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Films, festivals et mondes contemporains

pour une anthropologie du visuel

de Julie Amiot-Guillouet (Éditeur de volume) Pietsie Feenstra (Éditeur de volume) Julie Savelli (Éditeur de volume)
©2024 Collections XXXIV, 306 Pages
Série: Film Cultures, Volume 12

Résumé

Si les pratiques festivalières mobilisent depuis longtemps la recherche scientifi que, il semble qu’un tournant ait été opéré à la fi n du XXe siècle avec l’émergence des Film Festival Studies. Depuis une vingtaine d’années, face à l’essor constant des manifestations festivalières en Europe et à l’international, de plus en plus de chercheur. e.s se sont en effet focalisé.e.s sur l’objet « festival de cinéma » en l’envisageant à la fois comme la construction d’un regard spécifi que sur le cinéma (et à travers lui sur le réel), un lieu de transactions professionnelles intenses et un espace de mediation avec les publics et la critique de cinéma.
L’ambition de cette publication collective est de contribuer à l’identifi cation d’une nouvelle période festivalière caractéristique des années 2000 d’un point de vue cette fois français. La démarche des auteur.e.s ici réuni.e.s a consisté à penser l’émergence des sociétés festivalières du XXIe siècle dans une perspective anthropologique, en s’attachant à leurs modes d’existence d’une part et en interrogeant la manière dont, par leurs actes de programmation, les festivals pensent et fondent la representation des mondes contemporains d’autre part. La question de fond qui anime les quinze présentes contributions porte sur la façon dont se crée et circule l’altérité dans ces cultures festivalières dont la nature complexe se situe à l’intersection de la sociologie, de l’économie, de la géopolitique et de l’esthétique.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Remerciements
  • Iconographie
  • Mention des titres de films
  • Références Internet
  • Liste des illustrations
  • Préface
  • Introduction
  • PARTIE I. Formes de vie et enjeux de programmation
  • Les festivals de cinéma en Europe : la longue histoire d’une « démarche » anthropologique
  • Quand le dispositif festivalier construit un récit-monde : le Festival de Douarnenez, une étude de cas
  • Josep, de la production à la diffusion : faire exister et valoriser un film d’animation atypique. Entretien avec Aurel, réalisateur et Serge Lalou, producteur
  • PARTIE II. Perspectives françaises et francophones
  • Retour sur l’expérience de la Quinzaine des réalisateurs : le festival comme objet de connaissance socio-anthropologique
  • La compétitivité comme norme festivalière ou pourquoi les festivals de cinéma décernent-ils des prix ?
  • Des festivals de cinéma en Afriques francophones
  • De fonds en festivals : rendre possibles d’autres images documentaires du Maroc et de la Tunisie (depuis 2011)
  • PARTIE III. Regards sur le monde de l’autre
  • Du paternalisme au partenariat : l’Europe et les cinémas du Sud au prisme du Hubert Bals Fund
  • Chronotopes festifs : programmation de films, expérience spectatorielle et cultures festivalières
  • Désir d’Asie sur tapis rouges
  • À l’intersection du cinéma et de l’art contemporain : l’acte d’image post-documentaire de Wang Bing
  • PARTIE IV. Focus sur l’Amérique latine
  • Circuits festivaliers et fictions du Sud. Digressions méthodologiques et épistémologiques autour des études sur les festivals de cinéma
  • Institutionnaliser un regard : la circulation des films colombiens
  • Cinématographies brésiliennes et visibilité festivalière : enjeux d’hier et d’aujourd’hui
  • 2019, année de condensation pour le cinéma brésilien périphérique ?
  • Les directrices du volume
  • Les auteurs et autrices

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Remerciements

Nous tenons à exprimer nos plus sincères remerciements à tout.te.s les auteur.ice.s qui ont contribué à la richesse de la présente réflexion, à Caroline Moine qui a accepté de préfacer cet ouvrage collectif ainsi qu’aux éditions Peter Lang – Andrew McGregor et Philippe Met, qui dirigent la collection « Film Cultures » avec l’aide d’Anthony Mason.

Nous souhaitons aussi témoigner notre reconnaissance aux entités scientifiques, pédagogiques et culturelles qui ont aidé à l’élaboration de ce projet éditorial, en particulier : l’Université Paul Valéry Montpellier 3, le laboratoire RiRRa21, Les Films d’Ici, l’Institut Universitaire de France et l’UMR 9022 Héritages.

Et remercier enfin toutes les personnes qui nous ont apporté leur soutien sous différentes formes : Luciano Barisone, Annick Douellou, Karim Ghiyati, Christophe Leparc, Fabien Meynier, Céline Saturnino, Marie-Ève Thérenty, Flavie Grout pour sa relecture, et Dominique Macabies pour sa traduction du texte de Dorota Ostrowska.

