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Histoire(s) littéraire(s)

de Paolo Grossi (Auteur) Natalie Noyaret (Éditeur de volume)
©2020 Monographies 254 Pages

Résumé

La notion d’histoire littéraire, dans sa double acception de discours critique sur les œuvres et de réflexion sur la formation des structures et des catégories de l’historiographie littéraire moderne, est au cœur de ce recueil, qui réunit des articles parus dans des ouvrages collectifs (revues, actes de colloques, mélanges) sur une quarantaine d’années, en italien ou en français.
La littérature italienne contemporaine d’un côté (Gabriele d’Annunzio, Luigi Pirandello, Alessandro Bonsanti, Italo Calvino, etc.), et les grandes questions posées par l’histoire de l’histoire littéraire entre la seconde moitié du XVIIIe siècle (de Ludovico Antonio Muratori à Carlo Denina, de Francesco Saverio Quadrio à Girolamo Tiraboschi) et le début du siècle suivant (Simonde de Sismondi et surtout Pierre-Louis Ginguené) de l’autre, sont les deux centres d’intérêts sur lesquels sont axées ces études, qui trouvent un point de jonction dans les pages consacrées à l’analyse des histoires littéraires du Novecento italien et à l’évolution, au cours des dernières décennies, de la codification historiographique de la littérature italienne du XXe siècle.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préface
  • Avant-propos
  • Première partie
  • Il rarefatto microcosmo : sulla narrativa di Alessandro Bonsanti
  • Aspetti e funzioni del religioso primitivo nelle opere abruzzesi di Gabriele d’Annunzio
  • L’iperbole e l’enfasi : note sulla novellistica di Luigi Pirandello
  • Italo Calvino lecteur du Roland furieux
  • Les histoires littéraires des années quatre-vingt-dix et la littérature italienne du XXe siècle
  • Amara Lakhous, romanziere pluralista
  • Avventure del libro italiano all’estero
  • Seconde partie
  • « Je ne saurais trop vous dire ce que ce diable d’homme est pour moi » Le cours de Pierre-Louis Ginguené sur Dante Alighieri à l’Athénée de Paris
  • Le Quattrocento dans les histoires de la littérature italienne : de Giovan Mario Crescimbeni à Pierre-Louis Ginguené1
  • Ginguené « corrompu » par le Tasse
  • Un historien indélicat. Un témoignage inédit de Pierre-Louis Ginguené sur Simonde de Sismondi
  • Références bibliographiques
  • Index
  • Titres de la collection

Préface

Choisir de mettre en couverture le portrait à l’huile d’Alessandro Bonsanti, un des protagonistes de la vie culturelle florentine et italienne du siècle dernier et surtout homme de lettres engagé dans la cité, ce n’est pas seulement illustrer la première des études qui ouvre ce recueil. C’est offrir aussi une clef d’entrée au préfacier et lui permettre de s’acquitter d’une tâche dont il lui faut avouer, pour commencer, une certaine difficulté à l’assumer : difficulté normale lorsqu’on a trop à dire – sur l’auteur et ses écrits – alors que la nature de ce texte introductif oblige à être bref, à se restreindre. Même si, au cours d’une longue carrière académique, on s’est plié à maintes reprises à cet exercice, il y a des fois, rares mais celle-ci en est une, où l’on aimerait se soustraire aux contraintes du genre, au moins en partie, tout en tenant compte du célèbre conseil de Voltaire « il faut être très court, un peu salé »1. Ces quelques lignes, bien sûr, voudraient donner un avant-goût de cet ouvrage, et en suggérer le caractère et la portée, mais elles vont tenir plutôt du témoignage personnel, concis et sincère. Ainsi le regard droit et perçant d’Alessandro Bonsanti me ramène-t-il immédiatement à des années bien lointaines, plus précisément à 1995, et aux débuts de mes échanges amicaux avec Paolo Grossi qui – depuis – ne se sont jamais interrompus.

