La domination comme expérience européenne et américaine à l'époque moderne
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Edited By David Chaunu and Séverin Duc
Issus d’un colloque organisé en Sorbonne en juin 2017, les articles publiés dans cet ouvrage interrogent les imaginaires et les pratiques de la domination politique à l’époque moderne. (Re)conquêtes, révoltes, révolutions, répressions, crises de régime, expansion coloniale sont l’objet de cet ouvrage et sont envisagés comme autant d’épreuves pour les sociétés modernes, confrontées au risque de leur anéantissement et à la nécessité de leur réinvention. Ce volume propose d’étudier ces moments à la lumière des acquis récents de l’histoire politique et sociale, en interrogeant les processus de domination dans l’Europe moderne et ses prolongements ultramarins par-delà l’Atlantique.
Dominer les huguenots. Politique, domination monarchique et mise en minorité dans la France du premier XVIIe siècle (1610-1629) (Adrien Aracil)
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Dominer les huguenots
Politique, domination monarchique et mise en minorité dans la France du premier XVIIe siècle (1610-1629)
Adrien ARACIL
Centre Roland-Mousnier (UMR 8596) Sorbonne-Université
Les années 1610-1620 offrent l’exemple d’une spectaculaire transformation politique : les protestants français, qui représentent un groupe puissant et structuré à la fin du XVIe siècle, au point de parvenir à obtenir du roi un édit de tolérance, subissent, en une vingtaine d’années, une série de revers qui conduit à l’effondrement de leur parti. Traditionnellement, ce sont les divisions des huguenots qui sont mises en cause pour expliquer cette chute1, et les défaites militaires du parti au cours des trois guerres menées par le duc de Rohan entre 1621 et 1629. On rappelle alors la violence de l’armée royale qui, au prix de massacres et de destructions, parvient à mettre le Midi protestant au pas. Outre le siège de La Rochelle entre 1627 et 1628, la ville de Privas est par exemple mise à sac, le 28 mai 1629, pour faire un exemple, le roi ayant permis qu’on massacre la population qui s’était rendue sans conditions.
Mais l’écrasement militaire, même brutal, ne suffit pas pour mettre une population en marge du corps social et politique. Cette explication se couple en fait à une autre tradition historiographique : le fait que cette défaite militaire entérine l’état de « minorité » dans lequel les huguenots...
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