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Étude linguistique du proverbe espagnol et de ses variantes en synchronie

de Antonia López (Auteur)
©2023 Thèses 304 Pages
Série: Sciences pour la communication, Volume 135

Résumé

Le présent ouvrage analyse la capacité du proverbe espagnol à se manifester sous la forme de plusieurs signifiants (ou variantes), tout en maintenant un même sens proverbial. Pour saisir le fonctionnement du système parémique et de son renouvellement formel, l’auteur s’appuie sur une étude comparative, inter-linguistique, de proverbes castillans et de proverbes dialectaux. Le postulat de départ envisage le proverbe comme une forme dépendant d’une matrice lexicale, associée à un invariant sémantique et un invariant syntaxique. La description de ces points fixes permet de poser une alternative à la théorie du proverbe comme signifiant entièrement figé, tout en mesurant les altérations formelles admises au sein d’une matrice donnée. L’approche variationnelle illustrée ici vise une typologie des altérations formelles et structurelles saisie à travers le prisme des dimensions de la variation qui agissent de concert sur les parémies : diachronique, diatopique, diastratique et diaphasique.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Table des matières
  • Introduction
  • Chapitre I : Le proverbe, une forme contrainte
  • I.1. Vers une description prototypique du proverbe
  • I.1.1. Cadre linguistique théorique
  • I.1.1.1. Stéréotypie, généricité et proverbe
  • I.1.1.2. La généricité du proverbe
  • I.1.1.3. Théorie de la polyphonie
  • I.1.2. Aspects formels et sémantiques du proverbe
  • I.1.2.1. Les matrices lexicales
  • I.1.2.2. Les matrices rythmiques et rimiques
  • I.1.2.3. Binarité de surface et binarité sémantique du proverbe
  • I.1.2.4. Les deux sens du proverbe
  • I.1.2.5. La dimension métaphorique du proverbe
  • I.2. Le figement linguistique
  • I.2.1. Historique et champ d’action du figement
  • I.2.1.1. Émergence de la notion de figement
  • I.2.1.2. Tentative de définition(s) du figement
  • I.2.1.3. Le degré du figement
  • I.2.1.4. La portée du figement
  • I.2.1.5. Blocages dus au figement
  • I.2.2. Dimension(s) ou typologie du figement
  • I.2.2.1. Le figement référentiel
  • I.2.2.2. Le figement transformationnel ou syntaxique
  • I.2.2.3. Le figement ou l’opacité sémantique et l’idiomaticité
  • I.2.2.4. Le figement lexical
  • I.2.2.5. Le figement pragmatique
  • I.2.2.6. Le figement cognitif
  • I.2.2.7. Le figement : un continuum linguistique
  • I.2.3. Le figement au prisme de la parémiologie
  • I.2.3.1. Le proverbe : figé ou limité ?
  • I.2.3.2. Un figement adapté au proverbe
  • I.2.3.3. Le proverbe : un système contraint
  • I.2.3.4. Le rôle des matrices dans les proverbes
  • Chapitre II Le proverbe : entre figement et variation
  • II.1. Vers une variation parémiologique
  • II.1.1. Le proverbe entre invariant(s) et variant(s)
  • II.1.1.1. L’invariant formel
  • II.1.1.2. L’invariant sémantique
  • II.1.1.3. Contraintes et libertés
  • II.1.1.4. Les cases libres et les cases vides
  • II.1.2. Le défigement : un pont entre figement et variation
  • II.1.2.1. Définition(s) et terminologie(s)
  • II.1.2.2. Mécanismes du détournement
  • II.1.2.3. Le détournement: corollaire ou preuve du figement ?
  • II.1.3. Vers la conceptualisation d’une géoparémiologie
  • II.1.3.1. Variation et variabilité en linguistique
  • II.1.3.2. La variable, la variante et la variété en linguistique
  • II.1.3.3. Proposition d’un terme intermédiaire
  • II.1.3.4. Le concept de géosynonyme : relation entre diatopie et synonymie
  • II.1.3.5. Les concepts de famille parémique et de parémiotype
  • II.2. Cadre historique et théorique de la variation linguistique
  • II.2.1. Théorisation de la variation
  • II.2.1.1. La langue : un système normatif ?
  • II.2.1.2. La langue et le(s) dialecte(s)
  • II.2.1.3. Vision panlectale et plurilingue de la langue
  • II.2.1.4. Facteurs variationnels
  • II.2.2. Typologie de la variation
  • II.2.2.1. Dimensions diachronique et synchronique
  • II.2.2.2. Dimension diaphasique
  • II.2.2.3. Dimension diastratique
  • II.2.2.4. Dimension diatopique
  • II.2.2.5. Vers un diasystème
  • Chapitre III Analyse d’un corpus de variantes panhispaniques
  • III.1. Une typologie pour l’analyse de la variation parémique en castillan
  • III.1.1. Morphologie verbale
  • III.1.1.1. Alternance entre singulier et pluriel
  • III.1.1.2. Traitement du pronom relatif sans antécédent
  • III.1.1.3. Choix des unités dans une catégorie grammaticale
  • III.1.1.4. Quelle actualisation pour et dans les énoncés sentencieux ?
  • III.1.1.5. Le mode quasi-nominal
  • III.1.1.6. Alternance entre les temps de l’indicatif et les temps du subjonctif
  • III.1.2. Morphologie nominale : la commutation lexicale
  • III.1.2.1. La variante lexicale : un rapport paradigmatique ?
  • III.1.2.2. Relation sémantique d’holonymie et de méronymie
  • III.1.2.3. Relation sémantique de parasynonymie
  • III.1.2.4. Les concepts de champ lexical et de champ sémantique
  • III.1.2.5. Le lexique au service de la rime
  • III.1.2.6. Cohésion entre rime et isométrie
  • III.1.3. Altérations structurelles et quantitatives
  • III.1.3.1. Altérations structurelles et matrice lexicale
  • III.1.3.2. Le deuxième membre : une structure changeante ?
  • III.1.3.3. Entre allongement et troncature
  • III.2. Familles parémiques dans les variétés de l’espagnol
  • III.2.1. Une morphosyntaxe cohérente ?
  • III.2.1.1. Alternance entre article défini et article indéfini
  • III.2.1.2. La dérivation : un indice régional ?
  • III.2.1.3. Aspects temporels
  • III.2.2. Association des matrices lexicales et des matrices rythmiques
  • III.2.2.1. Matrice(s), famille(s) parémique(s) et variante(s)
  • III.2.2.2. Des cas de régionalismes
  • III.2.2.3. Quelques patrons rythmiques récurrents
  • III.2.2.4. Continuité et rupture des schémas rimiques et rythmiques
  • III.2.2.5. Quelques figures de répétition
  • Conclusion
  • Références bibliographiques
  • Index I : Notions et concepts
  • Index II : Tableau des figures

