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Vieillesses en Chine et en France

Mots, textes, images

de Isabelle Guinamard (Éditeur de volume) Weiwei Guo (Éditeur de volume) Marie Laureillard (Éditeur de volume)
©2023 Collections 308 Pages

Résumé

« La vieillesse, c’est ce qui arrive aux gens qui deviennent vieux ; impossible d’enfermer cette pluralité d’expériences dans un concept ou même une notion. » (Simone de Beauvoir, La vieillesse, Livre II, 11). Dans cet ouvrage, des chercheurs de différents horizons interrogent les représentations de la vieillesse dans les cultures chinoise et française à travers mots, littérature, peinture et cinéma. Fragile mais sage, vénérée ou appréhendée, espérée ou repoussée… l’image des vieillesses évolue dans le temps et les aires culturelles. Nulle comparaison systématique entre les deux cultures, mais des questionnements qui se repèrent dans leur récurrence, pour mieux saisir avec prudence et modestie les convergences possibles entre culture française et chinoise et les mettre en perspective.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Liste des Contributeurs
  • Introduction
  • Partie 1 : Mots et discours sur la vieillesse
  • La confrontation des mots lao et vieux : la perception de la vieillesse en Chine et en France
  • L’image de la vieillesse dans la presse française : 2010–2019
  • Le vocabulaire chinois et français lié au vieillissement dans un corpus comparable journalistique
  • Le vieil homme et la justice ou comment le droit parle de l’âge : quelques considérations en jurilinguistique affective
  • La vieillesse aux yeux des jeunes urbains chinois : étude basée sur une enquête en ligne
  • Partie 2 : Représentations picturales
  • Vieillesse(s). De quelques représentations du grand âge dans l’art occidental (XVe–XIXe siècles)
  • « Qian Sou Yan 千叟宴 » (Banquets pour mille patriarches) : de l’époque Kangxi (1661–1722) à Xi Jinping (2013-)
  • Partie 3 : Regards croisés sur la vieillesse : quelques exemples de films et romans
  • Vieillards et fantômes au crépuscule dans la littérature chinoise contemporaine
  • De la matriarche à l’immortelle, de la mégère à la vieille mère : images contrastées de la femme âgée dans la littérature et le cinéma chinois
  • L’autorité, le temps, la vie : l’image des personnes âgées dans le cinéma chinois contemporain et leur métaphore culturelle
  • Amour, mort et dignité : comparaison des représentations de la vieillesse dans les films Amour et Vieille bête
  • Corps perdus : procédés de monstration du corps vieux dans le cinéma français contemporain
  • Partie 4 : Quatre perceptions emblématiques de la vieillesse
  • « L’âge le plus doux et le plus favorable de la vie » : la vieillesse vue par George Sand
  • La « splendeur de l’âge » chez Marguerite Duras (1980–1996)
  • La vieillesse représentée par Hwang Chun-ming : l’exemple du recueil de nouvelles Libération
  • La vieillesse aux deux visages chez Max Ophuls

Isabelle GUINAMARD, Marie LAUREILLARD, Weiwei GUO

Avec la contribution de Jiajun Wang, East China Normal University (Chine)

Introduction

Bien que la tortue semble immortelle
Ses jours ne sont pas éternels.
Bien que les serpents ailés 神龟虽寿,犹有竟时。
S’envolent au plus haut des nuées 腾蛇乘雾,终为土灰。
Ils seront cendres et poussières à la fin. 老骥伏枥,志在千里。
Le vieux cheval de guerre relégué à l’écurie 烈士暮年,壮心不已。
Aspire toujours à galoper mille li 盈缩之期,不但在天;
Un homme au cœur noble, au crépuscule de la vie 养怡之福,可得永年
Poursuit ses aspirations à l’infini. 幸甚至哉,歌以咏志。
La durée de vie de l’homme, qu’elle soit longue ou brève, ne dépend pas seulement du ciel 曹操 (155 – 220)
Celui qui mange et reste joyeux vivra jusqu’à un âge lointain.
L a joie au cœur, je fredonne cette chanson.
Cao Cao (155 – 220)

