La professionnalisation en débat
Entre intentions et réalisations
Résumé
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sur l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- Préface (Richard Wittorski)
- Introduction. La professionnalisation, une affaire de valeurs ? (Najoua Mohib / Valérie Ledermann)
- Partie 1. Les enjeux de la professionnalisation dans les espaces du travail et de la formation
- Travail, formation et professionnalisation à l’heure de la « flexibilité » (Patricia Champy-Remoussenard)
- Le travail éducatif : perspectives iconoclastes pour penser la professionnalisation des métiers adressés à autrui (Philippe Maubant / Lucie Roger)
- Note de lecture n° 1. « La professionnalisation mise en objet » (Solveig Fernagu Oudet)
- Entreprises et organismes de formation. Quelles réformes pour quelles coopérations ? (Marc Poncin)
- Partie 2. Professionnalisation de l’enseignement supérieur : quels défis ?
- La dynamique de la professionnalisation dans une formation d’ingénieurs par alternance (Michel Sonntag)
- Identité professionnelle, fragilisation des compétences et déqualification. Une lecture segmentationniste de la professionnalisation à l’Université (Vanessa Boléguin)
- Note de lecture n° 2 : « La professionnalisation : vers un nouveau façonnage de l’Université ? » (Charlyne Millet)
- La professionnalisation des filières universitaires. De la création des IUT au LMD (Annie Cheminat)
- Partie 3. Professionnalisation des acteurs : L’exemple des enseignants et des travailleurs sociaux
- Professionnalisation à la lettre. Le cas des professeurs de l’enseignement agricole public (Jean-François Marcel)
- La professionnalisation dans des spécialités et parcours de masters métiers de l’enseignement. État des lieux, limites et pistes de remédiation (Françoise Laspeyres)
- Note de lecture n° 3 : « Les Lumières du praticien réflexif » (Claude-Alexandre Magot)
- Une lecture de la professionnalisation des acteurs dans le champ du travail social (Christine Mias)
- La professionnalisation en débat. La clinique comme référence incontournable de la rencontre du sujet (Dominique Besnard)
- Conclusion. Le risque de cannibalisation de l’offre éducative par le modèle professionnalisant (Stéphane Guillon)
Université de Rouen
D’évidence et nous le savons bien aujourd’hui, le vocable « professionnalisation », comme celui de compétence et d’autres mots participant du même champ lexical, souffre d’une certaine ambiguïté et polysémie.
Une ambiguïté d’abord car, à l’instar du mot « métier », quand on parle de la professionnalisation de quelqu’un on ne sait jamais vraiment, au premier abord, si l’on parle du parcours de formation-travail qui lui est proposé (ce que l’on peut appeler l’offre de professionnalisation) ou si l’on parle de la façon dont il se transforme et apprend dans ce parcours (ce que l’on peut appeler la dynamique d’apprentissage-développement professionnel). Une polysémie ensuite car la professionnalisation peut désigner tour à tour la mise en ordre et formalisation sociale d’activités et la constitution de métiers ou professions (qu’ont étudiées et continuent à étudier les travaux relevant de la sociologie des professions et des groupes professionnels), bref la « professionnalisation-profession », mais aussi le processus de formation des personnes que l’on peut appeler la « professionnalisation-formation » et enfin le développement d’une rhétorique organisationnelle accompagnant la « mise en ordre » et formalisation des activités collectives d’une organisation traduisant une logique de « professionnalisation-organisation ».
Le présent ouvrage permet d’éclairer cette polysémie en abordant successivement les enjeux de la professionnalisation (notamment en lien avec le développement d’une flexibilité du travail et de nouvelles orientations internationales, européennes et nationales données à la formation initiale et continue), puis quelques formes que prend la professionnalisation notamment dans l’enseignement supérieur (la logique de l’offre), enfin ← 11 | 12 → les questions posées à la professionnalisation au travers de l’exemple des ingénieurs, des enseignants et des travailleurs sociaux.
