les Aquitains un an plus tard. Après l’échec d’une révolte contre des promesses romaines non tenues (Alésia, 52), tout le territoire est annexé en 50 av. J.C. La carte porte l’indication Gallia Lugdunensis car la capitale est alors Lugdunum (Lyon).

La Britannia, soumise en 43 ap. J.C ne fut jamais complètement assimilée. Le fonds roman du lexique anglais actuel date de la conquête ultérieure par les Normands, au 11e s. et aux effets de leur administration.

Au Nord-Est, une série de territoires dont les contours ne coïncident pas avec les frontières actuelles : une partie de l’Allemagne (Germania inferiore), la Rhétie (Raetia) (15 av. J.C) qui équivaut à une partie de la Suisse actuelle, le Norique (Noricum) qui couvre partiellement Autriche, Bavière et Slovénie. La Pannonie (Pannonia, 10 av. J.C)2 et la Mésie (Moesia) correspondent à des territoires le long du Danube, grossièrement à la Hongrie.←31 | 32→

L’extension romaine sur la côte dalmate en Illyrie (Illyricum) est ancienne (167 av. J.C). Trois siècles plus tard, les Antonins (96–192) agrandirent l’Empire par la conquête de la Dacie, la Roumanie actuelle.

La façade africaine est linguistiquement divisée. À l’issue de la 3e guerre punique, la Numidie (Numidia), qui correspond à l’actuelle Tunisie et à une partie de l’Algérie, est province romaine en 30 av. J.C et le reste du Maghreb (Mauretania) est une royauté sous surveillance romaine. La Cyrénaïque et l’égypte restent sous l’influence grecque.

L’aire de grécophonie prévalente correspond à une mosaïque de cités-états, de monarchies et de Ligues. La Grèce, Achaia est en théorie libre mais sous surveillance romaine (146 av. J.C). La Macedonia, la Syria, l’Armenia furent l’objet sous l’Empire de guerres incessantes, ponctuées de traités fragiles.

Cette unification administrative et juridique apporte une relative communauté culturelle sur un territoire immense.

1.2. Les variations du latin

1.2.1. Le latin et les autres parlers : substrats et adstrat.

Certains faits sont essentiels à rappeler :

a)le latin n’est à l’origine que le parler des habitants de Rome ;

b)il est alors entouré d’autres parlers, ceux des Sabins, des Volsques, des Ombriens, des Samnites, etc. issus comme les habitants de Rome, d’une migration indo-européenne vers 1400 av. J.C.

c)Ces peuples ont investi l’espace occupé jusque-là par d’autres3.

Leurs langues ont constitué des substrats (sub ‘au-dessous’) au latin. Leur apport est discuté (Loporcaro, 2013 : 33–48) ; les plus ←32 | 33→récentes auraient laissé des traces au niveau du lexique technique et peut-être influencé des réalisations phonétiques (cf. n. 5). Le processus d’assimilation doit être de toute façon conçu dans une dynamique d’évolution.

d)À partir du 8e s. av. J.C, les Grecs commencèrent à fonder des colonies sur les côtes de ce que l’on appellera la Magna Grecia (Cumes, Tarente) ; c’est par elles que pénétra l’immense patrimoine intellectuel et culturel grec.

Le grec constitue un adstrat (ad ‘à côté/vers’), i.e. une langue contemporaine et voisine géographiquement ; il s’est conservé en tant que langue autonome, marquant le latin par des interférences. Plaute joue avec cette langue dans ses comédies (infra, corr. de l’ex. 1). Elle était connue du public, peut-être au même niveau que l’anglais de nos jours car d’une part, le grec était la langue des esclaves et des couches populaires et de l’autre, il était la langue de l’éducation des jeunes des familles nobles, qui faisaient des séjours d’étude en Grèce (les séjours Erasmus de l’époque) pour apprendre la langue et la culture grecques, comme Cicéron par exemple. C’est en grec que Marc Aurèle rédigea ses Pensées4.

1.2.2. Variation des statuts des parlers

Les Romains n’imposaient pas leur langue mais faisaient en sorte qu’on l’apprenne pour gravir des échelons dans la société. Selon le degré d’intégration sociale des locuteurs, ceux-ci maîtrisaient un ou deux codes linguistiques. La langue du dominant, langue administrative et véhiculaire des supérieurs, intègre des éléments autochtones5. À partir de Sylla, ←33 | 34→des territoires conquis furent confiés aux soldats vétérans, un peu comme Mussolini le fit quelques siècles plus tard pour les reduci di guerra6 ; ceci entraîna un brassage de parlers.

