Étude contrastive du slam en France et en Allemagne
Analyse linguistique du lexique sub- et non-standard de textes de slam
Résumé
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sur l’auteur/l’éditeur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Remerciements
- Table des matières
- Table des illustrations et tableaux
- 1 Introduction générale
- 1.1 Introduction et classification générale du « Poetry slam »
- 1.1.1 Le slam et son essor
- 1.1.2 Définition du slam
- 1.1.3 Le slam et sa langue métissée
- 1.1.4 Le slam et son expression : France vs. Allemagne
- 1.2 Ses influences littéraires diverses
- 1.2.1 De la poésie moderne à la poésie contemporaine
- 1.2.2 Langage poétique : définition et explication
- 2 Linguistique textuelle et communication
- 2.1 Introduction à la théorie de la linguistique textuelle
- 2.1.1 Terminologie du « genre textuel »
- 2.1.2 Classification des genres textuels
- 2.1.3 Genres textuels et aspects communicatifs
- 2.1.4 Les critères de classification par rapport aux textes de slam
- 2.2 La linguistique textuelle comparative
- 2.2.1 Théorie et stade de la recherche
- 2.2.2 Classification des textes
- 2.2.3 Procédés de la linguistique contrastée
- 2.3 Les aspects communicatifs, culturels et identitaires dans le Slam
- 2.3.1 Introduction aux phénomènes de communication orale
- 2.3.2 Textes et aspects culturels
- 2.3.3 La production d’identité
- 3 Le standard, le sub-standard et le non-standard
- 3.1 De la linguistique structurale à la sociolinguistique
- 3.1.1 Le Structuralisme : critique pour une science sociale
- 3.1.2 La naissance de la Sociolinguistique
- 3.1.2.1 Le concept du variationnisme
- 3.1.2.2 L’Ethnographie de la communication
- 3.2 Variété et variation : en France et en Allemagne
- 3.2.1 La notion de variété dans la recherche française et allemande
- 3.2.2 La notion de variété selon Dittmar et Löffler
- 3.2.2.1 Réflexions terminologiques selon Dittmar (1997)
- 3.2.2.2 Réflexions terminologiques selon Löffler (2004/05)
- 3.2.2.3 Résumé des conceptions : Dittmar (1997) et Löffler (2005)
- 3.3 Le français : le standard – le sub-standard – le non-standard
- 3.3.1 Français standard et norme
- 3.3.2 Du vieil argot au Français populaire et à l’argot commun
- 3.3.3 La langue familière
- 3.3.4 Lexique populaire et argotique : Procédés formels et sémantiques
- 3.3.5 La langue des jeunes : standard ou non-standard ?
- 3.3.5.1 Pluralité des argots ou FCC
- 3.3.5.2 Procédés de créations lexicales en FCC
- 3.3.5.3 Autres composants linguistiques du FCC
- 3.4 Allemand standard – sub-standard – non-standard
- 3.4.1 Le standard allemand et la norme
- 3.4.1.1 Le standard par rapport au dialecte
- 3.4.1.2 Langue standard et langue des jeunes
- 3.4.2 La langue familière – Umgangssprache – sub-standard
- 3.4.2.1 La langue des jeunes et sa propagation dans la langue familière
- 3.4.2.2 Caractéristiques de la langue des jeunes comparées à celles de la langue familière parlée
- 3.4.3 Sources et influences de la langue des jeunes en Allemagne
- 3.4.3.1 Le lexique jeune
- 3.4.3.2 La formation des mots
- 3.4.3.3 Autres phénomènes : l’onomastique, l’onomatopée
- 3.4.4 Le « Kiezdeutsch »
- 3.5 Réflexions comparatives
- 3.5.1 Aspects comparatifs généraux des variétés en Allemand et en Français
- 3.5.2 Aspects comparatifs des procédés sémantiques et formels
- 3.5.2.1 Les procédés formels
- 3.5.2.2 Les procédés sémantiques
- 3.5.2.3 Comparabilité du FCC et du « Kiezdeutsch »
- 4 Description de la recherche sur le terrain
- 4.1 Les scènes de slam : en France et en Allemagne
- 4.1.1 Les scènes de slam dans la métropole lilloise
- 4.1.2 Présentation des slameurs lillois et de leur conception
- 4.1.3 Les scènes de slam dans la métropole berlinoise
- 4.1.4 Présentation des slameurs berlinois et de leur conception
- 4.2 La jeunesse, une catégorie ambivalente
- 4.2.1 Terminologie de la jeunesse
- 4.2.2 Peut-on parler de « jeunes » lorsque l’on parle des slameurs ?
