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Modalités de la communication scientifique et technique / Communicating Science and Technology

Perspectives historiques / Historical Perspectives

de Muriel Le Roux (Éditeur de volume)
©2023 Collections 344 Pages

Résumé

Si communiquer est aujourd’hui pour les scientifiques une injonction, ce livre a pour ambition d’explorer les arcanes des processus éditoriaux, communicationnels ou de vulgarisation, et de mettre en lumière les évolutions de cette activité inhérente aux sciences. La communication s’est ainsi, au fil du temps, codifiée, normalisée, du fait des scientifiques, d’institutions académiques d’État, d’éditeurs ou d’entreprises médiatiques. De façon générale, elle nécessite un émetteur, un message et un destinataire. Les communications scientifiques ne dérogent pas à la règle ; après validation des résultats par des spécialistes, les travaux sont communiqués à un plus grand nombre de chercheurs, puis vers différents « utilisateurs de connaissances » jusqu’au grand public. Elles proposent de partager l’état des connaissances disponibles sur un sujet donné à un moment T et peuvent concerner de grandes périodes de temps comme de longues distances. Il existe de nombreuses façons de communiquer : communication non verbale, visuelle, orale, écrite, imprimée, numérique, formelle, informelle… Dans ce volume, il n’est question que de communication sur des supports pérennes. L’histoire de la communication est aussi une histoire technique, depuis les tablettes d’argile sumériennes jusqu’à l’imprimé, sans omettre le télégraphe, le téléphone, la radio, la télévision, l’internet, ce dernier offrant la possibilité de correspondre et de lire les dernières communications sur un même support. Ce livre, en étudiant différents cas de l’époque moderne à nos jours, donne à voir les stratégies des scientifiques, leurs rapports avec les « promoteurs » de sciences quels qu’ils soient et souligne combien la communication scientifique est une affaire de culture et de politique. Histoire de ruptures, de continuités et d’invariants, l’histoire de la communication scientifique est aussi celle de notre rapport au monde.

Table des matières

  • Cover
  • Title
  • Copyright
  • About the author
  • About the book
  • Table des matières
  • Liste des contributeurs
  • Introduction
  • Un secrétaire d’ambassade au service de la communication savante. Le rôle de Francis Vernon à Paris entre 1669 et 1672
  • La carte au prisme d’un périodique mondain. Les textes sur la carte dans le Mercure de France, 1672-1771
  • Journals and the sciences in the provinces of the Kingdom of Naples, 1780s–1790s
  • Communication and civilization between Republic and Empire. Intellectual and political questions about scientific communications, 1795–1808
  • Two early modern examples of “popular science”. The role of scientific societies for Georg Philipp Harsdörffer and Charles Sorel
  • 1802, « l’invention des nuages » de part et d’autre de la Manche
  • Communiquer la science en dirigeant une collection scientifique : le cas de la « collection Borel » publiée par Gauthier-Villars
  • Faire connaître ses travaux. L’accès à la publication de la première génération de boursières et boursiers de la Caisse nationale des sciences
  • De l’utilisation des médias par les scientifiques : le cas de la pollution de l’air et de la forêt, 1880-2003
  • From databases to “information for the general public”. The long path toward the emergence of a public action for popularization in France at the turn of the 70’s
  • Les classements académiques médiatiques. Sociohistoire d’une coproduction capitaliste entre média, État et monde académique en France, 1976-1989
  • La propagande pour la science : le Bureau universitaire de statistiques et l’orientation vers les carrières scientifiques, de 1945 à la fin des années 1950
  • Communiquer la chimie verte
  • Developing molecular and physical gastronomy
  • Communiquer la science en réseaux… de données
  • Mailing lists as a means of communication between scientists. A new kind of corpus for historians of science

Introduction

Muriel Le Roux

CNRS, IHMC (CNRS, ENS, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) ; Maison Française d’Oxford

Marie Thébaud-Sorger

CNRS, Centre Alexandre Koyré ; Maison Française d’Oxford

Les contributions réunies dans ce volume procèdent d’un cycle de trois colloques internationaux « Communicating Sciences and Technology, historical perspectives, from 15th to present » pensés, il y a quelque temps, par Pietro Corsi, Robert Fox (université d’Oxford), John Perkins (✝), Viviane Quirk (université Oxford-Brookes), Serge Plattard, ambassade de France à Londres et Muriel Le Roux (Institut d’histoire moderne et contemporaine et Maison française d’Oxford).