Attaché linguistique de l’Ambassade d’Italie à Paris, fraîchement nommé auprès du département d’Italien de l’Université de Caen, où il restera jusqu’à 2001 – il m’avait exposé son parcours universitaire à l’Université de Turin, où de grands maîtres (comme Giorgio Bàrberi ←7 | 8→Squarotti) avaient confirmé et nourri son intérêt pour la « res literaria », non seulement pour les textes, les œuvres, les auteurs mais aussi pour tout ce qui l’entoure, la construit et la définit dans le temps et dans l’espace, en somme pour les grandes questions qui sont au cœur de l’étude historique de la littérature (la périodisation, le canon des auteurs, les regroupements par courants, les institutions, les éditions, la diffusion, etc.) et pour ceux qui les posent et se font les médiateurs des réponses. Bonsanti appartenait à cette catégorie, si l’on ose la définir ainsi, d’opérateurs culturels de haute volée (fondateur et responsable de revue, organisateur de rencontres, animateur de programmes et de structures, directeur d’institutions…) et dont l’action concrète, ouverte à la communication et à la diffusion de l’œuvre des autres, était, en plus, accompagnée par une réflexion théorique et une écriture originale, formant le « microcosme raréfié » (« rarefatto microcosmo ») d’un narrateur raffiné que nous livrent les pages de Paolo Grossi. Et si les années caennaises de celui-ci ont mis en lumière ses compétences professionnelles de pédagogue attentif et de chercheur scrupuleux, capable de traduire l’étude approfondie en cours et, vice versa, de partir de ses cours pour parcourir les pistes de la recherche, elles ont été marquées surtout par son habileté à instaurer des liens entre différentes institutions locales (Conseil régional de Basse Normandie, Musée des Beaux-Arts, Services culturels de la Ville de Caen, Université), nationales (ministères de l’Éducation nationale, de la Culture) et internationales (ministère des Affaires étrangères italien, plusieurs universités italiennes, américaines), favorisant les rapports et les initiatives en tout genre. Ainsi a-t-il réussi à monter des expositions qui ont complété les colloques internationaux qu’il avait organisés sur Italo Calvino essayiste et sur l’œuvre de Gofffedo Parise, en prenant le temps de coucher sur papier le travail d’enquête préalable et les retombées scientifiques de ces initiatives, y compris celles autour de Raffaele La Capria, et de l’historiographie littéraire au XXe siècle.

L’historiographie littéraire elle-même, ses vicissitudes spécifiques, les lois qui régissent sa dynamique intrinsèque, en tant que genre littéraire sont devenues pour Paolo Grossi l’objet d’un investissement majeur d’énergies et de temps avec le sujet de sa thèse de doctorat. Il faut rappeler que l’auteur auquel cette thèse a été consacrée, Pierre-Louis Ginguené, et le domaine d’études auquel elle appartient, celui de l’histoire ←8 | 9→de l’histoire littéraire, avaient été plutôt délaissés ou décidément oubliés par les spécialistes. Pierre-Louis Ginguené, historien et critique de la littérature italienne a abouti à un bel ouvrage du même titre, chez Peter Lang, qui a reçu le Prix Fondation du Docteur Carrière de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, en 2006.

En tant qu’Italien travaillant en France dans le domaine intellectuel, Paolo Grossi a su s’approprier la culture française et nous fournir une clef d’entrée pour en comprendre un de ses moments historico-culturels les plus complexes, entre Ancien régime, Révolution, Consulat et Empire, à la lisière de deux ou plusieurs mondes.

