Chargement...

L'éthique dans la finance

Les banques genevoises à l'épreuve des faits

de Didier Caveng (Auteur)
©2019 Thèses 194 Pages
Série: Business and Innovation, Volume 23

Résumé

L'éthique des affaires est mise en œuvre par un ensemble des règles, codes ou principes qui orientent les décisions des entreprises vers plus de morale et de transparence. La question de l’éthique des affaires dans le secteur bancaire est d'autant plus pertinente que la crise qui frappe les économies nationales et l'économie mondiale est largement attribuée à l'irresponsabilité de la sphère financière.
L'auteur, par une enquête minutieuse au sein des milieux financiers, cherche à repérer les types d’éthique (pour autant que l’éthique existe explicitement au sein des banques) qui s'appliquent dans les organisations, les formes qu'elle prend, les initiateurs des mesures qui s'y associent, ainsi que les manières dont l'éthique est pensée d’une part et gérée d’autre part.
L’objectif de l’ouvrage est d’éclairer, voire de comprendre, l’attitude et le comportement des banques vis-à-vis de l’éthique : entre dynamisme et pragmatisme, en passant par l’opportunisme, entre formalisation institutionnelle et adaptation à la complexité des situations, entre responsabilité attribuée et responsabilité distribuée.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Introduction
  • Ire partie: L’éthique dans les activités bancaires
  • Chapitre 1 Les champs d’application de l’éthique professionnelle en finance
  • Section 1 La question de l’éthique dans le secteur bancaire
  • Section 2 Rapports entre éthique, morale professionnelle, droit et déontologie
  • Section 3 L’éthique : un guide des valeurs et des comportements
  • Section 4 Éthique normative et éthique réaliste
  • Section 5 L’éthique en intelligence économique et l’éthique financière
  • Section 6 L’éthique des affaires comme mode de régulation sociale
  • Section 7 Vers une éthique de la finance ?
  • Approche conclusive
  • Chapitre 2 L’éthique et la culture dans les banques
  • Section 1 Le secteur bancaire dans la place financière genevoise
  • Section 2 Approche réflexive de l’éthique bancaire
  • Section 3 Les enjeux des démarches éthiques
  • Section 4 L’institutionnalisation de l’éthique dans la gouvernance de la banque
  • Section 5 Les banques en quête de légitimité sociale
  • Section 6 La vision utilitaire de l’éthique dans les banques
  • Section 7 Évolution de l’approche légaliste et formelle de l’éthique
  • Approche conclusive
  • Chapitre 3 L’éthique et l’évolution de la responsabilité sociale dans les banques
  • Section 1 La notion de l’éthique de responsabilité
  • Section 2 Codes de conduite d’institutions bancaires
  • Section 3 Hypothèses sur les règles édictées dans les codes de conduite par les banques
  • Section 4 Initiatives de RSE des établissements bancaires et attentes des groupes de la société civile
  • Section 5 Les dilemmes éthiques du détenteur et de l’utilisateur de fonds
  • Approche conclusive
  • Chapitre 4 Nécessité d’une formation en éthique
  • Section 1 La réflexion éthique en enseignement
  • Section 2 Les caractéristiques de la profession appliquées au secteur bancaire
  • Section 3 La nécessité de former les acteurs internes et externes des banques
  • Approche conclusive
  • IIe partie: L’éthique financière appliquée aux banques genevoises
  • Chapitre 1 À la rencontre des acteurs de la finance
  • Section 1 La Place financière genevoise
  • Section 2 Les entités enquêtées
  • Section 3 Les questions d’éthique aux banques
  • Section 4 Enseignements factuels et déductifs selon les groupes d’intérêt
  • Section 5 La sérendipité ou la démarche logique mais paradoxale
  • Section 6 La zemblanité ou la subversion et le bricolage
  • Section 7 L’approche dogmatique et une approche opportuniste
  • Section 8 Les limites de l’enquête
  • Approche conclusive
  • Chapitre 2 Quels enseignements à tirer pour les banques ?
  • Section 1 L’éthique des affaires : une exigence
  • Section 2 Une « soft law »
  • Section 3 Les exigences concrètes de l’éthique dans l’activité bancaire
  • Section 4 L’oxymore : peut-on finalement concilier l’éthique et les affaires ?
  • Section 5 Le domaine du bien
  • Section 6 Le « juste prix »
  • Section 7 La preuve de responsabilité
  • Approche conclusive
  • Chapitre 3 L’éternel conflit entre l’argent et l’éthique
  • Section 1 La mort des idéologies
  • Section 2 L’influence américaine
  • Section 3 Le contrat social
  • Section 4 La fiscalité et la morale
  • Section 5 La banque responsable
  • Approche conclusive
  • Chapitre 4 La banque citoyenne
  • Section 1 L’argent et la morale
  • Section 2 L’argent et la foi
  • Section 3 La déontologie financière
  • Section 4 La crise et la montée de la défiance
  • Section 5 La critique du capitalisme
  • Section 6 Une finance éthique
  • Conclusions: Les illusions de la raison
  • Sources bibliographiques
  • Titres de la collection