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Iconographie

Les images des films et des installations vidéo ont été reproduites avec l’accord des ayant-droits.

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Mention des titres de films

Les films sont désignés sous leurs titres usuels d’exploitation et/ou de présentation en France et suivis de leur date de sortie lors de la première occurrence dans un chapitre.

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Références Internet

Les références électroniques citées dans le livre en note de bas de page ont été vérifiées une dernière fois le 27 juin 2023.

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Liste des illustrations

  1. Fig. 1Le tracé d’un dessin authentique de Josep Bartolí, dans le baraquement d’un camp de concentration français, mis en scène dans le film Josep, 2020
  2. Fig. 2Test de pose du personnage de Josep, dessin préparatoire d’Aurel, 2017
  3. Fig. 3Version 1 de l’animatique : Josep et Serge dans la scène du bal des réfugiés, dessin d’Aurel, 2018
  4. Fig. 4Même scène dans le film Josep
  5. Fig. 5Josep Bartolí âgé peignant à New York dans le film Josep
  6. Fig. 6Karima Zoubir
  7. Fig. 7La protagoniste de La Femme à la caméra filmant un mariage
  8. Fig. 8Hamza Ouni devant la projection de son dernier film, El Medestansi
  9. Fig. 9Affiche d’El Gort © Hamza Ouni, Mhamdia Productions
  10. Fig. 10Nadir Bouhmouch
  11. Fig. 11Capture d’écran du carton de titre
  12. Fig. 12Grimper le chemin muletier qui mène au sommet du mont Alban, comme des contrebandiers © Nadir Bouhmouch, Amussu, Comité médias et Communication MSV96
  13. Fig. 13Les filmeurs consultent les filmés
  14. Fig. 14Agraw d’écriture © Nadir Bouhmouch, Comité médias et communication
  15. Fig. 15Remise du grand prix du FIDADOC, juin 2019
  16. Fig. 16Équipe du film et villageois d’Imider au FIDADOC, juin 2019
  17. Fig. 17Présentation des films d’Asie-Orientale récompensés dans les grands festivals internationaux depuis 1951 (classement par ordre alphabétique).
  18. Fig. 18Nombre de prix décernés par pays et par année.
  19. Fig. 19Rashomon, Kurosawa Akira, 1959 (Japon).
  20. Fig. 20Happy Together, Wong Kar-Waï, 1997 (Hongkong).
  21. Fig. 21Taipei Story, Edward Yang, 1985 (Taïwan).
  22. Fig. 22Le Sorgho Rouge, Zhang Yimou, 1987 (Chine).
  23. Fig. 23Chunhyang (= Le Chant de la fidèle Chunhyang), Im Kwon-taek, 2000 (Corée du Sud).
  24. Fig. 24Parasite, Bong Joon-ho, 2019 (Corée du Sud).
  25. Fig. 25Groupe musical de hard metal dans Las marimbas del infierno (2010)
  26. Fig. 26Rencontre du Chiquilín et du directeur du musée dans Las marimbas del infierno (2010)
  27. Fig. 27Memory house/Casa de antigüedades (2020)
  28. Fig. 28La sociedad del semáforo (2010)
  29. Fig. 29La sociedad del semáforo (2010)
  30. Fig. 30Uno al año no hace daño 2 (2015)
  31. Fig. 31Uno al año no hace daño 2 (2015)
  32. Fig. 32Affiches des films brésiliens sortis en France en 2019.
  33. Fig. 33Photogrammes de Quantos eram pra tá? (2019) de Vinícius Silva.
  34. Fig. 34Photogrammes d’Era uma vez Brasília (2017) d’Adirley Queirós.
  35. Fig. 35Photogrammes de Nova Dubai (2014) de Gustavo Vinagre.
  36. Fig. 36Couverture des Cahiers du Cinéma de septembre 2019.
  37. Fig. 37Photogrammes d’Au cœur du monde (2019) de Gabriel et Maurílio Martins.
  38. Fig. 38Photogramme de Filme de Aborto (2016) de Lincoln Péricles.
  39. Fig. 39Cartographie des principaux festivals de cinéma brésilien ayant accompagné la périphérisation de la cinématographie nationale.
  40. Fig. 40Films de la compétition de la Mostra Aurora de la Mostra de Cinema de Tiradentes en 2019.
  41. Fig. 41Photogrammes de Um filme de verão de Jo Serfaty.
  42. Fig. 42Photogrammes de Vermelha de Getúlio Ribeiro.