En 1970, lorsque Simone de Beauvoir publie son monumental essai La vieillesse, 13 % de la population française a plus de 65 ans1, une des plus fortes proportions au monde à l’époque, et la catégorie « vieux » est floue et niée par la société. De l’autre côté du continent eurasien, la Chine met en place des mesures de restriction des naissances et l’espérance de vie atteint à peine 60 ans2. Un demi-siècle plus tard, le vieillissement de la population française prise dans sa globalité se poursuit. En 2020, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 20,5 % de la population3, et une nouvelle génération de centenaires émerge ; l’espérance de vie en 2021 est de 85,4 ans pour les femmes, 79,3 ans pour les hommes4. La Chine connaît la même transition démographique, mais à un rythme accéléré. Selon l’édition 2020 du rapport national sur la vieillesse et le vieillissement, le pourcentage des personnes âgées de 65 ans et plus a augmenté de 4,63 % en une décennie pour atteindre 13,5 % en 2020.5 Le deux pays n’ont sur ce plan aucun caractère d’exception et ces chiffres s’inscrivent dans un tableau d’ensemble montrant que « globalement, dans le monde, le nombre de personnes âgées de 80 ans ou plus âgées a presque triplé entre 1990 and 2019, augmentant de 54 millions à 143 millions »6. La vieillesse et le vieillissement sont scrutés par les spécialistes sous tous les aspects : biologique, psychologique, économique, politique, sociologique…

De nos jours, en Occident, la vision des personnes âgées a évolué : l’autonomie devient un sujet important de la société, et on prône une vieillesse active et consommatrice, alors que le phénomène de l’âgisme, cette forme particulière de discrimination envers les personnes âgées, a diminué (Bizzini, 2007). Parallèlement, la médecine s’efforce de repousser l’âge considéré comme celui de la vieillesse et la chirurgie esthétique tente à tout prix d’en masquer les signes de décrépitude corporelle.

En Chine, les personnes âgées sont traditionnellement vénérées, conformément à la pensée confucéenne qui considère la piété filiale comme une vertu cardinale, prônée par le pouvoir même. Une des contributions de cet ouvrage dépeint des banquets de célébration du grand âge, offerts aux personnes âgées par les différents empereurs de la dynastie des Qing (1644–1911) et qui réunirent jusqu’à 5900 convives. Encore de nos jours, une fête traditionnelle, la fête de Chongyang (double neuf)7, fait écho à cette tradition et est devenue depuis 1989 officiellement la fête des personnes âgées.

Le respect des aînés est un gage de bonne conduite. La longévité, considérée comme la capacité à mourir au terme naturel de sa vie8, est recherchée selon les principes taoïstes, grâce à la pratique régulière de la méditation, au contrôle du souffle, au mode de vie, aux activités que sont la musique, la peinture ou les jeux de société tels que les échecs. Il est courant d’observer des rassemblements de personnes âgées pratiquant ensemble dans les parcs publics des mouvements de qi gong ou de tai chi chuan9.

Comme l’indique l’expression chinoise correspondant à « mourir de sa belle mort », 寿终正寝 shou zhong zheng qin, qui se traduit littéralement par « terminer sa vie dans la pièce principale de sa maison », dans la tradition chinoise « la vieille personne vit et meurt dans sa famille. Il s’agit là d’une obligation et d’une évidence » (Lupu 2017, 170). La dépendance envers les proches (qui rappelle celle du début de la vie) n’est pas perçue comme négative : elle fait partie de l’ordre naturel du cours de la vie.

Cependant, face à l’impact économique et sociétal du vieillissement de la population globale, ces valeurs, si profondément ancrées dans les mentalités, semblent évoluer. Les foyers composés de trois ou quatre générations sous le même toit10 se font plus rares. Certaines personnes âgées vivant à la campagne se retrouvent presque abandonnées, oubliées, malgré leurs sacrifices pour la famille et la société, comme en témoigne un ouvrage récent, Le nid vide : je suis seul au monde (空巢:我在这世上太孤独) de Yi Zhou 弋舟 (2020). Alors que la Chine connaît depuis plusieurs années, avec l’adoption du libéralisme, un changement économique fondamental, qui se traduit entre autres par une incitation à la mobilité professionnelle, provoquant des mouvements de migrations internes importants, qu’en est-il de la vie et de la place, de la perception des personnes âgées ? À un moment où, en France, et suite au confinement dû à la pandémie du coronavirus et au récent scandale des EHPAD11, la relégation des personnes dites « vieilles » dans des établissements dédiés, pose question, les premières maisons de retraire voient le jour en Chine comme une solution possible à l’éclatement de la cellule familiale. De 2010 en 2020, le nombre des établissements d’accueil des personnes âgées augmente ainsi en moyenne de 19,69 % par an pour atteindre une offre de 30 lits pour 1000 personnes âgées (Zhang 2021, 141).