Je retiens particulièrement plusieurs apports des contributions réunies dans cet ouvrage :
– d’abord, une analyse critique affirmée du mouvement de professionnalisation en marche dans les champs de l’éducation et de la formation. Loin de prendre pour acquis et naturel ce mouvement, les auteurs s’accordent sur la nécessité de repérer les difficultés induites par ce « modèle » : mettre en avant les seuls besoins du milieu du travail, oublier le développement personnel des individus… ;
– ensuite, la proposition d’un éclairage diversifié du fait du croisement de points de vue venant de chercheurs spécialisés dans le champ des rapports travail-formation mais aussi d’acteurs et de professionnels de terrain ayant été ou étant encore en prise avec la mise en place de réformes visant une plus grande professionnalisation de l’offre de formation à l’Université ou ailleurs ;
– enfin, le choix pertinent d’évoquer trois milieux professionnels touchés de façon très différente par la culture de la professionnalisation, celui des ingénieurs où la place de la technique (et de la référence à de bonnes pratiques) et de l’organisation du groupe professionnel est affirmée, celui des enseignants qui doivent souvent construire d’abord leur propre style avant d’acquérir le genre du métier (selon Yves Clot) et celui des travailleurs sociaux ballottés au gré des évolutions des politiques publiques et régulièrement frappés comme le dit Bertrand Ravon par des « épreuves de professionnalité » conduisant à développer un sentiment fréquent de déprofessionnalisation.
Notons également le choix particulièrement judicieux d’avoir inséré dans chacune des trois parties de l’ouvrage une recension d’ouvrages en rapport direct avec la thématique traitée par chaque partie permettant de contraster et donc d’enrichir un peu plus la diversité des points de vue.
Pour toutes ces raisons, l’ouvrage que nous proposent les 15 auteurs réunis par Najoua Mohib et Stéphane Guillon constitue donc une contribution pleinement utile à la réflexion à propos du champ de la professionnalisation.
La professionnalisation, une affaire de valeurs ?
Najoua MOHIB, Valérie LEDERMANN
Université de Strasbourg
La professionnalisation fait partie de ces mots embarrassants du vocabulaire de la recherche en éducation tant il oblige à se positionner pour ou contre. « Blacklisté » pour les uns, en raison de sa tendance « néomanagérialisée » (Agulhon et al., 2012), il n’en demeure pas moins, pour les autres, un concept utile pour appréhender les mutations du travail et des organisations (Jorro, 2014) ou encore de l’Université (Rose, 2014).
Alors, de quel côté pencher ? À vrai dire, il n’est pas nécessaire de choisir son camp. À regarder de plus près, les réactions contradictoires suscitées par la professionnalisation ne sont pas isolées. Il semble même que ce soit le sort réservé à tous les mots qui se situent à la croisée des champs des pratiques sociales et de la recherche en sciences humaines. La notion de compétence est une parfaite illustration de ce phénomène. Ce « folk-concept », qui a fait couler beaucoup d’encre, a également déchaîné les passions (Oudet & Batal, 2016) et demeure, aujourd’hui encore, une notion clivante (Mohib, 2016).
Deux raisons peuvent être avancées pour comprendre ce rapport ambigu aux mots, et à la professionnalisation en particulier, dont l’impact dépasse la simple valeur sémantique.
Résumé des informations
- Pages
- 208
- Année de publication
- 2018
- ISBN (PDF)
- 9782807607170
- ISBN (ePUB)
- 9782807607187
- ISBN (MOBI)
- 9782807607194
- ISBN (Broché)
- 9782807607163
- DOI
- 10.3726/b13345
- Langue
- français
- Date de parution
- 2018 (Février)
- Mots clés
- professionnalisation chômage jeunesse emploi formation
- Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
- Bruxelles, Bern, Berlin, New York, Oxford, Wien, 2018. 208 p.