- 4.3 Enquête, principes- choix et pratiques méthodologiques
- 4.3.1 L’enquête : son terrain
- 4.3.2 Sélections et rencontres des informateurs
- 4.3.3 Construction du corpus
- 5 Analyse du corpus français
- 5.1 L’argot commun
- 5.1.1 Les occurrences populaires et vulgaires
- 5.1.2 Les occurrences familières
- 5.1.3 Les occurrences argotiques
- 5.2 Les argots des jeunes
- 5.2.1 Les procédés sémantiques
- 5.2.1.1 Les emprunts : aux langues étrangères et aux variétés diatopiques
- 5.2.1.2 Les anglicismes : fonctions et présences dans les dictionnaires utilisés
- 5.2.1.3 Dérivations sémantiques, aspects métaphoriques et métonymiques
- 5.2.1.3.1 Les dérivations sémantiques
- 5.2.1.3.2 Les emplois métaphoriques
- 5.2.1.3.3 Les métonymies
- 5.2.1.3.4 Les jeux de mots : fonctions et interprétations
- 5.2.2 Les procédés formels
- 5.2.2.1 Les procédés formels : les troncations, suffixations et réduplications
- 5.2.2.2 Les onomatopées : fonction et présence dans les dictionnaires utilisés
- 5.2.2.3 Le Verlan : fonction et présence dans les dictionnaires utilisés
- 6 Analyse du corpus allemand
- 6.1 L’Argot dit « commun » au sein du corpus allemand
- 6.1.1 Les occurrences appartenant au domaine du familier
- 6.1.2 Les occurrences appartenant au domaine du vulgaire
- 6.2 Les procédés sémantiques dans les Argots des jeunes
- 6.2.1 Les emprunts aux langues étrangères, aux régionalismes et aux variétés de l’allemand
- 6.2.2 Les anglicismes
- 6.2.2.1 Les emprunts simples
- 6.2.2.2 Les emprunts complexes et procédés formels dans les anglicismes
- 6.2.2.3 Les emprunts composés
- 6.2.2.4 Les compositions allemand/anglais
- 6.2.2.5 Les compositions verbales
- 6.2.2.6 Les sigles parmi les anglicismes
- 6.2.2.7 Les changements de catégorie grammaticale parmi les anglicismes
- 6.2.3 Procédés métaphoriques, métonymiques et dérivations sémantiques
- 6.2.3.1 Emprunt : scène de la drogue et au jargon des étudiants
- 6.2.3.2 Les dérivations sémantiques
- 6.2.3.3 Les emplois métaphoriques
- 6.3 Les procédés formels
- 6.3.1 Les cas de troncation
- 6.3.2 Les suffixations
- 6.3.3 Les préfixations
- 6.3.4 Les cas de compositions
- 6.3.5 Les onomatopées, les sigles et les mots –valises
- 7 Réflexion comparative des corpora
- 7.1 L’argot commun
- 7.1.1 L’argot commun dans le corpus français
- 7.1.2 Le familier ou le commun dans le corpus allemand
- 7.1.3 Réflexion comparative du commun « familier » dans les corpora
- 7.2 Les langues étrangères, les régionalismes et les variétés diatopiques
- 7.2.1 Les langues étrangères, régionalismes et variétés diatopiques dans le corpus français
- 7.2.2 Les emprunts aux langues étrangères et aux variétés diatopiques dans le corpus allemand
- 7.2.3 Réflexion comparative des emprunts aux langues étrangères, aux régionalismes et aux variétés diatopiques dans les corpora français et allemand
- 7.3 Les anglicismes
- 7.3.1 Les anglicismes dans le corpus français
- 7.3.2 Les anglicismes dans le corpus allemand
- 7.3.3 Réflexion comparative des anglicismes des corpora
- 7.4 Les procédés sémantiques : dérivations sémantiques, emplois métaphoriques, emplois métonymiques et emprunts aux scènes
- 7.4.1 Les procédés sémantiques dans le corpus français
- 7.4.2 Les procédés sémantiques dans le corpus allemand