← 12 | 13 →

Introduction

L’éthique en gestion d’entreprise est souvent appréhendée comme un thème de discussion, moins souvent comme une véritable discipline de gestion. Pour certains, le monde des affaires obéit encore essentiellement à la loi du marché et du profit et est exempt d’interrogations éthiques. Pour d’autres, la réflexion éthique doit être appliquée à l’entreprise. On constate toutefois que de plus en plus d’entreprises se sont lancées dans des démarches de formalisation de leur éthique, jusqu’à en établir un code ou une charte éthique.

Le questionnement éthique peut être dès lors considéré sur deux pôles : un pôle critique, portant sur une réflexion pouvant pénétrer tous les champs d’activité de l’entreprise et où les préoccupations éthiques ciblent les domaines de la gestion, et un pôle instrumental qui définit avant tout les valeurs de l’entreprise dans sa politique, sa pratique, son management et donc l’intégration des principes éthiques dans les principes légaux et les règles internes de l’entreprise. Il en ressort que, quel que soit le pôle considéré, les entreprises sont tenues de plus en plus de justifier leurs moyens d’action et la finalité de leurs activités, ce qui in fine fait aussi apparaître une préoccupation d’ordre éthique en vue de justifier leur comportement en affaires. Sur le plan de l’enseignement, la demande éthique a d’abord été portée par des parents d’élèves et des regroupements d’enseignants en faveur de la création d’un ordre professionnel1, l’idée étant de répondre à une demande sociale et de manifester une éthique professionnelle dans sa pratique quotidienne.

Mais comment est conçu l’enseignement de l’éthique ? En quoi contribue-t-elle aux changements et aux mutations de notre contexte socio-économique en répondant à leurs besoins ? Assiste-t-on à une déconnexion de nos sphères de valeur, soit du principe dominant, sinon exclusif de la recherche du profit, du triomphe de l’individualisme ← 13 | 14 → compétitif, à une explosion identitaire qui nous rapprocherait à de nouvelles formes de régulation sociale, se traduisant par une nouvelle gouvernance impactant la vie de tous les jours ainsi que nos actes, impliquant un comportement éthique en entreprise et affichant des valeurs éthiques définies et reconnues ? Et si tel est le cas, quel rôle serait dévolu au corps enseignant supérieur dans cette mouvance ?

Nous nous proposons d’investiguer la question de l’éthique des affaires dans le secteur bancaire, précisément à un moment historique suivant une crise économique dont la responsabilité est largement attribuée à la sphère financière. Notre intention est alors de repérer, pour autant qu’elle existe explicitement au sein des banques, quels types d’éthique sont présents, quelles formes elle prend, qui en est à l’initiative et comment elle est pensée d’une part et gérée d’autre part. Notre problématique est d’éclairer sinon de comprendre l’attitude et le pragmatisme en passant par l’opportunisme, entre formalisation institutionnelle et des situations, entre responsabilité attribuée et responsabilité distribuée.

Voyons quelles sont les questions de recherche à se poser dans le cœur de l’éthique bancaire. Sur ce plan, malgré l’idiosyncrasie complexe de l’éthique dans les institutions bancaires, la recension des écrits nous permet d’envisager quatre objectifs. Ils consistent à identifier, analyser et comprendre la notion d’éthique bancaire, les pratiques actuelles en matière de comportement éthique dans les banques, lesquelles renvoient à celles de l’utilité de la banque pour la société, les limites de la conformité aux règles et procédures et la formation ou sensibilisation en matière d’éthique.