Comme dans toute situation de contact linguistique, il est légitime ici de faire l’hypothèse, au départ, de sabirs momentanés, puis d’un éventuel bilinguisme et dans certains cas, de diglossie : sabirs momentanés ou mieux interlangues, quand deux alloglottes, c’est-à-dire deux personnes parlant deux langues différentes (GR allos ‘autre’ – glôssa ‘langue’) doivent communiquer dans une situation urgente et créent à partir de celles-ci un parler mixte d’intercompréhension ponctuelle7 ; bilinguisme quand une même personne possède les deux langues (par ex. le latin et toute langue vernaculaire). Mais au vu de l’aspiration à l’accession à la citoyenneté romaine que nous venons d’évoquer, il convient d’imaginer une situation possible de diglossie, c’est-à-dire de deux codes linguistiques à prestige différent, le latin étant la variété haute de communication officielle et d’ascension sociale, les parlers locaux ne l’étant pas. Ce sont trois situations caractéristiques de contacts de langue à partir desquelles il faut reconstruire la complexité linguistique qui a été celle de l’Empire romain.

Comme dans tout processus d’apprentissage/ acquisition d’une langue étrangère, il est également naturel de penser que les réalisations linguistiques orales des natifs non-latinophones présentaient, à des degrés divers de maîtrise du latin, des traits articulatoires – ou autres – de la langue originellement parlée. Dès le début des contacts, le latin a eu des réalisations phonologiques régionales (Afrique, Espagne, Gaules) qui ont participé à son évolution.

Au terme de ce bref parcours géographique et linguistique, il importe de retenir que :

a)←34 | 35→la fédération de peuples sous et par une même langue et dans le même cadre politico-culturel va dessiner l’espace des LR, ce que l’on désigne sous le terme de Romania8 ; ce trait explique la proximité de certains faits linguistiques à l’intérieur de ce groupe de langues.

b)Le bon sens et les progrès de la recherche laissent concevoir une variation phonologique du latin selon les régions, ainsi que quelques particularismes lexicaux ou morpho-syntaxiques. Cette nouvelle vision des faits intègre très tôt la variation à l’intérieur de cet ensemble et la fait exister à une période bien antérieure aux invasions germaniques, en réalité dès 200 av. J.C (Adams 2007). Dans le passé, on leur attribuait et uniquement à celles-ci – la « désagrégation » linguistique de l’Empire romain9.

1.2.3. Le latin dans le quotidien d’un locuteur, la variation interne du latin

Outre la variation diatopique (liée à l’espace, GR topos ‘le lieu’) et la variation diachronique (liée au temps, chronos), il faut à tout moment prendre en compte les relations sociales et interlocutives. La sociolinguistique nous a appris qu’il est peu productif d’opposer un oral, souvent supposé non contrôlé, à un écrit soigné, de confondre le canal (oral/ écrit) et le registre (soutenu, informel, substandard, etc.), et ce, dans un système binaire qui s’avère fallacieux.

Illustrons le schéma proposé par Banniard (1997 : 20–21) et reproduit dans la figure 110. Cicéron, par exemple, est resté à la postérité pour l’efficacité de ses harangues d’avocat (A.1 et A. 2) mais il s’est adressé de façon différente à sa famille et à ses amis (A. 3) ou encore au charretier qui a pu le bousculer dans quelque rue de Rome (A. 4) ou (B.1). Ses plaidoiries et ses considérations philosophiques sont représentatives de (II.1) tandis que sa correspondance de (II.3). Les graffitis qui étaient lisibles à l’époque sur les murs relèvent de (II.4).

Fig. 1 – Variations sociolinguistiques du latin

I. Latin parlé

A. Latin parlé cultivé

B. Latin parlé populaire

1. Oratoire (discours)

1. Soutenu (communication verticale)11

2. Soutenu (vie officielle)

2. Familier (vie privée)

3. Familier (vie privée)

3. Relâché (idiolectes)

4. Relâché (idiolectes)

II. Latin écrit

1. Oratoire (discours, philosophie)

2. Soutenu (administration officielle)

3. Familier (correspondance, traités, techniques)

4. Relâché :

a) par imitation de B2 et B3

b) écriture de demi-lettrés (graffiti, inscriptions, lettres familières)

←35 | 36→Il n’y a pas un latin oral qui s’opposerait à un latin écrit mais DES oraux et DES écrits et il n’y a pas UN registre de langue qui caractérise un locuteur/scripteur et le fixe dans un statut langagier. Un même être parlant adapte son langage à l’objet de son propos, aux circonstances et à ses interlocuteurs, selon sa culture et ses affects du moment. Il a à sa disposition une gamme de possibles et la variation s’observe même au niveau individuel.