- 7.4.3 Réflexion comparative des procédés sémantiques des deux corpora
- 7.5 Les procédés formels : troncations, compositions, verlan, sigles et onomatopées
- 7.5.1 Les procédés formels dans le corpus français
- 7.5.2 Les procédés formels dans le corpus allemand
- 7.5.3 Réflexion comparative des procédés formels des deux corpora
- 8 Conclusion générale
- 9 Travaux cités
- 10 Répertoire des occurrences du corpus français
- 11 Répertoire des occurrences du corpus allemand
- 12 Index des notions
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Table des illustrations et tableaux
Les figures
Figure 1 : | Modèle de communication de Jakobson |
Figure 2 : | Le modèle de la réalité linguistique (Löffler : 2005) |
Figure 3 : | Aspects de la variation en langue allemande |
Figure 4 : | Le modèle de classification du parler jeune (Neuland, 2006c) |
Figure 5 : | Modèle des étapes de la propagation des innovations linguistiques (Kotsinas : 1997, 131) |
Figure 6 : | Procédés sémantiques et formels selon la langue dans le corpus |
Figure 7 : | L’argot commun dans le corpus français |
Figure 8 : | L’argot commun dans le corpus allemand |
Figure 9 : | Comparaison du commun |
Figure 10 : | Les emprunts aux langues étrangères et aux variétés diatopiques dans le corpus français |
Figure 11 : | Emprunts aux langues étrangères et variétés diatopiques dans le corpus allemand |
Figure 12 : | Emprunts aux langues étrangères et aux variétés diatopiques dans les corpora |
Figure 13 : | Les anglicismes dans le corpus français |
Figure 14 : | Les anglicismes dans le corpus allemand |
Figure 15 : | Comparaison des anglicismes dans les corpora français et allemand |
Figure 16 : | Dérivations sémantiques, emplois métaphoriques et métonymiques dans le corpus français |
Figure 17 : | Dérivations sémantiques, emplois métaphoriques et métonymiques dans le corpus allemand |
Figure 18 : | Comparaion des dérivations sémantiques, des emplois métaphoriques et métonymiques dans les corpora français et allemand |
Figure 19 : | Les procédés formels dans le corpus français |
Figure 20 : | Le verlan dans le corpus français |
Figure 21 : | Les procédés formels dans le corpus allemand |
Figure 22 : | Comparaison des procédés formels dans les corpora français et allemand |
Les Tableaux
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L’oralité est le cœur même de la vie en société entre individus – celle-ci permet de communiquer, d’échanger, de travailler, d’acheter et tout simplement de vivre. Ainsi le principe même de la communication repose sur cet échange verbal quotidien semblant dans son usage tout ce qu’il y a de plus naturel. Si donc l’oralité est l’expression du peuple, il est d’autant plus logique que des artistes veuillent s’y rattacher pour pouvoir s’exprimer. En effet, les déclamations a cappella et la musique au sens large ont toujours été des moyens d’expression ainsi qu’une projection de la société à laquelle les artistes se retrouvent confrontés. Projeter son image de la société telle que l’artiste la voit ou se sent en être vu passe non seulement par une forme d’expression orale mais bien plus encore par ce qui en fait l’essence même, c’est-à-dire les mots la composant.
