Réception d’Edna O’Brien, Jennifer Johnston, et Nuala O’Faolain
Clubs de lecture et forums en ligne / France, Irlande, Royaume-Uni et États-Unis
Summary
Le travail de Rita Felski, universitaire américaine, a permis de formaliser l’analyse de différentes sources, orales et écrites, provenant d’Irlande, de France, mais aussi des États-Unis et du Royaume-Uni, en fournissant de nouvelles perspectives sur le la réception des oeuvres littéraires. La lecture permet une reconnaissance de soi, elle enchante, elle ouvre à de nouvelles connaissances, et parfois choque.
Les croisements subtils entre l’indétermination qui caractérise plusieurs des romans considérés, et l’expérience des réceptrices et récepteurs issus des différentes zones géographiques étudiées, offrent une réflexion stimulante sur les traits communs de la résonance lectorale, ainsi qu’un écho puissant des oeuvres des trois écrivaines.
Excerpt
Table Of Contents
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos de l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des Matières
- Remerciements
- Avertissement
- Introduction
- chapitre 1 Préalables
- chapitre 2 Se reconnaître/être reconnu (e)
- chapitre 3 Quand la lecture enchante
- chapitre 4 Découvrir, ou en savoir plus
- chapitre 5 Chocs : nausée, colère, larmes
- chapitre 6 Transversalités, glissements et perspectives d’émancipation
- Conclusion
- Liste des tableaux et illustrations
- Bibliographie
- Index
Remerciements
Je voudrais remercier ici les collègues qui m’ont ouvert de nouvelles perspectives en Études Irlandaises, et m’ont aidée à me frayer un chemin dans le vaste corpus de la littérature irlandaise des XXe et XXIe siècles. Bertrand Cardin, Anne Goarzin et Cliona O’Riordaín en particulier ont été des interlocuteurs disponibles dans la réflexion sur ce projet. Et de façon plus générale, l’ensemble de la SOFEIR (Société Française d’Études Irlandaises) m’a fourni maintes occasions d’approfondir les questions et thématiques liées à l’Irlande, à ses évolutions civisationnelles comme à sa production artistique. Le GIS Irlande a également généreusement soutenu le colloque que j’avais organisé à Lyon avec Sylvie Mikowski sur La Réception Internationale de la Littérature Irlandaise, en 2019, au cours duquel j’ai pu présenter une première fois le projet présenté dans cette étude.
Merci à Eamon Maher pour son aide lors de la préparation de cette publication, ainsi que pour sa confiance et ses conseils amicaux.
L’université Jean Moulin (Lyon 3), a permis, grâce notamment au laboratoire de l’IETT (Institut d’Études Transculturelles et Transtextuelles), que je puisse me rendre en Irlande à plusieurs reprises, en 2017 et 2019, pour rencontrer des clubs de lecture dans la région de Dublin puis à Belfast. La publication de cet ouvrage est aujourd’hui rendue possible grâce à la participation financière de l’IETT. Le Professeur Gregory Lee, et l’actuel directeur du laboratoire, Corrado Neri, ont été des soutiens appréciés dans mon travail de recherche.
Je remercie également Paloma Otaola et Sibylle Goepper, pour leurs encouragements, et pour le partage d’un bureau au quotidien, qui a été précieux.
Enfin je suis particulièrement reconnaissante envers tous et toutes les responsables des clubs de lecture que j’ai pu rencontrer, pour leur disponibilité, leur accueil et leur enthousiasme.
Avertissement
Cet ouvrage est publié dans la collection Studies in Franco-Irish Relations de Peter Lang qui s’adresse à un lectorat bilingue.
C’est la raison pour laquelle, et en accord avec l’éditeur, les citations sont dans la langue d’origine des lectrices ou lecteurs (en anglais ou en français) afin de préserver leur authenticité.
The Book Club was in its second year and Fidelma had recently been appointed chairperson. (…)
“Feck” was the first word, followed by a slew of fecks and it set the tone for the invective that was to follow.
“Pissed me off it did.”
“Nothing to do with our lives…”
“Exactly, Moira… there’s homeless people… there’s single mothers…”
“Yeah yeah.”
“… People signing on… bastards up in government screwing us and we’re asked to feel sorry for Dido…”
Introduction
Les clubs de lecture sont exclusifs, difficiles à aborder, il faut les prendre d’assaut et les amadouer, si vous n’en faites pas partie. Il est donc assez périlleux de les prendre comme objet d’étude, ou du moins d’attendre qu’ils nous laissent accéder à ce qui fait leur valeur intrinsèque, et qui se déroule du côté d’une intimité et d’une hospitalité particulières. Pourtant, l’étude de la réception de textes littéraires peut bénéficier de leurs apports, qu’ils soient oraux, ou écrits, par exemple en ligne sur des forums ouverts à tous.