En conclusion, LE latin est une réalité multiforme (infra § 4, la notion de diasystème*). Pour bien concevoir ce kaléidoscope, il faut jouer à tout moment avec les paramètres :

À chaque instantané linguistique, il convient donc d’adopter une vision variationiste et non statique.←36 | 37→

1.4. Sur quels témoignages repose la réflexion linguistique ?

1.4.1. Des supports quotidiens rares

On possède très peu d’écrits quotidiens car beaucoup étaient vraisemblablement tracés sur des tablettes de cire à réemplois multiples. On évoque comme premier témoignage l’écuelle votive du Garigliano, du 5e s. av. J.C (Zamboni 2000 : 17) :

(1a)esomkommeiois sokioisTrivoia deom duonai.Nei pari med

(1b)[Lat class.] sum │cum meis sociis │Triviae dearum bonae. │Ne parias me.

(1c)sono │con i miei « soci » /uguali │alla dea Trivia, buona fra gli dei. │Non prendermi.

(1d)Je suis avec les autres objets votifs, à la déesse Trivia, bonne parmi les divinités. Ne t’empare pas de moi.

Des tablettes en bois, découvertes dans le fortin militaire de Vindolanda (aujourd’hui Chesterholm), au nord de l’actuelle Grande Bretagne et datant du 1er s. de notre ère (85–90 ap. J.C) contiennent des comptes, des inventaires et des informations sur l’ennemi (écrit II.3 de la Fig. 1)13 (Marazzini 2006 : 24–25). Des lettres familières sur papyrus plus tardives (2e s. ap. J.C, de l’époque de Trajan) ont été retrouvées en égypte (1924–34). Un corpus d’inscriptions non monumentales, pierres tombales dictées par le peuple et donc plus sujettes aux influences de l’oral, constitue le Corpus Inscriptionum Latinorum (CIL), ensemble des inscriptions de l’Empire au sens géographique.

Ces documents de latinité informelle montrent les évolutions déjà présentes en latin et révèlent en particulier l’érosion des désinences casuelles, des finales consonantiques verbales et l’évolution progressive de l’ordre des mots.

1.4.2. Les auteurs latins souvent cités

Les faits linguistiques sont ainsi souvent observés auprès d’auteurs dont on scrute les variations de registre et qui seront cités dans les chapitres de cet ouvrage : Plaute, Térence, Jules César, Cicéron, Virgile, Tite Live, etc.

Exercice 1, page 81.←37 | 38→

Il faut également adopter un filtre variationnel en ce qui concerne ces auteurs.

(i)Ils ne sont pas tous contemporains (cf. Annexe 2, fresque chronologique, pp. 72–80).

En effet, ont vécu sous la République romaine (509–27), deux écrivains de théâtre, Plaute (254–184 av. J.C) et plus proche de nous, Térence (190–159 av. J.C). Puis au 1er siècle av. J.C, période riche en mutations politiques : l’avocat Cicéron (106–43 av. J.C), Jules César (100–44 av. J.C) qui fut proconsul de la Gaule Cisalpine et le grammairien Varron (116–27 av. J.C.), un temps son adversaire politique. À la charnière des deux ères, l’historien Tite Live (59 av. J.C, 17 ap. J.C), auteur d’une Histoire de Rome (des origines à l’an 9 av. J.C, Ab urbe condita libri) et le philosophe Sénèque (4 av. J.C, 65 ap. J.C), précepteur malheureux de Néron. Pour terminer la liste des auteurs qui nous seront utiles, il faut citer deux auteurs plus tardifs : Pétrone (27– ? 66 ap. J.C), auquel on attribue le Satyricon, qui a inspiré Fellini pour son film éponyme (1969), et le religieux Saint Augustin (354–430), auteur de La Cité de Dieu et des Confessions, dont le témoignage est précieux pour comprendre ce qu’a pu être l’oralité latinophone loin de Rome (Banniard 1992).

Ainsi, les auteurs dont les œuvres serviront de base aux observations linguistiques ont vécu essentiellement à trois périodes de l’histoire romaine : la République (509–27), le début de l’Empire romain (époque dite classique14, « l’âge d’or » de la latinité) et la fin de l’Empire.

(ii)Ils habitent des zones différentes de l’espace romain.

Si César est né à Rome, Cicéron à Arpino et Varron à Rieti, tous trois dans le Latium, il en va autrement pour les autres. Plaute est originaire d’Ombrie tandis que Térence, esclave affranchi et admis dans la société de Scipion l’Africain, est né à Carthage, dans l’actuelle Tunisie, et Sénèque à Cordoue en Andalousie. Virgile vient de Mantoue et Tite Live de Padoue, en Gaule Cisalpine ; Saint Augustin a « exercé » dans l’actuelle Algérie. Des milliers de kilomètres séparaient leurs lieux de vie.←38 | 39→

Ces observations spatiales sont bivalentes : outre l’écart diachronique, on peut légitimement supposer que leurs parlers quotidiens présentaient des variations diatopiques* d’une part, et en même temps, on mesure la vitalité et l’extraordinaire diffusion de cette langue commune sur un espace si vaste.

