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De l’appropriation langagière en contextes plurilingues et pluriculturels

Quelles approches, quels outils et quels enjeux pour la didactique du FLE/FLS ?

de Kaouthar Ben Abdallah (Éditeur de volume) Dana Di Pardo Leon-Henri (Éditeur de volume)
©2024 Collections 352 Pages

Résumé

Les contributeurs, provenant de divers champs disciplinaires des sciences humaines et sociales (sciences de l’éducation, sciences du langage, didactique, linguistique, sociologie, sociolinguistique), offrent au lecteur un regard renouvelé sur le développement du processus de l’appropriation en interrogeant les modalités et les enjeux de sa prise en compte dans des contextes scolaires pluriels (Suisse, Japon, France, Pologne, Maroc, Chypre, Grèce) de l’école primaire à l’université.
Dans une optique pluridisciplinaire, l’ouvrage vise à promouvoir les travaux récents ou en cours sur des questionnements autour des principes et fondements didactiques de l’appropriation des langues et des cultures en contextes éducatifs plurilingues. De plus, il a pour originalité de reposer sur une approche ascendante et met au jour une nouvelle conception de l’appropriation des langues en contexte scolaire plurilingue en interrogeant les outils et les dispositifs et en s’appuyant sur les résultats de recherches scientifiques pluridisciplinaires menées sur le terrain.
L’objectif principal consiste à faire émerger une réflexion pluridisciplinaire à partir d’études de terrain récentes, prenant en compte la complexité et la diversité des contextes linguistiques et culturels avec une visée praxéologique.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Liste des sigles et acronymes
  • Préface
  • Préambule Langues, cultures et contextes : enjeux éducatifs, institutionnels et didactiques
  • De la théorie aux pratiques, des pratiques à la théorie
  • Didactique des langues-cultures : opter pour le paradigme de la complexité ou comment co-construire des écosystèmes d’apprentissage sociosémiotiques ?
  • L’alternance linguistique: un outil pour diversifier les langues d’enseignement ? De la neutralité des choix et des difficultés d’application
  • Comment peut-on mesurer la complexité des procédures de reformulation ?
  • La complexité : l'apprentissage d'une langue étrangère
  • Enseignement-apprentissage de la « phonétique » en langue étrangère : de la complexité à la Pensée complexe
  • Enseigner et apprendre l’écriture de recherche en contexte migratoire. Une didactique passerelle fondée sur les parcours de vie
  • De l’appropriation des langues et des cultures Facteurs contextuels : entre l’institutionnel et la didactique
  • Le contexte d’enseignement / apprentissage des langues étrangères en Pologne - entre objectifs institutionnels, représentations sociales des langues et stratégies d’enseignement / apprentissage
  • Apprendre l’allemand à l’université en Alsace: une complexité sociodidactique
  • Repérer des traces d’appropriation langagière dans un matériau discursif mobilitaire : un exemple entre le Japon et la France
  • Cartographier “le paysage linguistique” pour s’approprier la diversité linguistique
  • De l’imaginaire culturel dans les normes communicatives. Analyse d’un phénomène complexe pour une meilleure appropriation de la langue / culture étrangère en classe de FLE
  • Les dynamiques de l’appropriation précoce des langues d’enfants bi / plurilingues en contexte scolaire
  • Mise(s) en images - Mise(s) en mots de soi: le potentiel heuristique de la photographie pour l’apprentissage du français chez les étudiants de mobilité en Suisse
  • Propos conclusifs. Entre théorie et pratiques: des questions qui nourrissent le débat
  • Bibliographie
  • Liste de contributeurs (dans l’ordre d’apparition)
  • Index de notions

Préface

Jean-Louis Chiss

DILTEC EA 2288

Université Sorbonne Nouvelle

Cet ouvrage, constitué de treize contributions1, est d’abord un vaste panorama, tout à fait congruent avec l’air du temps et les intentions de ses directrices : valoriser la diversité. Issu d’un colloque international, riche d’une bibliographie globale très pluridisciplinaire, il réunit des chercheurs et chercheuses (professeurs, maitres de conférences, ATER, docteurs et doctorants2…) travaillant majoritairement dans des universités françaises mais aussi belges, suisses, polonaises, japonaises. Si la préoccupation commune des contributeurs tient à la didactique des langues et des cultures, l’enracinement disciplinaire varie entre linguistique et sciences de l’éducation, entre didactique du français et des langues (parfois les deux). Outre « langues » et « cultures », on retient du titre les mots-clés que sont « appropriation » et « contextes » (plurilingues et pluriculturels) sans oublier, dans une conception largement partagée de la « recherche-action », les termes « approches » et « outils ».