À l’issue du premier colloque qui s’est tenu à Oxford, à la MFO, ce groupe d’historiens a été rejoint par Jeanne Peiffer (CAK), Christophe Charle (IHMC), pour le second colloque à Paris, à l’ENS-Ulm. Le dernier colloque, de retour à la MFO, fut coordonné, quant à lui, par Thomas Le Roux (CRH et MFO), Stephen Johnson (Museum of the History of Science, Oxford), Jean-Baptiste Fressoz (Imperial College, Londres), Fabien Locher (CRH).

Initiés par Muriel Le Roux, ces colloques ont bénéficié de soutiens administratifs (MFO et IHMC) et de partenariats institutionnels : l’ambassade de France à Londres (département science et technologie), le CNRS, l’université d’Oxford, l’ENS et le LabEx Transfer1.

La publication, pour des raisons impondérables, est quelque temps restée improbable, puis avec le soutien du LabEx Transfer et notamment d’Annabelle Milleville, le projet a pu être mené à bien. Certains collègues ont publié ailleurs leur présentation, c’est normal compte tenu du rythme académique. Outre le LabEx Transfer, Christophe Charle, l’IHMC, Frédéric Thibault-Starzyk et Marie Thébaud-Sorger de la Maison française d’Oxford, ont soutenu cette publication, confirmant la confiance accordée au projet initial.

Le fil conducteur des présentations et des débats des deux premiers colloques a été la longue durée ; comment communiquait-on les résultats de la science à l’époque moderne ou contemporaine, y eu-t-il des invariants ? Le dernier colloque se présentait, quant à lui, comme une étude de cas plus spécifiquement dédiée au climat et à la météo comme science populaire, le texte d’Anouchka Vasak en est l’illustration.

L’ouvrage rassemble seize textes et témoigne de pistes fructueuses autorisées par la rencontre et les échanges entre chercheurs appartenant à des institutions différentes et se proposant, de manière réflexive et historique, de réfléchir précisément à la manière dont la communication scientifique façonne l’espace de la recherche.

Ainsi que l’a démontré Guylaine Beaudry2, la communication scientifique régit en partie les interactions entre les acteurs scientifiques, institutionnels et les publics, mais à l’ère du numérique et de la dématérialisation des échanges, les modes de productions et de diffusion des savoirs scientifiques ont été bouleversés, comme Valérie Schafer et Alexandre Hocquet l’évoquent dans ce livre. Depuis le 17e siècle et l’émergence institutionnelle de la science moderne, la nature des relations entre les acteurs définit corrélativement ce qui relève à la fois de l’espace savant et de la diffusion des savoirs pour de larges audiences3. La communication scientifique recouvre ici, selon une large acception, le déplacement d’idées, d’observations, de ‘contenus’ entre deux points d’un espace donné, suppose une perméabilité des démarcations, une porosité entre les mondes ; tout cela constitue le fil conducteur de l’ouvrage sur la longue durée. Cette approche permet en premier lieu de saisir l’évolution de l’espace des sciences et des savoirs (J.-L. Chappey, D. Syrovy, J.P. Llored, H. This), puis celle des échanges entre pairs (A. Tessier, M. Conforti, J.-L. Chappey, D. Sirovy, C. Ehrardt, M. Sonnet, J.-P. Llored, V. Schafer, A. Hocquet), et enfin celle qui nous mène des périodiques spécialisés (N. Verdier, M. Conforti, C. Ehrardt, M. Sonnet) aux formes de la science populaire (A. Vasak, C. Ehrardt, M. Dupuy, A. Bergeron, J. Bouchard, P. Verschueren). C’est à la fois une histoire des acteurs, des institutions, des publics et des ‘objets-vecteurs’ techniques qui s’esquissent. Or, ces catégories ne sont en rien figées ainsi que l’attestent les textes de ce volume qui font clairement apparaître le fait que non seulement les réseaux d’échanges ont contribué de longue date à façonner les contours de collectifs4 savants, mais aussi précisément leurs relations avec la société. Ils témoignent du jeu des légitimations académiques et des stabilisations disciplinaires. Cependant, celles-ci n’opèrent pas de manière linéaire, car ces dynamiques questionnent et transforment constamment ces relations.

