Documents diplomatiques français
1948 – Tome II (1er juillet – 31 décembre)
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Edited By Ministère des Affaires étrangères
En ce qui concerne la crise de Berlin, Paris maintient l’unité d’action avec les Américains et les Britanniques, et participe au pont aérien dans la mesure de ses moyens. Ceci dit le gouvernement français trouve Washington trop raide dans la crise, et souhaiterait, surtout au début de celle-ci, une plus grande souplesse occidentale face à Moscou. Cependant la France reste ferme sur l’essentiel.
En même temps, ce semestre vit le lancement de deux grandes entreprises qui devaient aboutir en 1949 : le Conseil de l’Europe, fruit d’une initiative française, et le Pacte atlantique. Encore durant le deuxième semestre 1948, le premier partenaire diplomatique de la France est le Royaume-Uni, même si certains signes montrent que Washington occupe une place croissante dans les préoccupations et les contacts de la diplomatie française.
Intéressant également le dossier chinois, pour lequel les diplomates observent la marche irrésistible des communistes vers la victoire, et ne se font guère d’illusions sur ce que sera le régime qui succédera au Kuo Min Tang.
419 M. Meyrier, Ambassadeur de France à Nankin, à M. Schuman, Ministre des Affaires étrangères
Extract
M. MEYRIER, AMBASSADEUR DE FRANCE À NANKIN,
À M. SCHUMAN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES1.
T. nos 936-942.
Nankin, 13 décembre 1948, 5 h. 10
Réservé.
(Reçu : le 13, 22 h.)
La bataille que livrent depuis 40 jours les armées de Tchang Kaï Chek pour défendre la capitale de la Chine nationaliste touche à sa fin2.
Elle aura été, par sa durée, son ampleur et son acharnement, à la hauteur de l’enjeu qui s’y est joué. Car ce n’est pas seulement le sort de Tchang Kaï Chek que touchera la victoire communiste. Elle scellera aussi pour longtemps, le sort même de la Chine, et c’est 400 000 000 d’hommes qu’elle va jeter dans le camp du communisme international.
Mais elle aura une conséquence plus grave encore : celle de porter le bloc communiste aux portes du Sud asiatique. Et, pour nous, cela signifie, qu’avant peu de temps, nous aurons à faire face à une dure réalité : celle d’avoir contre nous, en Indochine, de l’autre côté de la frontière, un ennemi puissant et déterminé.
Nous ne devons nous faire aucune illusion sur les intentions du communisme chinois. Si l’on peut espérer, comme se plaisent à le penser les Américains, qu’il ne sera pas, du point de vue de ses réalisations sociales, de strict conformisme moscoutaire et qu’il s’adaptera, à cet égard, aux conditions particulières de la...
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