Pour appréhender les conceptions de la vieillesse dans les sociétés chinoise et française, nous avons choisi d’aborder le thème des personnes âgées sous sa forme littéraire, cinématographique et picturale. Leurs portraits, au premier plan ou plus discrets, souvent ambivalents, reflètent le regard de la société sur cet âge de la vie ainsi que les préoccupations, les changements de points de vue et la prise de conscience de la temporalité et de la finitude qu’il entraîne. Les contributions que réunit cet ouvrage sont toutes centrées sur la vieillesse telles que la représentent tableaux, films ou œuvres de littérature à différentes époques de l’histoire ; les auteurs sont originaires de France ou de Chine, d’âges divers (allant du début de la trentaine à la soixantaine) et à travers l’analyse des œuvres choisies, s’interrogent sur la conception de la vieillesse qu’elles révèlent ; nulle comparaison systématique des deux cultures12, mais d’une contribution à l’autre, comme en écho, des thèmes récurrents, qui font lien entre les deux mondes, chinois et français.

Comme soubassement à la confrontation de ces représentations artistiques, une première partie portant sur les mots et les discours. Les mots et les expressions, reflets de nos représentations sociales, culturelles et psychologiques, sont les meilleurs témoins de ces évolutions : en 1985, en France le mot « vieux » est remplacé par « personne âgée » dans les textes de loi, qui, à leur tour, sont appelés à laisser place aux termes « aîné » ou « senior » selon les recommandations des professionnels de soins gérontologiques (Les mots du bien vieillir de la Fondation Korian)13. En chinois, à côté de 尊老 zun lao, 敬老 jing lao (respecter les aînés), sont apparues des expressions comme 啃老 ken lao (littéralement « rongeur des vieux », désignant les adultes dépendant de leurs parents sur le plan financier), qui reflètent la toute nouvelle réalité économique et sociétale et les mutations culturelles qu’elle engendre.

L’ouvrage s’ouvre sur le rapprochement des mots « vieux » et « lao » : émerge ainsi une première conception de la vieillesse, au sens générique, telles que les langues chinoise et française la véhiculent ; s’il est rare en France de se qualifier sereinement de « vieux » ou de « vieille », on verra que le mot chinois « lao » a une charge connotative différente, et en appelle au respect. Cette première approche est enrichie, dans la contribution suivante, par l’analyse des mots qu’utilisent de jeunes actifs urbains chinois, sondés dans leurs représentations du vieillissement, qu’il s’agisse de leur propre personne ou de celui d’autrui. La question de la position ou place de la personne âgée apparaît dans les réponses concernant les appellatifs utilisés en France et en Chine : nul équivalent en Chine d’un « maminou » par exemple, qui serait perçu comme trop familier… À travers les mots désignant les personnes âgées dans le cercle familial chinois, est nécessairement présent le respect de leur place centrale dans la pyramide générationnelle.

C’est en se penchant sur la question du traitement social de la vieillesse que les contributions suivantes pointent les différences entre France et Chine : en abordant la question de la retraite, en expliquant dans quelle réalité sociale elle s’ancre, les auteures montrent qu’en Chine, « la vieillesse se cultive » (养老 yang lao). Il s’agit non seulement de subvenir à la vie matérielle, préoccupation bien réelle et compréhensible, dans un pays où tout le monde ne bénéficie pas d’une pension de retraite correcte, mais aussi de s’entretenir sur le plan psychique, spirituel et intellectuel. Ce dernier aspect prend plus importance à mesure que le niveau de vie augmente, à tel point que nous voyons émerger le néologisme homonymique 享老 xiang lao (profiter de la vieillesse). En France aussi, la presse accorde beaucoup d’attention au sujet de la vieillesse et du vieillissement, notamment dans les secteurs économique, politique, social et sanitaire. Certains thèmes reviennent régulièrement au fil du temps comme l’emploi des seniors, la réforme de la retraite ou encore l’état de santé, qui révèlent une image dichotomique de la vieillesse. Une analyse de l’actualité récente et des mesures prises en France pour contrer la pandémie de la Covid, complète ces réflexions en passant au crible, dans le langage juridique et administratif, les expressions récemment apparues dans le but de bannir ce mot qui figure le creuset des représentations négatives de la vieillesse : « vieux ».