Ainsi, la communication dépend autant de la structuration des espaces des savoirs que des supports de communication5, à une période donnée, qui induisent des modes d’interactions spécifiques6. Ce livre met principalement l’accent sur les formes discursives en lien avec les processus de publication, sans pour autant éluder la dimension orale, celle qui régit les sociétés savantes, les enseignements, les conférences, les colloques. En outre, la nature plus informelle des relations est aussi envisagée. Les auteurs et autrices soulignent notamment l’importance des relations interpersonnelles qui relèvent autant de l’écrit (correspondances) que des discussions au sein des cercles savants et mondains, puis savants et industriels et dont on sait qu’elles perdurent aussi dans d’autres lieux tels que les laboratoires (académiques et industriels). Cette question de la proximité, qui avait permis de penser la place des savoirs tacites et leurs incorporations notamment dans le contexte des pratiques de la science contemporaine7, peut être réinsérée dans l’étude des modes de communication en qualifiant mieux le rôle des supports matériels sans les réduire à l’exclusif. Enfin, les vecteurs de communication sont aussi utilisés stratégiquement par les acteurs : le choix de passer par des lieux8 (collections, enseignements), un réseau de correspondances, des imprimés, etc., n’est en rien fortuit, mais relève, dès lors, de stratégies et construit la méthode et les formes de la production scientifique, comme le souligne Jean-Luc Chappey dans cet ouvrage.

Les textes abordent ces différentes médiations, souvent complémentaires les unes des autres : des correspondances de lettres aux correspondances d’e-mails, des périodiques généraux aux publications spécialisées, des collections de manuels à la ‘littérature grise’, des rapports et expertises9. Chaque trace écrite suppose en effet des destinataires et chaque publication des lectorats. On peut distinguer ce qui relève des échanges plus ou moins formels à caractère scientifique entre pairs (lettres, puis plus tard courriers électroniques, listes professionnelles électroniques restreintes sur l’Internet et sur l’Intranet) évoqués ici par Valérie Schafer et Alexandre Hocquet, ce qui relève de débats internes au collectif ou vis-à-vis des institutions (articles scientifiques, rapports, listes professionnelles électroniques), ce qui relève d’une formulation destinée à une publication et s’adresse parfois à une audience plus large (journaux, conférences, publications en ligne, réseaux sociaux). La communication scientifique écrite, quel que soit son support matériel, produit une formalisation des savoirs qui s’inscrit dans des espaces sociaux et intellectuels de réception variés : qu’il s’agisse de transmettre les résultats des questionnements de recherche, d’en organiser la diffusion auprès de ses collègues, de ses tutelles (mécènes ou institutions) ou de plus larges audiences, ils sont constitués par des niveaux de légitimité différents. Et ce d’autant plus s’il s’agit d’institutions ou de disciplines nouvelles (J.-L. Chappey, C. Ehrhardt, M. Dupuy, J.-P. Llored, H. This). Ces niveaux s’interpénètrent, y compris pour les réseaux de correspondances a priori symétriques qui sont structurés eux aussi par des formes de hiérarchies implicites, car ils sous-entendent, en outre, une quête de reconnaissance ou de légitimation.

Résumé des informations

Pages
344
Année
2023
ISBN (PDF)
9782807609938
ISBN (ePUB)
9782807609945
ISBN (Broché)
9782807609723
DOI
10.3726/b20559
Langue
français
Date de parution
2023 (Septembre)
Mots clés
Histoire des sciences des techniques des communications relations savants et cher-cheurs/éditeurs/institutions/mécènes stratégies de communication milieux scientifiques/société éco-nomie de la science
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2023. 344 p., 11 ill. n/b, 6 tabl.

Notes biographiques

Muriel Le Roux (Éditeur de volume)

Muriel LE ROUX est historienne, spécialiste d’histoire des sciences, des techniques et des entreprises. Chercheuse au CNRS, elle est rattachée à l’IHMC (CNRS, ENS-PSL, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), dont elle est la directrice-adjointe. Elle est responsable des recherches menées en partenariat avec le Comité pour l’histoire de la Poste.

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Titre: Modalités de la communication scientifique et technique / Communicating Science and Technology
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