Sans doute, la notion d’appropriation fait-elle désormais consensus chez une partie des didacticiens de langues dans une acception qui s’est déplacée ces dernières années : il ne s’agit plus tant de désigner par là le résultat des processus conjoints de l’enseignement et de l’apprentissage que de désigner à la fois le rôle majeur des sujets et la sortie des réalités de l’univers scolaire vers la société tout entière. Dans l’ouvrage, ce mouvement va de pair avec l’omniprésence de la référence à la « Pensée complexe » d’Edgar Morin et, ponctuellement, à l’œuvre de Paul Ricoeur. On ne peut blâmer la didactique des langues de se chercher une (autre) épistémologie mais il n’est pas sûr que le sésame de la complexité et de l’interprétation ouvre toutes les portes. Le « principe d’incertitude » qui affecterait les démarches en sciences humaines ne saurait, à mon sens, servir de caution à un éclectisme théorique ou garantir l’efficacité d’un éclectisme méthodologique. Reste que la Pensée complexe apparait comme une réaction à des conceptions jugées objectivistes, technicistes voire scientistes3. Je reste, pour ma part, très sensible à toutes les déclinaisons empiriques de cette « complexité » et en particulier à la différence entre le « linguistique » et le « cognitif ».

La diversité des contextes (micro, méso, macro) explorés ici retient l’attention : France (dont la situation particulière de l’Alsace), Maroc, Chypre, Pologne, Japon, Etats-Unis, Suisse), tous pays où sont examinées des organisations curriculaires qui vont de la maternelle au doctorat. C’est l’occasion de se confronter aux problématiques du bi-plurilinguisme, de l’alternance des langues en classe, de la place de l’anglais dans les systèmes éducatifs, de la conceptualisation des erreurs ou du rôle des manuels. Des contributions à fondement acquisitionniste voisinent avec des chapitres orientés vers la sociolinguistique. Enquêtes, questionnaires, entretiens, documents écrits, supports visuels constituent, entre autres, des moyens de la construction réflexive et des supports à la démarche didactique.

De cet ensemble foisonnant je retiens, en relation avec mes centres d’intérêt, les questions de la mobilité, des représentations des langues, et des cultures académiques. La mobilité est devenue l’hyperonyme qui désigne des phénomènes longtemps dissociés, réputés incommensurables : des Élèves allophones nouvellement arrivés aux doctorants internationaux, des frontaliers aux touristes et aux promeneurs dans les « paysages linguistiques », ces idées de circulation et de passage, stimulantes pour l’esprit et pourvues de sens dans une perspective historique, outre qu’elles ignorent largement le sort des « assignés à résidence », ne sauraient masquer la spécificité de chaque situation.

La question des représentations en général mais d’abord celles des langues et subséquemment du plurilinguisme est, depuis longtemps, partie prenante de la didactique des langues ne serait-ce que parce qu’elles influent sur les motivations, les choix et les pratiques linguistiques : « langue du voisin », « langue de la frontière », « langue de l’étranger », on n’en finirait pas de lister des représentations aux connotations souvent négatives. Au-delà se sont développées des idéologies linguistiques comme systèmes de représentations mises en discours qui possèdent une véritable épaisseur historique. Quant au plurilinguisme, il faut accepter l’idée de sa relative désidérabilité parfois de son rejet et noter, en tout cas, certaines difficultés du plurilinguisme scolaire pour les élèves tiraillés entre les langues enseignées et les langues d’enseignement. Mais on doit aussi souligner qu’on apprend souvent moins bien les langues étrangères dans des pays à dominante monolingue et qu’il faut tenir compte des dynamiques entre l’école et la société, une langue étrangère apprise majoritairement dans l’institution éducative se renforçant constamment dans l’espace extra-scolaire.

La « didactique des langues et des cultures » est d’autant moins à l’aise avec la notion de culture qu’elle réifie parfois avec le trait d’union l’ensemble « langue-culture ». Au-delà de cette difficulté à desserrer une relation en fait très délicate et pour le coup complexe, il est méthodique de distinguer les cultures lettrées et anthropologiques qui accompagnent l’enseignement des langues étrangères (peu explorées dans l’ouvrage) et les cultures linguistiques, éducatives et académiques où s’inscrit la didactique des langues dans ses deux versants : théorique et interventionniste (davantage représentées ici). Les langues en présence et les ethos communicatifs, les philosophies de l’éducation, les postures épistémologiques, les traditions de recherche donnent ainsi à la notion de contexte une assise très large et une profondeur souvent inaperçue.

