Sens et signification dans les espaces francophones
La (re-)construction discursive des significations
Résumé
Le sens linguistique, sa construction et sa dynamique sont analysés à travers les discours et les interactions verbales, dans la perspective de plusieurs disciplines des sciences du langage et plus généralement des sciences de la culture : sémantique, pragmatique, analyse du discours, lexicologie et lexicographie, didactique, études littéraires. Autour de l’expérience du langage, toutes ces disciplines se complètent, tout en restant différentes selon leurs points de vue observationnels, leurs domaines empiriques, leurs postures de recherche.
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos des directeurs de la publication
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- Préface
- La francophonie au prisme de ses mots
- PremiÈre Partie Le Français en Francophonie
- Le français sous les tropiques: quand les mots se chargent de nouveaux sémantèmes
- Pour un espace francophone polycentré: création et signification lexicales en contextes culturels
- Sony Labou Tansi et la langue française: des congolismes dans La vie et demie et L’État honteux
- Deuxième Partie Le Français et les Identités Francophones, Le Français Langue D’Expression Littéraire
- Vivre sa francophonie en Acadie: pratiques linguistiques et incidences subjectives
- Enjeux identitaires des francophonies arabes: les écrivains algériens et libanais face à la langue française
- Traces des identités francophones dans le discours littéraire
- Troisième Partie Contact Des Langues Dans L’espace Francophone
- Les actes rassurants dans l’espace francophone: le cas de Remercier
- Lexique et construction de la signification et du sens en didactique du FLE: définitions naturelles, «lexiculture», didactisation
- Enseignement du texte littéraire et apprentissage du FLE: un défi interculturel
- Series Index
← 8 | 9 →Préface
CoDiRe – EA 4643, Université de Nantes
Le sens linguistique, sa construction dans le discours et dans les interactions verbales occupent une place importante dans les recherches relevant de nombreuses disciplines des sciences du langage : sémantique, pragmatique, analyse du discours, lexicologie et lexicographie, TAL (traitement automatique des langues), didactique, sémiotique. Ces objets de recherche sont également présents dans les disciplines qui interrogent les faits humains et sociaux, l’acte littéraire, le vécu expérientiel cognitif et communicatif des individus et collectivités, dans différents contextes culturels : l’ethnographie, l’anthropologie, les études littéraires, la psychologie et la psycholinguistique, la sociologie.
Autour de l’expérience du langage et donc du sens produit et interprété, de la signification des mots mobilisés dans et par les discours des acteurs sociaux, toutes ces disciplines se complètent, mais elles restent différentes selon leurs points de vue observationnels, leurs domaines empiriques, leurs postures de recherche.
Le présent ouvrage est consacré à La (re-)construction discursive des significations dans les espaces francophones. Il fait suite au volume portant sur La construction discursive du concept de francophonie, publié en 2013, formant avec ce dernier un ensemble intitulé Sens et signification dans les espaces francophones4.
← 9 | 10 →Aux enjeux scientifiques et épistémologiques – qui relèvent des sciences du langage au sens large du terme, incluant les études des textes littéraires – s’ajoutent des enjeux sociaux, par le potentiel d’application des recherches présentées à l’analyse des pratiques francophones, au-delà des pratiques langagières, et par le potentiel d’implication de leurs résultats dans la définition, la compréhension et les évolutions des espaces francophones dans l’actuel contexte mondial.
Si le premier volume s’est focalisé sur l’étude de la construction, du fonctionnement et des fonctions des espaces francophones (au sens large du terme, allant de la Francophonie institutionnelle jusqu’aux identités francophones, en passant par les associations, les réseaux et les échanges en Francophonie), et sur la construction discursive du concept même de « francophonie », le présent ouvrage réunit des études sur les variétés du français dans différents espaces francophones. Ces études portent sur les variations de la génération du sens en français, dans différents contextes culturels (camerounais, sénégalais, congolais, acadien, algérien, libanais, roumain), et dans différents types de discours (lexicographique, littéraire, didactique, échanges de la vie quotidienne).
Les enjeux scientifiques sont doubles :
− d’une part, montrer les spécificités de la production-interprétation du sens discursif dans des contextes francophones, « tous parents, tous différents », et ce faisant, faire apparaître les mécanismes sémantico-discursifs de la régénération des significations des expressions linguistiques ;
− d’autre part, développer des méthodologies de recherche susceptibles de rendre compte de ces phénomènes qui expliquent les variétés du français, mécanismes qui, nous semble-t-il, font moins l’objet des recherches sur la francophonie que les variations des propriétés formelles du français.
L’article de Michel Francard qui ouvre ce volume, La francophonie au prisme de ses mots, traite la question des sens et significations dans les espaces francophones depuis la perspective des dictionnaires de la francophonie et de leurs rédacteurs. L’article expose et interroge la pratique lexicographique propre à ces dictionnaires : leur méthodologie différentielle et les principes qui régissent l’intégration de la variation diatopique dans les dictionnaires de référence. Sont ainsi abordés les problèmes théoriques et méthodologiques que pose le recours au « filtre » du corpus d’exclusion qui sert de référence – problèmes liés à sa délimitation, à son hétérogénéité, au degré de complétude de sa nomenclature. Les enjeux des pratiques différentielles sous l’angle des hiérarchies qu’elles font perdurer, amènent l’auteur à reconsidérer la distinction entre dictionnaires de référence et différentiels. Ces enjeux laissent voir chez les rédacteurs des ← 10 | 11 →dictionnaires de la francophonie, tout comme chez les locuteurs francophones, une tension qui découle d’un double rapport à la norme de référence et à la norme endogène, et annoncent, selon l’auteur, des rapports nouveaux des locuteurs francophones à leurs mots.