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Préface

Caroline Moine1

Les festivals de cinéma ont désormais largement acquis leur légitimité comme objets de recherche, au croisement de plusieurs disciplines : études cinématographiques, sociologie, histoire, géographie, anthropologie… De nombreux travaux ont en effet démontré, depuis une vingtaine d’années environ, toute la richesse de l’étude des festivals inscrits dans leurs contextes culturel, social, politique et économique ; analysés dans un jeu d’échelles, temporelles et spatiales, permettant un étroit va-et-vient entre le local et le global. Pour nourrir ces travaux, le plus souvent interdisciplinaires, les chercheuses et les chercheurs ont tour à tour puisé dans des archives étatiques et privées, écrites et audiovisuelles, produites par les multiples tutelles et co-organisateurs des festivals étudiés, et mobilisé des sources tout aussi variées, telles que des entretiens. Au final, ont émergé au fil des années des monographies ou des approches croisées de festivals, permettant de mieux comprendre leur fonctionnement, depuis principalement les années 1930 jusqu’à nos jours, en portant une attention, plus ou moins égale selon la perspective choisie, sur les mécanismes institutionnels en jeu, sur les actrices et acteurs engagés dans leur histoire, sans oublier bien sûr les films projetés et les débats qui ont pu les accompagner.

Cet ouvrage témoigne à son tour de la richesse d’un champ de recherche qui offre encore de belles perspectives à développer, aussi bien d’un point de vue épistémologique que plus empirique. L’ambition ici, clairement posée en introduction, est de saisir dans quelle mesure les années 2000 ont donné naissance à une nouvelle période festivalière, afin de venir compléter le panorama dressé jusqu’à présent. Le projet à l’origine de l’ouvrage souhaitait pour cela interroger la manière dont « l’altérité se crée mais aussi circule » au sein des « cultures » et des « sociétés festivalières transnationales » au cours de la décennie. Dans les débats autour de la diversité culturelle et de la notion de World Cinema ou « cinéma du monde », quelle place attribuer aux festivals ? Et en quoi les festivals peuvent-ils nous aider à réfléchir à ces enjeux, eux qui interviennent à différents moments de la chaîne de création cinématographique, comme lieux de rencontres, de diffusion, de promotion et de légitimation ?

Cette interrogation se décline au fil de quinze contributions attestant d’une diversité d’approches qui invitent, toutes, à suivre des pistes prometteuses. Elles ont, premièrement, le grand mérite de rappeler le rôle joué par les festivals dans la dynamique transnationale du cinéma, de sa production à sa réception en passant par sa diffusion. C’est ainsi à une appréhension différente de l’espace européen que nous invite cet ouvrage. Espace loin d’être homogène, l’Europe se dessine en effet au gré de frontières qui s’avèrent encore et toujours fluctuantes, y compris en termes culturels et cinématographiques. Elle se trouve en outre étroitement inscrite dans un ensemble de réseaux et de circulations extra-européennes. L’espace colonial/post-colonial s’immisce en effet constamment dans l’histoire passée et actuelle du continent, mais, au-delà de l’ombre portée du passé, les terrains arpentés ici, par des chercheuses et des chercheurs venant en majorité d’institutions européennes, nous conduisent vers des films, et des festivals, européens mais aussi africains (marocains, sénégalais…), latino- américains (colombiens, brésiliens…) ou asiatiques (chinois, sud-coréens). Cette amplitude géographique souligne la nécessité de poursuivre les projets de recherche permettant de mieux connaître l’évolution du fonctionnement et du rôle des festivals de cinéma dans des pays encore peu étudiés – mais qui n’en ont pas moins une tradition cinéphile et cinématographique. Elle démontre toute la nécessité de travailler de manière collective et interdisciplinaire, seul moyen de faire se croiser des études restées parfois trop isolées les unes des autres. C’est aussi sans doute une invitation à accroître encore les partenariats sur ces thématiques avec des collègues d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie.

Les diverses études présentées ici ont, deuxièmement, le mérite de proposer un large éventail d’approches méthodologiques, de questionnements, et de modes d’écriture. Certaines partent des festivals eux-mêmes pour en raconter l’histoire ou interroger par exemple leur rôle dans l’émergence d’un marché du film, à l’échelle nationale et internationale ; d’autres saisissent l’objet festival comme un dispositif parmi d’autres, afin d’analyser la construction d’un succès cinématographique, l’émergence d’une culture visuelle spécifique, dans un lieu et temps donnés ; des études monographiques, concentrées sur un festival en particulier, alternent avec des études comparatives, à l’échelle d’un continent ou de l’œuvre d’un cinéaste ; on y retrouve de grands festivals internationaux mais aussi des festivals aux enjeux plus locaux voire régionaux. Les contributions s’intéressent en outre à la fiction mais aussi au film documentaire ou d’animation. Il y est, enfin, question des projections-débats, mais aussi des concerts, spectacles, visites guidées, repas et autres manifestations contribuant à la sociabilité festivalière. Nombreuses sont en effet les formes de convivialité et de sociabilité qui rythment les festivals de cinéma et contribuent à la mise en perspective de l’altérité. La lecture de l’ouvrage nous permet ainsi de plonger dans l’expérience individuelle et collective de ces festivals, sans en omettre d’ailleurs les limites ou les aspects plus problématiques.