C’est dans cet objectif d’analyser un mouvement de poésie orale contemporaine démocratisée que nous nous sommes penchée sur le mouvement du ‘slam’. Nous souhaitions nous retrouver face à un mouvement littéraire oral ouvert à tous et pensé pour tous. La poésie a trop souvent fermé ses portes au peuple pensant ne pouvoir y avoir accès. De même, la poésie a trop longtemps oublié son origine utilitaire, et ce surtout dans notre monde occidental, car elle était à l’origine inventée pour conserver et transmettre le savoir des hommes.
Nous voulons par ce travail nous pencher tout particulièrement sur un vaste sujet regroupant de nombreuses facettes différentes.
Par l’analyse d’un lexique sub- voire non-standard au sein d’un mouvement oral de poésie contemporaine démocratisée, nous souhaitons non seulement concevoir l’usage linguistique réel sur le terrain fait par des auteurs pouvant représenter n’importe quel individu de notre société mais également et plus encore comprendre cette évolution linguistique et la place de ce type de lexique ainsi que sa signification dans l’usage effectué. Pour ce faire, nous nous sommes concentrée sur des scènes de slam dites « ouvertes » et sur des slameurs considérés comme occasionnels ou habitués mais en aucun cas sur des slameurs ayant déjà percé dans les médias1. Cette volonté repose sur le désir d’analyser un langage vrai et non travaillé pour plaire et vendre. Qui plus est, nous tentons également de comprendre les raisons d’un usage sub- voire non-standard par les auteurs de nos deux corpora – les différentes fonctions sont parfois même données par les auteurs eux-mêmes lorsque nous avons eu la possibilité de rentrer en contact avec eux.
Notre langue source est la langue française, ce qui explique également la teneur du corpus français plus conséquente que celle du corpus allemand. Le fait de comparer deux langues géographiquement très proches, nous permet non seulement d’analyser d’une façon intralinguale chaque langue dans sa structure ← 15 | 16 → lexicale et d’en concevoir ainsi l’originalité de composition et de création mais également de les comparer l’une envers l’autre dans leur structure (c’est-à-dire les différents procédés en usage).
La langue en usage exprime beaucoup de choses : ainsi la culture d’un pays, le vécu d’un pays, son passé, et son histoire peuvent se retrouver dans le lexique.
Nous remarquons ainsi plusieurs choses dans ce qui a été dit précédemment :
– la place prise par la culture en place, réelle ou voulue par les auteurs,
– l’importance de la communication, être vu, entendu et compris,
– l’identité réelle ou imaginée,
– le fait d’être reconnu et entendu comme artiste que ce soit par les jeux sur la langue ou par son aspect poétique.
La thèse de ce travail est la suivante :
L’analyse lexicale de notre corpus permet de constater à l’intérieur d’un même mouvement littéraire des phénomènes linguistiques similaires dans l’usage dus à un phénomène de globalisation croissant, mais permet également de constater des phénomènes divergents. Ces différences marquées montrent que malgré la globalisation l’usage de certains phénomènes linguistiques peut être lié à la culture, au passé, et à l’actualité propre de chaque pays. L’analyse du lexique utilisé au sein d’un même phénomène littéraire permet au chercheur d’obtenir des renseignements importants non seulement sur le développement de la langue et de son usage dans chaque pays mais également de tirer des conclusions concernant les particularités propres de chaque pays au niveau du développement culturel de la société en place.
Nous voulons présenter maintenant la façon dont nous avons découpé notre travail afin de donner au lecteur une vue d’ensemble logique et détaillée. Ce travail se découpe en quatre parties principales :
Notre premier chapitre traite du slam dans son ensemble : dans un premier temps nous y décrivons son essor, sa définition, son métissage linguistique en nous basant en partie sur des auteurs tels que Westermayer (2004), Bylanzky (2002), Preckwitz (2002) et Melliani (2000). Dans un deuxième temps, nous nous penchons sur le slam en tant que poésie contemporaine en nous appuyant sur des auteurs tels que Maulpoix (1999) et en décrivant ce qui a trait au langage poétique comme indiqué entre autres chez Jakobson. Et pour finir ce premier chapitre, nous nous penchons sur l’expression et l’esthétique du slam (Mertens, 2007), (Köhle, 2006) et (Anders, 2004) en France et en Allemagne et ce, également d’un point de vue comparatif et selon nos données récoltées dans les deux pays sur le terrain même.