Les autres contributions ont été regroupées selon le type d’œuvres artistiques abordé : on retrouvera la division classique entre œuvres picturales, cinématographiques et littéraires. Comme précisé plus haut, nulle comparaison systématique entre les deux cultures, mais plutôt des questionnements qui se repèrent dans leur récurrence et que l’on pourrait regrouper en quelques thèmes, pour mieux saisir avec prudence et modestie les convergences possibles entre culture française et chinoise et les mettre en perspective. Si, dans nos propos, revient souvent le terme générique de « vieillesse », le pluriel a été choisi pour le titre de cet ouvrage : les vieillesses. Ce changement n’est pas neutre et renvoie à une pluralité d’états, voire d’étapes, dont on ignore quelle sera la suivante : si la portée du temps diminue, son effet demeure inconnu et accentue la vulnérabilité et l’impuissance de qui vieillit. Le passage de la vieillesse conceptuelle aux vieillesses concrètes et multiformes est en parfaite cohérence avec la langue chinoise où la notion abstraite de la vieillesse n’est pas lexicalisée.

La question de la dignité

L’un des mots qui nourrit plusieurs des contributions est celui de « dignité » : qu’il s’agisse du film Amour de M. Haneke, ou de Vieille bête de M. Zhou14, ou encore de certains tableaux de Rembrandt qu’analysent deux de nos auteurs, les personnages âgés défendent une dignité que le regard de la société sur la vieillesse met à mal. Rappelons que l’origine latine de dignité est « qui mérite l’estime » : cette estime que nos sociétés actuelles sont promptes à refuser à qui n’a plus les attraits de la jeunesse, de la productivité, de l’utilité sociale. Et nous retrouvons la même idée dans la langue chinoise, puisque le terme 尊 zun désigne à la fois le respect (尊敬 zun jing) et la dignité (尊严 zun yan).

La déchéance du corps, pointée par plusieurs analyses de cet ouvrage, joue à l’encontre de cette dignité. Le corps vieillissant est considéré comme abject, car non seulement il perd propre contrôle, mais expose également cette perte de contrôle aux autres. Cette abjection est intériorisée dans l’image de soi de la personne âgée et renforce le sentiment de honte, transformant la souffrance physique en douleur mentale. Une des auteures parle du corps vieillissant comme d’un « corps perdu »15, mais il ne s’agit pas d’une pâleur ou d’une disparition légère. Au contraire, le processus de vieillissement vers la perte est stagnant, chaotique et douloureux. Le corps, en vieillissant, ne diminue pas mais augmente sa « présence ». En vieillissant, nous sommes obligés de prêter attention à notre corps, qui jusque-là était peut-être invisible.

Pour autant, ce qui souvent, aux yeux occidentaux, s’assimile à une déchéance dégradante peut être appréhendé différemment dans la culture chinoise : « Le temps de la grande vieillesse est assimilé à une longue remontée dans les temps de l’enfance. /…/Le temps chinois est cyclique et de décours de la vie est conçu comme un dépouillement des phases, des strates de vie, qui sont comme enkystés dans le sujet » (Lupu 2017, 168). Et 老顽童 lao wan tong, littéralement « vieil enfant espiègle », fait partie des mots que l’on utilise pour désigner, avec affection, les personnes âgées. Le juge retraité Xiao, personnage principal du roman Le ciel s’assombrit lentement de Zhou Daxin, ne finit-il pas par retourner dans l’état le plus régressif quand il accepte enfin sa vieillesse ?16

Finitude et aboutissement de la vie

« En Occident, la question se pose de façon d’autant plus aiguë que la fin est perçue comme imminente avec l’avancée de l’âge. En Chine, elle semble beaucoup plus corrélée avec la façon de réussir les différentes étapes de la vie, dans une optique finalement marquée par les traditions millénaires qui ont survécu à toutes les tempêtes politiques » (Ploton 2017, 227).

