Documents diplomatiques français
1948 – Tome II (1er juillet – 31 décembre)
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Edited By Ministère des Affaires étrangères
En ce qui concerne la crise de Berlin, Paris maintient l’unité d’action avec les Américains et les Britanniques, et participe au pont aérien dans la mesure de ses moyens. Ceci dit le gouvernement français trouve Washington trop raide dans la crise, et souhaiterait, surtout au début de celle-ci, une plus grande souplesse occidentale face à Moscou. Cependant la France reste ferme sur l’essentiel.
En même temps, ce semestre vit le lancement de deux grandes entreprises qui devaient aboutir en 1949 : le Conseil de l’Europe, fruit d’une initiative française, et le Pacte atlantique. Encore durant le deuxième semestre 1948, le premier partenaire diplomatique de la France est le Royaume-Uni, même si certains signes montrent que Washington occupe une place croissante dans les préoccupations et les contacts de la diplomatie française.
Intéressant également le dossier chinois, pour lequel les diplomates observent la marche irrésistible des communistes vers la victoire, et ne se font guère d’illusions sur ce que sera le régime qui succédera au Kuo Min Tang.
114 M. de Vaux Saint Cyr, Ambassadeur de France à Athènes, à M. Schuman, Ministre des Affaires étrangères
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M. DE VAUX SAINT CYR, AMBASSADEUR DE FRANCE À ATHÈNES,
À M. SCHUMAN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES1.
D. no 613.
Athènes, 14 août 1948.
La prise en charge de la Grèce par les États-Unis ne va pas sans heurts ni difficultés. Les différences de caractère et de mentalité entre les deux peuples sont pour une grande partie à la base de ces incompréhensions mutuelles.
Avant les Américains, les Anglais avaient connu les mêmes obstacles et Grecs et Britanniques s’étaient opposés non seulement sur le terrain économique, mais encore sur le terrain politique. Comme il n’y avait pas encore eu d’élections en Grèce et par conséquent pas de parlement, l’ambassadeur de Grande Bretagne désignait les gouvernements et pour satisfaire l’opinion publique anglaise, il les prenait toujours parmi les hommes politiques situés de plus en plus à gauche. Cette politique n’a pas manqué d’indisposer d’abord le général Scobie, chef de la mission militaire anglaise, dont les opinions, tout autant que ses amis les militaires grecs, le portaient vers la droite, et ensuite tous les anciens membres des partis conservateurs.
Ceux-ci ne comprenaient pas que la vieille règle de la politique grecque ne jouât plus, qui veut que les partis se succèdent au pouvoir afin que chacun puisse profiter à son tour des prébendes.
Dans les questions économiques, les Anglais...
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