Notre deuxième chapitre traite de la linguistique textuelle. En effet, avant de procéder à une analyse intra- et interlinguale de textes appartenant au domaine du slam, il est nécessaire de montrer leur appartenance à un même genre textuel. Ce chapitre peut être divisé en trois parties bien distinctes : tout d’abord, la théorie du genre textuel et la classification du slam en nous basant entre autres sur des auteurs tels que Deppermann (2002), Wilske (1988b), Adamzik (2001), ← 16 | 17 → Androutsopoulos (2001). Ensuite, les différents procédés de la linguistique comparée avec entre autres des auteurs tels que Krause (2000), Drescher (2002) et Hartmann (1980). Après avoir fait le lien entre genre textuel et aspects culturels, nous décrivons l’expression de la communication, de la culture et de l’identité par un genre textuel oral tel que le slam en nous appuyant sur des auteurs tels que Bachtin (1979), Blanchet (2000), Lipiansky (1990), Camilleri (1990) et Hymes (1984).
Notre troisième chapitre traite dans un premier temps des différentes approches française et allemande de l’analyse lexicale : l’une est plutôt axée sur le variationnisme (Coseriu (1988), Gadet (2007)) tandis que l’autre est plutôt axée sur une analyse argotologique (lexico-structuraliste). Nous utilisons dans notre analyse lexicale l’approche argotologique que nous appliquons également à l’analyse des occurrences allemandes. Pour ce faire, nous nous basons sur les procédés sémantiques et formels comme indiqués chez Goudaillier (2001). Ce chapitre essaye également de donner au lecteur une vue d’ensemble concernant ce qui a trait au standard, au sub-standard et au non-standard en nous basant sur les conceptions de certains auteurs tels que entre autre François (1976), Neuland (2006), Schlobinski (1993), Sahin (2006), Androutsopoulos (2004), Kramorenko (2003) et Kotsinas (1997).
Nous tenterons de montrer dans ce chapitre la comparabilité et les équivalences du familier, de l’argot commun, des argots des jeunes, du FCC (le Français contemporain des cités) et du « Kiezdeutsch ». Quels en sont les points communs et les divergences selon la théorie donnée.
Notre quatrième chapitre correspond à la description de notre recherche sur le terrain ainsi que les principes, choix et pratiques méthodologiques utilisés. Ce chapitre permet également de mieux comprendre les conceptions, les choix de vie des slameurs enregistrés sur le terrain. Le fait de parler de nos informateurs étant en même temps part de notre corpus de par leur participation active aux scènes de slam, nous en sommes venue à parler de la jeunesse. Les slameurs sont-ils à considérer comme appartenant à une catégorie encore « jeune » ? Quelle est la part de leur identité et de leur culture en présence dans leur texte et plus particulièrement dans l’usage lexical qu’ils en font ?
Notre cinquième chapitre correspond à l’analyse argotologique du corpus français. Pour ce faire, nous avons eu recours à l’usage de différents dictionnaires afin également de pouvoir observer l’évolution et l’intégration des occurrences dans la langue commune. Nous avons dans le cadre du corpus français eu recours aux dictionnaires suivants : Esnault (1965), Rey-Debove et Gagnon (1990), Colin et Mével (1990), Dontchev (2000), Goudaillier (2001 (1ère édition 1997)), Merle (2007), Le Nouveau Petit Robert (2009) ainsi que le dictionnaire de la zone (cynique).2 ← 17 | 18 →
Dans le cadre du corpus allemand dans le sixième chapitre, nous avons eu recours aux dictionnaires suivants : Bartzsch (2004), Wahrig (2006), Junker (2008), Ehmann (2005) et au dictionnaire en ligne (Gallinowski, 2013). Nous avons procédé personnellement à l’analyse des occurrences non présentes dans les dictionnaires sous la forme présentée dans les corpora. De plus, au cours de ces parties, nous avons également tenté de montrer les occurrences dans le contexte du texte afin d’y voir la raison d’un tel usage. Ainsi, différentes fonctions y sont représentées : les fonctions poétiques, ludiques, identitaires et cryptiques.