Cette étude touffue et claire, prenant en compte une masse extraordinaire de matériaux rares et d’archives, est le fruit d’un va-et-vient incessant entre la France et l’Italie, et elle vise à saisir les relations complexes qu’entretenait Ginguené avec ces deux traditions culturelles, la française et l’italienne, lui qui fut peut-être le premier homme de lettres en Europe à choisir d’intituler son cours en 1803 : « cours d’histoire littéraire ». C’est, d’ailleurs, ce même regard croisé – ayant donné une valeur indéniable de nouveauté à l’approche de Paolo Grossi et aux conséquences scientifiques qui en ont découlé – que l’on retrouve dans ses articles présents dans la seconde partie de ce volume. Ils permettent de saisir certaines facettes de la complexe stratégie de médiation culturelle entre France et Italie qui est à la base de l’Histoire littéraire de Ginguené et un des aspects les plus novateurs de son entreprise historiographique. Or toute son œuvre est à mettre en relation avec une vocation affirmée de pédagogue et de vulgarisateur dont l’origine était à chercher tout d’abord dans l’exercice de sa profession de journaliste, et ensuite, dans sa mission d’homme politique au service de l’instruction publique.

Comment ne pas saisir les traits évidents commun à l’idéologue du début du XIXe siècle français et à l’humaniste italien Bonsanti que la mort cueillit en plein mandat de maire de Florence en 1984 ? Au-delà des évidentes différences d’ordre chronologique et linguistiques et des situations historico-culturelles et politiques connexes, Ginguené et Bonsanti ne sont pas si loin l’un de l’autre et ce n’est pas par hasard que l’on pourrait dire qu’ils sont les deux figures tutélaires de ce recueil.

Leur engagement existentiel dans et pour la culture, tout comme l’esprit laïc qui les animait, en font encore et toujours des modèles de ←9 | 10→premier plan pour quiconque voudrait adopter la posture du médiateur, d’un « passeur », sensible à la situation de la réception de la littérature et de la culture italiennes à l’étranger et qui se propose, en premier lieu, de réagir aux préjugés, aux malentendus et au manque de connaissances, si non à la désinformation qui la caractérisaient et la caractérisent encore aujourd’hui…

L’exigence de rendre justice aux lettres italiennes ignorées, aux auteurs à la marge absents des programmes d’études universitaires et négligés par les catalogues des maisons d’édition et par les traducteurs, pourrait constituer un véritable leitmotiv de l’action menée par Paolo Grossi dans le cadre de ses fonctions d’attaché culturel et elle est explicite dans tous (ou presque) ses écrits ici ressemblés.

En novembre 2003, auprès de l’Istituto Italiano di Cultura de Paris, il a fondé – et animé depuis, sans interruption – les « Cahiers de l’Hôtel de Galliffet », destinés au début à accueillir les actes des colloques et journées d’études organisés par l’Institut. Au fil du temps, cette belle collection – qui compte désormais une cinquantaine de volumes – a évolué en proposant de découvrir ou redécouvrir par le biais de leur traduction française nombre d’auteurs (Matilde Serao, Gabriele d’Annunzio, Corrado Alvaro, Aldo Capitini, Piero Jahier, Alberto Vigevani, Antonio Tabucchi, Goffredo Parise, Raffaele La Capria…) et d’œuvres allant de la fin du XIXe siècle à nos jours. Il s’agit parfois de titres rares, parfois introuvables même en Italie, de la poésie (Anna Maria Ortese, Andrea Zanzotto, Nella Nobili, Salvatore Quasimodo, Eugenio De Signoribus entre autres), d’essais et textes en prose, comme par exemple les pages exceptionnelles et méconnues d’Antonio Delfini sur la Chartreuse stendhalienne.

Une même volonté d’ouvrir des dialogues en apparence improbables, d’amorcer des collaborations fécondes, de susciter des curiosités inattendues a conditionné les choix de Paolo Grossi même quand il fut amené à œuvrer dans des contextes culturels particuliers et plurilingues.