C’est l’hypothèse que j’ai choisie, en adoptant la méthodologie de l’enquête, et du travail de terrain, propres aux études de sciences sociales, ainsi que l’analyse de commentaires de lectrices et lecteurs, plus proche de l’analyse littéraire, mais s’en distinguant également. La conjugaison de ces différentes sources a été rendue possible par l’adoption d’un cadre théorique issu des travaux de Rita Felski sur le rôle et l’impact de la littérature, dans son ouvrage Uses of Literature1, publié en 2008. Ses analyses m’ont permis de mieux appréhender ce matériau divers, et de mettre en forme ce qui relevait à la fois d’une curiosité portant sur la réception d’autrices irlandaises en Irlande et ailleurs, et aussi d’un intérêt pour ce que la pratique des échanges entre lectrices et lecteurs pouvait livrer sur le plan de la réception et de l’interprétation.
En 2008, alors que j’étais venue assister à un colloque de la SOFEIR à Belfast, à l’occasion de l’anniversaire du Good Friday Agreement de 1998, j’avais eu l’occasion d’assister à une réunion d’un club de lecture. Il était composé principalement d’enseignantes d’un lycée de Belfast, St Dominic’s, avec lequel nous avions organisé un échange d’élèves, quand je travaillais au lycée Jean Giraudoux de Châteauroux. J’en étais ressortie véritablement interloquée, par la qualité des échanges, et le naturel de chaque intervention, dans un club qui ne comptait pas moins d’une dizaine de membres.
Aussitôt rentrée dans le Berry, je n’avais eu de cesse de créer un club de lecture du même type, et cette expérience, encore aujourd’hui, à distance, n’a pas fini de me fournir des occasions de découvrir de nouvelles lectures, et aussi d’échanger, avec franchise et bonne humeur, sur les livres choisis. Une des différences, au fil du temps, a porté sur la nourriture, lors des réunions : alors que dans le club dublinois, les plats échangés étaient de très bonne qualité, mais ressemblaient à des sandwichs, en France une évolution s’est produite, vers des spécialités à faire découvrir aux membres du club.
Pour revenir en Irlande, l’extrait de The Little Red Chairs2, cité en exergue, renvoie à l’expérience vécue par des membres d’un club de lecture dans un petit village. Sa vraisemblance a été critiquée par certaines lectrices irlandaises sur les forums de lecture, car l’Énéide aurait peu de chances de figurer au programme d’un club de lecture. Mais il a néanmoins l’avantage de présenter l’échec d’une tentative de lecture en commun, avec les caractéristiques d’un désir déçu : « Nothing to do with our lives »3. La dimension du désir chez les lectrices ou lecteurs, est soulignée par le psychanalyste Guy Rosolato, qui, dans son analyse du récit, relie le désir à l’œuvre dans l’écriture, et celui des lecteurs : « Ce qui est l’objectif du récit, à travers ses agents, sa narration et ses descriptions, c’est le désir. Le récit est fait des péripéties du désir. (…) C’est le désir métaphoriquement mis en scène qui crée cette fascination, l’attraction et l’identification projective du lecteur. »4
Dès lors, le « détour » par les lecteurs, la plongée dans leurs propres productions au sujet des œuvres lues, n’apparaît pas comme un tourisme gratuit dans des zones peu recommandées, comme la litanie des « fecks » semble le faire craindre, dans l’extrait cité en exergue. En recueillant et analysant des réactions orales, en interaction avec d’autres, ou des commentaires écrits, dans des forums en ligne, c’est aussi une forme de prolongement des œuvres qui se découvre, qui reste lié aux textes par des effets de voix et de miroirs.
Mais quel lien existe-t-il entre l’échange haut en couleurs du club de Cloonoila, et le propos de cette étude ? Après le Berry, mon parcours professionnel m’a fait arriver à Lyon, et les contacts avec diverses orientations de recherche, y compris dans d’autres domaines que la sphère littéraire, (analyses de corpus, département de philosophie, école doctorale de sciences humaines…) ont nourri ma réflexion et m’ont donné l’intuition qu’une étude de la réception des œuvres pourrait avoir une pertinence. Ma première incursion sur le terrain de la réception fut un article sur Christy Moore, chanteur irlandais, présenté dans un colloque dublinois de la SOFEIR à l’occasion du centenaire de l’insurrection de 1916.5 Mais alors que mes premières observations portaient sur les réactions d’une salle de concert, le fait de m’intéresser à des réactions individuelles de lectrices et de lecteurs, est apparu comme un défi.
Details
- Pages
- XIV, 156
- Publication Year
- 2023
- ISBN (PDF)
- 9781803740461
- ISBN (ePUB)
- 9781803740478
- ISBN (Softcover)
- 9781803740454
- DOI
- 10.3726/b20327
- Language
- French
- Publication date
- 2023 (October)
- Keywords
- RÉCEPTION D’EDNA O’BRIEN, JENNIFER JOHNSTON, ET NUALA O’FAOLAIN Clubs de lecture, et forums en ligne / France, Irlande, Royaume-Uni et États-Unis Jeanne-Marie Carton-Charon Studies in Franco-Irish Relations Eamon Maher Réception de trois écrivaines irlandaises Clubs de lecture et bibliothèques Forums de lecture en ligne
- Published
- Oxford, Bern, Berlin, Bruxelles, New York, Wien, 2023. XIV, 156 p., 8 ill. n/b, 2 tabl.
- Product Safety
- Peter Lang Group AG