Introduction

Contre toute attente, le proverbe ne se présente pas comme une forme statique ni figée, mais bien comme une unité qui se renouvelle et évolue, comme la langue, dans le temps et l’espace. La réalisation d’un proverbe en plusieurs versions est un aspect fréquemment observé, comme en témoignent les auteurs du Diccionario de refranes :

Los refranes poseen infinita capacidad de admitir variantes, conservan extraordinarios arcaísmos léxicos, sin que por eso dejen de renovarse continuamente. Aluden muchas veces a realidades de otros tiempos, desconocidas para la mayoría de los hablantes que los emplean, y a pesar de ello, no pierden su capacidad significativa aunque en ocasiones se llenen de contenidos que no son los originarios (Campos et Barella 1993 : IX).

Cette aptitude à se reproduire en plusieurs signifiants, tout en maintenant un même sens, est illustrée par de nombreuses compilations d’énoncés sentencieux, comme en attestent les nombreuses variantes du proverbe suivant : Da Dios almendras al que no tiene muelas (Junceda) ; Da Dios bragas a quien no tiene zancas (Doval) ; Da Dios habas a quien no tiene quijadas (Doval) ; Da Dios narices a quien no tiene pañuelo (Doval) ; Da Dios nueces a quien no tiene dientes (Doval) ; Da Dios pañuelo a quien no tiene narices (Doval) ; etc. Ce qui attire notre attention c’est la capacité pour un même proverbe de conserver un invariant sémantique tout en multipliant les variantes, dans un même temps et un même espace.

L’objectif de cette étude est la description de la variante parémique en synchronie et de sa représentation dans les ouvrages lexicographiques. La variation parémique est un sujet de recherche qui a connu un intérêt croissant ces dernières années mais reste un domaine assez peu exploré pour le moment. Cette propension des proverbes à se reproduire en des variantes rend compte à la fois d’une sémantique générique ainsi que des possibilités de variation du signifiant parémique. L’axe diachronique est plus souvent privilégié, ce qui nous a amenée à faire le choix d’une dimension synchronique. Cet axe permet d’observer la structure syntaxique et les relations entre les éléments constitutifs du proverbe, sans établir d’antériorité et postériorité entre les énoncés comparés. Cette perspective a permis d’isoler les différents types d’altérations formelles dans les proverbes permettant la production de multiples variantes pour un même signifié.