Que signifie être éthiquement correct ? Pour répondre à cette interrogation, nous introduirons nos questions, ciblées sur quatre axes principaux, à savoir : la notion d’éthique bancaire, les pratiques actuelles en matière de comportement éthique dans les banques, la façon d’agir selon que l’on considère une situation comme compliquée ou complexe et la formation ou sensibilisation en matière d’éthique. Comme si le pragmatisme était de mise sur ce sujet, comme si la perfection n’était pas un objectif en ce qui concerne l’éthique, comme si l’ambition en la matière consistait à être simplement correcte, éthiquement correcte. Du point de vue de la banque, quel rôle donner à l’éthique dans l’institution bancaire ? Quelle utilité pour la banque ? La notion d’éthique dans la banque et dans la finance renvoie à celle de l’utilité de la banque et de la finance pour la société : on ne peut être éthique que si l’on est utile au corps social. ← 14 | 15 →

Nous allons également considérer les pratiques actuelles en matière de comportement éthique dans les banques.

Quelle interprétation fait-on de l’éthique ? Comment l’instrumentalise-t-on (sous quelle forme de document) ? Ce que nous voulons mesurer sous forme d’hypothèse : la formulation d’une éthique sous forme d’un document. La façon d’agir selon que l’on considère une situation comme compliquée ou complexe. Les banques ont bien entendu défini les cadres d’action des règles et des procédures dans lesquelles les collaborateurs peuvent évoluer. Celles-ci peuvent être fixées par les lois (CO, Code du travail…) ou internes (règlement interne, Code de déontologie…). Mais quelles sont les limites au-delà desquelles l’éthique peut subroger aux règles et aux procédures ?

Par exemple, un de vos bons clients, avec lequel vous entretenez d’excellentes relations de confiance et d’affaires, vous offre pour les fêtes un coffret contenant trois bouteilles de vin. Le coffret vous a été envoyé à votre domicile privé. Selon le Code de déontologie de votre banque, vous pouvez recevoir un maximum de trois bouteilles de la part d’un client sans avoir à en rendre compte à votre établissement. Dans ce cas, vous seriez « en règle ». Il s’avère que vous avez reçu trois bouteilles de Château Petrus dont le prix représente 900 euros la bouteille. La situation « compliquée » est clairement explicitée par la banque stipulant qu’il convient de déclarer tout cadeau dépassant trois bouteilles. Elle est régie par le Code de déontologie. Le fait qu’il s’agit de trois bouteilles coûtant un prix très élevé ne fait l’objet d’aucun règlement. Il s’agit d’une situation dite « complexe ». Pour vous donner bonne conscience, vous informez votre service Compliance, sachant qu’il n’y aura pas de problème pour garder les bouteilles que votre client vous a offertes, pour peu que vous ne mentionniez pas le prix. Si vous précisez que vous avez reçu du Château Petrus, vous avez le sentiment que le service Compliance ou votre responsable hiérarchique vous demandera soit de partager les bouteilles avec votre service (ce que vous aimeriez éviter), soit de retourner le cadeau à votre client, en lui expliquant que le règlement de la banque vous interdit de l’accepter. Vous êtes pratiquement certain que le service Compliance ne vous demandera pas le prix estimé des bouteilles si vous dites « nonchalamment » que vous avez reçu trois bouteilles, et ce d’autant que vous n’êtes même pas obligé de les déclarer. Mais cela vous donne bonne conscience et vous rend « clean » déontologiquement, tout au moins vis-à-vis de l’extérieur. Quelle attitude adoptez-vous ? ← 15 | 16 →

Se posent dès lors les questions suivantes :

Résumé des informations

Pages
194
Année de publication
2019
ISBN (PDF)
9782807610996
ISBN (ePUB)
9782807611009
ISBN (MOBI)
9782807611016
ISBN (Broché)
9782807610989
DOI
10.3726/b15861
Langue
français
Date de parution
2019 (Mai)
Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
Bruxelles, Bern, Berlin, Oxford, New York, Warsawa, 2019, 192 p., 4 ill. color, 6 tab. b/w

Notes biographiques

Didier Caveng (Auteur)

Économiste, docteur en sciences de gestion, diplômé de l’IMD, Lausanne, et de l’INSEAD, Paris, et titulaire du brevet fédéral de formateur, Didier Caveng officie en tant que professeur auprès du CEFCO – Centre romand de formation continue, Lausanne, et auprès de l'IMSG – International Management School, Genève. Ses compétences ont été acquises durant plus de 30 ans en tant que membre de direction dans des établissements bancaires et manager de projets en Suisse et à l’étranger auprès d’organisations internationales, et en tant que formateur auprès de divers instituts privés et publics.

Précédent

Titre: L'éthique dans la finance