Les articles qui suivent développent les différents aspects de la construction et dé/reconstruction discursive des significations dans les espaces francophones – dont une partie ont été annoncés par l’article introductif –, regroupés à l’intérieur de trois sections correspondant à trois grandes thématiques : les variations du français, le français et l’identité francophone, et le contact des langues dans les espaces francophones.
Première partie :
Le français en francophonie, variations du français
La première partie de cet ouvrage regroupe trois contributions qui portent sur la contextualisation du français de référence dans les espaces francophones – plus précisément en Afrique subsaharienne (ouest et centre) – et sur les mécanismes de (re)construction du sens dans ces espaces. Les trois contributions puisent dans des textes littéraires les nombreux exemples qu’elles fournissent pour illustrer ces mécanismes de la réappropriation du français en francophonie.
Dans leur article, intitulé Le français sous les tropiques : quand les mots se chargent de nouveaux sémantèmes, Rodolphine Sylvie Wamba et Gérard Marie Noumssi proposent une analyse des « africanismes sémantiques » – lexies à usage différent ou absentes du français de référence – et un inventaire des procédés lexico-sémantiques qui en sont à l’origine : restrictions, extensions et transferts de sens ; modifications de connotations ; emprunts provenant des langues africaines ; focalisations sur la partie symbolique des référents, par métaphore ou par métonymie ; calques sémantiques. Les exemples offerts, tirés essentiellement de quelques œuvres de Kourouma, Mongo Beti, Kuitche Fonkou et Nkémé, visent à souligner que tous ces mécanismes de dé/re-sémantisation sont autant de marques de l’expression d’une interculturalité et qu’ils témoignent de l’ouverture du français aux langues africaines, ouverture empreinte d’exotisme, de variations culturelles locales.
C’est à peu près dans les mêmes termes – plus précisément, en étudiant les resémantisations lexicales et les calques syntaxiques relevés dans les romans de l’écrivain camerounais Mongo Beti – qu’est traitée la question des français d’Afrique par Claude Éric Owono Zambo dans son article Pour un espace francophone polycentré : création et signification lexicales en contextes culturels. S’il constate, face à ces marques de variation linguistique, que les dimensions interculturelle et interlangagière sont bien reconnues dans « l’espace francophone pluriel » actuel, ← 11 | 12 →s’il affirme l’importance de la notion de norme endogène, qui renvoie à une réappropriation de la langue française selon les besoins d’affirmation identitaire des locuteurs francophones, l’auteur s’interroge sur la position de cette variété du français par rapport aux langues locales et sur le rôle que devraient jouer ces langues locales dans l’expression et l’affirmation de l’identité africaine.
Un autre exemple d’adaptation et de réappropriation de la langue française nous est fourni par l’article d’Aminata Aidara, portant sur la néologie lexicale dans les romans de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi. Prenant comme point de départ une classification tripartite des « congolismes » selon que la néologie est liée à la forme lexicale, à la signification ou à l’emploi grammatical, l’auteure se penche ensuite sur les mécanismes à l’origine de la création lexicale – création qui est à mettre en rapport avec l’écriture subversive de l’écrivain, qui, à travers les particularismes créés, souhaite afficher une identité et plaider en faveur des langues africaines.
Deuxième partie :
Le français et les identités francophones,
le français langue d’expression littéraire
La deuxième section de l’ouvrage regroupe trois contributions portant sur la relation du locuteur francophone à la langue française, locuteur pour qui le français est souvent une langue d’expression parmi d’autres et qui parfois perçoit avec acuité la composante linguistique de son identité.
Un premier cas de figure nous est offert par l’article de Laurence Arrighi, intitulé Vivre sa francophonie en Acadie : pratiques linguistiques et incidences subjectives. Adoptant la perspective du constructivisme social, pour ce qui est de la construction identitaire, et de l’école praxématique de Montpellier, pour ce qui est de l’analyse du discours, Laurence Arrighi identifie quelques « motifs discursifs » révélateurs de la construction identitaire des francophones acadiens. Parmi ces motifs, le rapport des locuteurs francophones acadiens à leur langue intervient quasi systématiquement dans leurs discours, en tant que composante de la (co-)construction discursive des identités. L’article développe le constat que l’Acadie étant un espace où la langue française est minoritaire, les discours disent à la fois un « vivre en français » et un « vivre son français », équivalant, d’une part, au positionnement vis-à-vis des anglophones canadiens et, d’autre part, au positionnement vis-à-vis des autres francophones.
Résumé des informations
- Pages
- 210
- Année de publication
- 2016
- ISBN (PDF)
- 9783035266108
- ISBN (MOBI)
- 9783035297300
- ISBN (ePUB)
- 9783035297317
- ISBN (Broché)
- 9782875743336
- DOI
- 10.3726/978-3-0352-6610-8
- Langue
- français
- Date de parution
- 2016 (Avril)
- Mots clés
- verbales interaction didactique
- Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
- Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 210 p., 20 graph., 20 tabl.