Dans le cadre de ses fonctions de directeur de l’Institut culturel italien de Stockholm, il a créé la revue semestrielle bilingue (italien-suédois) CARTADITALIA, consacrée à la culture italienne contemporaine, enrichie depuis 2010 d’une collection de littérature italienne contemporaine en suédois « Cartaditalias bokserie » (« Les livres de CARTADITALIA »). ←10 | 11→Cette revue a continué ses publications, en se développant sous forme de volumes monographiques en quatre langues (français, italien, anglais, flamand) de l’Institut culturel italien de Bruxelles, grâce à l’action de Paolo Grossi qui, entre temps, a continué et continue de mener une réflexion sur l’état du livre italien hors les frontières de la Péninsule. L’étude sur les « aventures du livre italien à l’étranger » (à la fin de la première partie de ce recueil) en offre un aperçu : de par ses multiples expériences professionnelles d’enseignant-chercheur en premier lieu et ensuite de fondateur de revues, de traducteur, de concepteur et animateur de collection, d’éditeur, de directeur de structures, Paolo Grossi esquisse pour nous un champ de recherche inexploré ou presque car rarissimes sont les études qui traitent, de façon systématique, de la pénétration du livre italien hors d’Italie et de sa réception à travers un recensement ponctuel des traductions et de ses interprétations. La recherche et les problèmes de repérage et d’accessibilité des données, la réflexion théorique sur la médiation et la réception précèdent et accompagnent – comme chaque fois – ses réalisations concrètes (les portails booksinitaly et newitalianbooks) et préparent les formes d’action à venir, dans un horizon culturel non plus européen mais mondialisé.

En effet, c’est ce qui ressort de toutes les activités et les écrits de Paolo Grossi, opérateur culturel engagé et promoteur infatigable de diverses initiatives culturelles en tout genre : il a su conjuguer la finalité de valoriser et diffuser la culture italienne avec la poursuite d’études constantes et d’une recherche de qualité, comme le prouvent ses publications italiennes et françaises ici réunies et toujours en harmonie avec l’esprit des temps.

En conclusion, en espérant que ces lignes aient réussi à susciter l’intérêt du lecteur, le préfacier ne peut que s’excuser avec l’auteur : ce recueil aurait mérité un préambule scientifique à la hauteur des sujets traités et de la qualité des résultats car ces essais sont la preuve d’une recherche pluri-décennale sérieuse menée par un chercheur accompli dont le profil, fût-il tracé de façon rapide et incomplète, tient de l’estime sincère.

Silvia Fabrizio-Costa

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1 Voltaire écrivait dans une lettre à Paul-Claude Moultou, le 5 janvier 1763 : « Il faut être très court, un peu salé, sans quoi les ministres et madame de Pompadour, les commis et les femmes de chambre, font des papillotes du livre ». Concept repris par la formule, célèbre elle aussi, que la préface est égale à la sauce du livre, attribuée aux Italiens par Pierre-François Camus dit Merville (1783–1853) dans Gustave Vapereau (1819–1906), Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 1644 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2207247/f1659.item.r=La%20salsa%20del%20libro

Résumé des informations

Pages
254
Année
2020
ISBN (PDF)
9783034340168
ISBN (ePUB)
9783034340175
ISBN (MOBI)
9783034340182
ISBN (Broché)
9783034340151
DOI
10.3726/b17023
Langue
français
Date de parution
2020 (Juillet)
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 254 p.

Notes biographiques

Paolo Grossi (Auteur) Natalie Noyaret (Éditeur de volume)

Conseiller culturel auprès du Ministère italien des Affaires Étrangères, Paolo Grossi a enseigné la littérature italienne dans les universités d’Uppsale (Suède) et de Caen (France). Directeur-adjoint de l'Institut culturel italien de Paris (2003-2008), il a ensuite dirigé les Instituts culturels italiens de Stockholm (2008-2012) et de Bruxelles (2014-2019). Docteur ès lettres, ses publications scientifiques concernent la littérature italienne contemporaine ainsi que l’érudition et l’histoire littéraire au XVIIIe siècle en France et en Italie. Il dirige, depuis sa création en 2004, la collection d’études et textes « Cahiers de l’Hôtel de Galliffet » (Paris). L’Académie des Sciences Morales et Politiques a attribué le "Prix de la Fondation du docteur Carrière" à son livre Pierre-Louis Ginguené historien de la littérature italienne (Bern, Peter Lang, 2006).

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