Le rejet en France de l’emploi du mot « vieux » est corrélé à la question complexe d’une finitude, d’une quête du sens de la vie à l’orée de la mort. Pour autant, l’imminence de la fin de vie n’est pas nécessairement empreinte de peur, ou d’un sentiment de déclin : des voix se sont élevées en contrepoint pour évoquer la vieillesse comme un aboutissement dont la beauté peut se révéler à qui se risque encore à vivre : ainsi l’écrivaine George Sand, dans son évocation de la du grand âge, « comme le plus doux ou le plus favorable de la vie. » 17, nous met-elle au défi d’une sérénité possible.

La mort et la vie, perçues dans leur intrication étroite plutôt que dans un antagonisme constituent le fil conducteur de la lecture qui nous est proposée de l’œuvre de fin de vie de Marguerite Duras, qui à travers les portraits de femmes vieillissantes, nous convie aux sources mêmes de l’écriture, dans sa capacité à suturer les déchirures du temps. « Il faut essayer de vivre. Il ne faut pas se jeter dans la mort. C’est tout. C’est tout ce que j’ai à dire »18, écrit Duras, invitant au risque de vivre malgré le vieillir.

Une des peintures de Rembrandt que met à l’honneur cet ouvrage19, présente également la vieillesse comme un aboutissement, « comme un signe d’expérience, un moment de la vie où, comme Rembrandt, un individu, souvent un homme, se retrouve à l’apogée de son activité, de son art. C’est le moment que l’on choisit alors pour se mettre en lumière, en acceptant les morsures du temps, le déclin physique et mental, tout en réussissant pourtant à les tourner à son avantage ».

Le temps est l’un des témoins inéluctables de la vieillesse : l’idée de vieillesse est indépendante de celle de l’avancée en âge. La vieillesse est souvent vue en relation de complémentarité ou d’opposition avec la jeunesse, qui peut s’illustrer par la distinction possible entre la vieillesse biologique et la vieillesse d’esprit . Le cinéaste Max Ophuls, auquel se consacrent plusieurs pages de cet ouvrage, scrute au travers de plusieurs films les deux visages de la vieillesse, la montrant déjà à l’œuvre dans les figurations de la jeunesse, comme un double indissociable. Cette perception d’un vieillissement avant son âge canonique (même s’il fluctue selon les époques et les lieux), imprègne les propos d’une des auteures de cet ouvrage, quand elle dit se sentir vieillir depuis l’avènement de ses trente ans. Elle rejoint l’analyse du film de Max Ophuls que propose une autre contribution20 : « La vieillesse relève autant de la métaphysique que de la physique ; est vieux celui qui se met à penser au temps perdu, passé, révolu — dès qu’on prend conscience du temps, on se sait vieux. Pour Ophuls, c’est l’écart entre conscience et souvenir qui manifeste le vieillissement. »

Le temps qui peu à peu ramène l’homme à sa vérité première est l’un des protagonistes du roman de Yan Lianke, qui fait partie des œuvres chinoises contemporaines mises à l’honneur ici : y figure le temps dans sa vision cyclique, indissociable de la nature, dans laquelle l’homme finira par se fondre. L’histoire montre un vieil homme, résolu à mourir dans le village que tous ont fui, et s’attachant à cultiver un épi de maïs, dernière forme de vie qu’il puisse transmettre21.

Résumé des informations

Pages
308
Année
2023
ISBN (PDF)
9783631896846
ISBN (ePUB)
9783631896853
ISBN (Relié)
9783631864432
DOI
10.3726/b20713
Langue
français
Date de parution
2023 (Juin)
Mots clés
Études interculturelles Culture chinoise et française Littérature comparée
Published
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2023. 308 p., 26 ill. en couleurs, 13 ill. n/b, 5 tabl.

Notes biographiques

Isabelle Guinamard (Éditeur de volume) Weiwei Guo (Éditeur de volume) Marie Laureillard (Éditeur de volume)

Isabelle Guinamard, Maîtresse de conférences en linguistique, ISPEF (Université Lumière Lyon 2) ; laboratoire Education Cultures Politiques. Responsable des relations internationales et des coopérations avec la Chine pour l’ISPEF.   Weiwei Guo, Maîtresse de conférences à l’Université Lyon 2, membre du Centre de recherche en linguistique appliquée. Elle travaille sur les discours spécialisés en chinois. Marie Laureillard, Maîtresse de Conférences HDR en études chinoises, Université Lumière Lyon 2, membre de l‘Institut d’Asie Orientale-CNRS. Ses recherches portent sur l‘histoire culturelle moderne et contemporaine.

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