Si le dialogue possible entre ces différentes perspectives peut parfois ne pas paraître immédiatement évident, les lectrices et les lecteurs y trouveront, dans chacune, matière à réfléchir, invitation à faire un pas de côté – en se plongeant dans une cinématographie plus ou moins familière ou en testant des grilles d’analyse parfois audacieuses. En effet, troisième particularité de cet ouvrage, parmi ses contributrices et contributeurs, majoritairement issus du champ des études cinématographiques, certaines et certains sont déjà reconnus comme spécialistes de l’étude des festivals, mais pour d’autres le questionnement festivalier est nouveau dans leur travail. Signe de sa légitimation accomplie, l’objet festival se trouve ainsi observé, testé sous divers angles, devenant un terrain offrant de multiples possibilités de réflexion et de questionnements.

Au vu des multiples enjeux « socio-esthétiques et géopolitiques » saisis ici au prisme des festivals de cinéma et de l’anthropologie visuelle, deux questions au moins se posent : vers quelle(s) nouvelle(s) expérience(s) festivalière(s) nous conduit donc le passage au numérique ? L’épidémie de Covid-19, en imposant de basculer plusieurs festivals en ligne, a rendu plus urgente encore la réflexion à mener sur cette nouvelle étape qui touche à un rythme plus ou moins rapide, et de manière plus ou moins profonde, un nombre croissant de festivals dans le monde. S’agit-il d’une chance ou d’une menace pour les pratiques festivalières et leurs dynamiques transnationales ? Et, deuxième évolution à suivre de près, la redéfinition du rapport de force entre les festivals de cinéma européens et extra-européens – en lien avec l’émergence et la consolidation de pôles de productions cinématographiques en Asie et en Afrique. On le voit, l’histoire des festivals de cinéma est loin d’être finie.

Les lectrices et lecteurs pourront lire cet ouvrage de manière linéaire ou, au contraire, en faisant leur propre expérience de lecture et leurs propres associations entre les différentes contributions proposées. L’organisation en quatre parties est en effet une proposition parmi d’autres possibles pour se plonger dans ces différentes études de cas, distinctes les unes des autres dans leurs approches mais qui contribuent toutes, à leur manière, à compléter un tableau nuancé et complexe de la réalité festivalière, comme ensemble de pratiques et de représentations, individuelles et collectives.


1 Professeure d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Saclay, UVSQ, et directrice adjointe du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines.

Résumé des informations

Pages
XXXIV, 306
Année
2024
ISBN (PDF)
9781636671369
ISBN (ePUB)
9781636671376
ISBN (Relié)
9781636671352
DOI
10.3726/b20607
Langue
français
Date de parution
2024 (Février)
Mots clés
Film Festival Studies subalternity world cinema festivals, curation festival programming competition Films, festivals et mondes contemporains pour une anthropologie du visuel
Published
New York, Berlin, Bruxelles, Chennai, Lausanne, Oxford, 2024. XXXIV, 306 pp., 38 col ill., 4 b/w ill., 1 b/w table.

Notes biographiques

Julie Amiot-Guillouet (Éditeur de volume) Pietsie Feenstra (Éditeur de volume) Julie Savelli (Éditeur de volume)

Julie Amiot-Guillouet est Professeure des universités en études hispaniques à CY Cergy Paris Université. Elle est membre de l’UMR 9022 Héritages, Culture(s), Patrimoine(s), Création(s), chercheuse associée du laboratoire CRIMIC à Sorbonne Université et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Elle travaille sur le cinéma latino-américain dans une perspective interculturelle et transnationale. Pietsie Feenstra est Professeure des universités en études cinématographiques et audiovisuelles à l’université Paul Valery Montpellier 3 et membre du Centre de recherches RiRRa21. Ses recherches portent sur l’écriture cinématographique de l’Histoire et la mémoire des lieux (villes, paysages). Julie Savelli est Maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à l’université Paul Valéry Montpellier 3 et membre du Centre de recherches RiRRa21. Dans ses travaux qui portent sur la création documentaire contemporaine, elle s’ intéresse plus particulièrement au cinéma engagé, à l’autobiographie en images et à l’anthropologie du visuel.

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