(iii)Enfin, les œuvres de ces auteurs traitent de matières différentes et relèvent par là de genres différents : correspondance épistolaire (Cicéron, Sénèque), récit de guerre (Jules César) ou narration historique (Tite Live), épopée versifiée (Virgile), rhétorique ou réflexions grammaticales (Cicéron, Varron). Les œuvres varient sur l’échelle dite diamésique (oral/écrit) que l’on peut affiner en reprenant le continuum proposé par Nencioni (1983) : oralité mimétique chez Plaute et Térence (oral joué), oral-écrit dans les discours de Cicéron, écrit-écrit lorsqu’il les réélabore (Pro Milone) ou pour ses réflexions philosophiques, et pour celles de Sénèque, ainsi que dans le compte-rendu de guerre de Jules César ou l’histoire de Tite Live.

On ne peut que regretter la distorsion quantitative entre les traces d’un écrit normé et celles d’une langue quotidienne. Les témoignages de latin oral sont rares et/ou fortement filtrés par leur transcription dans les lettres de Cicéron, le théâtre de Plaute et de Térence et dans l’épisode du festin de Trimalcion de Pétrone15.

Pour conclure, notre focale est souvent fixée sur UN latin écrit et normé, limité à quelques siècles, l’âge « classique ». Il conviendra donc de peser avec prudence la spécificité de chacune des sources écrites que nous utiliserons.

1.4.3. Quelles étiquettes adopter ?

« Latin vulgaire », « bas latin », « latin parlé », « latin informel » ? L’étiquette latin vulgaire recouvre selon les chercheurs (et leur nationalité !) différentes réalités : l’adjectif « vulgaire », connoté de façon négative et surtout en France, a entraîné des polémiques dont Väänänen (2012 [1963] : 3–6) rend compte. Cette erreur d’appréciation, réduite par les apports récents de la sociolinguistique (supra Fig. 1), s’est appuyée sur certaines déclarations de Cicéron qui opposait à l’urbanitas, le sermo vulgaris (ou plebeius) ou la rustica vox et agrestis (De Oratore, 3, 11, 42). ←39 | 40→Ce dualisme a faussé pendant longtemps l’articulation des faits linguistiques16.

Parce qu’il n’existe que très peu de traces de l’oralité latine et de toute façon, ni en continu ni dans une couverture spatiale complète, on a longtemps méconnu l’existence d’un latin « immergé », pour traduire l’expression de Zamboni (2000 : 37), c’est-à-dire une continuité dans l’usage de variations parlées qui ont traversé les siècles sans bénéficier d’attestations écrites, et qui, elles-mêmes, ont évolué, pouvant expliquer certaines formes des langues romanes. Si le latin dit « classique » est ancré dans une période et lié à une classe sociale assez précise, correspondant ainsi à un modèle relativement stable, l’entité du latin « vulgaire » couvre un arc chronologique étendu.

L’étiquette latin vulgaire ne correspond pas à une époque (d’une prétendue « dégénérescence » du latin classique), ni à une connotation péjorative anachronique (registre substandard ‘du peuple’ vulgus) mais à une langue naturelle, quotidienne, parlée et écrite. Le terme correspond à tous les états successifs du latin ainsi qu’à ses variations sociales et régionales. Bien sûr le latin parlé de la fin de l’Empire a une grande importance pour l’évolution vers les LR mais il n’en constitue pas la seule composante.

À la périodisation proposée autrefois (« latin archaïque > latin classique > latin vulgaire »), il convient de substituer à la fois une périodisation externe et un feuilletage sociolinguistique :

a)Périodisation externe :

Résumé des informations

Pages
486
Année de publication
2022
ISBN (PDF)
9782807619234
ISBN (ePUB)
9782807619241
ISBN (MOBI)
9782807619258
ISBN (Broché)
9782807618077
DOI
10.3726/b19172
Langue
français
Date de parution
2022 (Août)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 486 p., 39 ill. n/b.

Notes biographiques

Catherine Camugli Gallardo (Auteur)

Catherine Camugli Gallardo est Maître de Conférences émérite (HDR) de l’Université de Paris Nanterre où elle a enseigné la Linguistique auprès du Département d’Italien. Elle a travaillé sur le figement lexical au sein du Lexique Grammaire et sur l’acquisition/apprentissage de la grammaire au Laboratoire MoDyCo (CNRS 7114) dont elle fait partie.

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