Les énoncés sentencieux renferment un sens fixé par l’usage dans une communauté linguistique et le maintien de ce signifié permet aux proverbes de se reproduire en plusieurs signifiants similaires. Ce « sens formulaire » – terminologie empruntée à Tamba (2000a, 2011) – leur permet d’exprimer des idées ou situations complexes en les exprimant simplement. Kleiber, dans l’un de ses travaux pionniers sur le sémantisme du proverbe, écrit :

[…] nous avons une compétence de ce qu’est sémantiquement (et formellement aussi, mais le problème est un peu différent) un proverbe, même s’il y a des hésitations et […] même si nous ne pouvons pas définir le plus souvent en quoi consiste cette compétence […]. […] c’est bien une question de moule ou de schème sémantique proverbial qui est en jeu. C’est cette même structure sémantique qui doit nous guider dans une autre manifestation, souvent signalée, de notre compétence sémantique proverbiale, à savoir l’aptitude à fabriquer des phrases […]. Cette aptitude à confectionner des proverbes représente à notre avis un des arguments les plus forts en faveur de l’hypothèse d’un sens propre attaché à la catégorie des proverbes. Si l’on peut fabriquer des proverbes, c’est bien que l’on dispose d’un modèle de la structure sémantique des proverbes. […] Si nous pouvons reconnaître, fabriquer, interpréter ou essayer d’interpréter des proverbes, si nous pouvons décider si telle phrase pourrait ou non devenir un proverbe, c’est parce que nous avons la compétence du sens proverbial, la connaissance (devenue) intuitive d’une structure sémantique générale sur laquelle s’articulent les proverbes particuliers. Et donc on peut – et on doit – essayer de mettre en relief ce sens définitoire unitaire (Kleiber 2000 : 43–45).

Les variantes se produisent au sein d’une matrice lexicale qui permet d’apprécier la généricité des parémies et de souligner l’intérêt d’une étude qui se sépare de la notion de figement pour s’orienter davantage vers une analyse focalisée sur la variation, aspect traité et analysé, mais peu développé à grande échelle.

Cette étude sur le proverbe est le fruit d’une double perspective, soulignée dès le titre de cet ouvrage : une approche linguistique d’une unité que l’on veut pleinement intégrée dans le système de la langue et la description de sa variation, au sens large, grâce à l’observation des différentes versions qu’un même proverbe peut connaître en se reproduisant dans des matrices lexicales. Nos recherches sont nées tout d’abord de l’intérêt en vogue pour la variation parémique, et plus précisément la variation diatopique. Cette dimension permet d’apprécier une forme d’opposition entre divers usages langagiers à travers la notion d’aire géographique. Nous avons rapidement été interpellée par un certain vide conceptuel concernant la variation parémique, peu importe la langue observée. Les études réalisées jusqu’ici sur la variation des proverbes sont éparses. Elles nourrissent chacune un angle de réflexion différent, utile aux analyses postérieures, mais ne bénéficient pas d’un cadre théorique, terminologique et analytique délimité et unanime. Certains ouvrages et articles les mentionnent toutefois, principalement dans le domaine de la phraséologie, ainsi nous ferons appel à ces apports. On trouve également des thèses qui permettent de montrer que cet intérêt pour la variation est de plus en plus important dans le domaine des proverbes.

Résumé des informations

Pages
304
Année
2023
ISBN (PDF)
9782807618091
ISBN (ePUB)
9782807618107
ISBN (Broché)
9782807618084
DOI
10.3726/b21265
Langue
français
Date de parution
2024 (Janvier)
Mots clés
diachronie diatopie linguistique sociolinguistique géoparémiologie Parémiologie parémie proverbe variante matrice lexicale synchronie
Published
Bruxelles, Berlin, Chennai, Lausanne, New York, Oxford, 2023. 304 p., 3 ill. en couleurs, 43 ill. n/b.

Notes biographiques

Antonia López (Auteur)

Antonia Lopez, certifiée en espagnol, enseignante dans le secondaire, a réalisé ses études et son doctorat à l’Université Paris Nanterre, sous la direction d’Alexandra Oddo. Ses recherches portent notamment sur la parémiologie, la variation en linguistique, plus précisément en diatopie et synchronie, et également en diachronie.

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Titre: Étude linguistique du proverbe espagnol et de ses variantes en synchronie