Notre septième chapitre correspond à une réflexion personnelle comparative générale des différents procédés en présence dans les deux corpora. Le but de cette partie est avant tout de montrer les ressemblances et les différences existantes non seulement dans le slam mais plus encore dans l’usage lexical (et surtout les procédés en cause) effectué par les auteurs de nos corpora afin d’en tirer des conclusions plus vastes.
1.1 Introduction et classification générale du « Poetry slam »
Phénomène de littérature orale, le slam joue sur sa forme en alliant poésie et créativité lexicale particulière, « […] des mots qui n’ont besoin d’aucun instrument pour faire leur propre musique » (Inkorekt’Association In Ubackconcept3). Le principe de l’oralité intervient quotidiennement dans la vie de l’être humain ; elle est constitutive de la personnalité de chacun et forge un rapport essentiel de communication avec l’autre. L’oralité est une technique : savoir placer sa voix, ralentir le débit, articuler, prononcer et modeler l’intonation. Parler, c’est aussi ne pas pouvoir revenir en arrière, ne pas pouvoir gommer les fautes. Parler, c’est vivre par la parole et l’expressivité de ses mouvements, de ses mimiques et de ses gestes. L’oralité et la littérature orale sont des éléments essentiels pour le développement social et culturel de chaque individu. La langue dans laquelle est énoncé le texte est l’outil de communication propre au groupe social concerné, le code d’expression commun à tous ses membres, ou éventuellement une langue seconde parlée et comprise dans le groupe. C’est la langue qui donne au texte le moule, dans lequel il prend sa forme et son expressivité. Nous commencerons donc par présenter une définition de ce que peut être le slam, ses influences littéraires diverses pour conclure sur ses modes d’expression en France et en Allemagne.
Le format du slam correspond à de la poésie démocratisée. Son essor se manifeste aux Etats-Unis avec des apports culturels variés de genre et d’origine (Westermayr, 2004) comme par exemple l’influence de la musique hip-hop, du rap et de la lyrique portoricaine. Les traditions de littérature orale existaient déjà bien avant l’émergence du hip-hop et du rap, comme le démontre entre autre une ancienne forme traditionnelle malgache du « Hain-Teny » (Joubert, 1988 : 14) : il s’agit ← 18 | 19 → d’une forme de poésie dialoguée servant à régler les querelles par le recours à des combats basés sur l’échange verbal entre deux personnes. On parle alors d’un duel poétique. Celui-ci s’effectue aussi parfois par simple jeu (Joubert, 1988 : 14). Ou encore la tradition du « Tassu » apportée par les premiers esclaves arrivant par bateau d’Afrique de l’Ouest (Westemayer, 2004 : 12) : il s’agit d’un chant parlé leur permettant de faire la fête au sein de leur tribu (mariage etc.).
Résumé des informations
- Pages
- 377
- Année de publication
- 2015
- ISBN (PDF)
- 9783653050417
- ISBN (MOBI)
- 9783653975871
- ISBN (ePUB)
- 9783653975888
- ISBN (Relié)
- 9783631657454
- DOI
- 10.3726/978-3-653-05041-7
- Langue
- français
- Date de parution
- 2015 (Juillet)
- Mots clés
- Performance poétique orale langue des jeunes Kiezdeutsch Anglicismes
- Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
- Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 2015. 377 p., 30 tabl., 22 graph.