On peut seulement espérer d’une « préface » qu’elle invite à la lecture de l’ouvrage tout en alertant sur certains points et donc en stimulant la réflexion. Je remercie les directrices de m’avoir confié cette mission d’introduire ce recueil d’études diversifiées pour un projet global qui concerne frontalement l’actualité des recherches en didactique des langues (et des cultures).


1 J’ai pris le parti de ne pas présenter chaque chapitre ni de m’y référer explicitement, ce qui aurait été redondant par rapport à l’introduction et à la conclusion des directrices de l’ouvrage.

2 On m’excusera de ne pas systématiquement féminiser le lexique pour des raisons de lisibilité. La langue n’étant pas un miroir de la réalité, ceci ne dit rien de la part évidemment éminente des femmes dans la recherche et dans cette entreprise éditoriale.

3 Le cadre d’une préface ne me permettant pas de rouvrir ce débat fécond, je me permets de renvoyer à mon ouvrage : Idéologies linguistiques, politiques et didactiques des langues (Lambert-Lucas, 2022).

Préambule Langues, cultures et contextes : enjeux éducatifs, institutionnels et didactiques

Kaouthar Ben Abdallah & Dana Di Pardo Léon-Henri

L’ouvrage regroupe treize contributions issues d’une manifestation scientifique internationale sur la thématique Penser la complexité : quelles approches et quels outils en contexte pluriel ou plurilingue qui a rassemblé à la Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement de l’université de Franche-Comté de Besançon (octobre, 2021) une cinquantaine de chercheurs, enseignants-chercheurs, docteurs, doctorants et experts en éducation, issus de différentes disciplines et venant d’horizons géographiques divers. Les contributions réunies dans cet ouvrage portent sur des contextes d’enseignement-apprentissage, nationaux et internationaux, et dans diverses formes de rapport à l’appropriation des langues et des cultures en milieu plurilingue.

Divers chercheurs, comme Véronique (1997), Arditty et Vasseur (1999 ; 2002), Porquier et Py (2004) ont contribué à mieux cerner la notion « d’appropriation » qui fédère les contributeurs et ouvre l’espace au débat scientifique mené dans cet ouvrage. La notion d’appropriation des langues et des cultures invite à réfléchir au développement de nouvelles compétences langagières plurielles en prenant en compte la diversité des contextes linguistiques et culturels (Perregaux, 2004) ainsi que les dispositifs et supports divers et variés de l’enseignement-apprentissage. Elle a suscité un grand intérêt dans divers champs disciplinaires des sciences humaines et sociales (sciences de l’éducation, sciences du langage, sociologie, sciences de l’information et de la communication, sociolinguistique). Remettre la didactique des langues et des cultures davantage en (inter)relation avec les sciences connexes et les notions de référence de ces dernières est l’un des intérêts de ce collectif.

Au cœur de cet ouvrage, la notion « d’appropriation » est bien (re)mise en perspective des enjeux individuels et collectifs, aux divers niveaux de son implication, en lien avec la didactique des langues et des cultures. Elle s’est, entre autres, développée pour penser les apprentissages scolaires et les pratiques professionnelles liées aux contextes formels et non formels (Krashen, 1981 ; Besse et Porquier, 1984). Force est de constater que ces domaines connexes participent de plus en plus à mieux comprendre, décrire et analyser le processus d’appropriation langagière chez le sujet apprenant, ainsi qu’à son évolution qui s’impose aujourd’hui comme réflexion didactique fondamentale qui (ré)interroge l’École contemporaine, culturellement hétérogène.

Territoire épistémologique

La réflexion se donne comme objet de questionnement ce qui relève prioritairement de la complexité du processus d’appropriation langagière dans le domaine de l’enseignement et l’apprentissage du français langue étrangère (dorénavant FLE), du français langue seconde (FLS) et des langues en co-présence, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique.

Comme le rappelle Chiss (ici même), l’appropriation n’est plus uniquement perçue comme le « résultat » d’un apprentissage ou d’une acquisition. Elle est également considérée à juste titre comme un « processus » en devenir et non figé. En effet, la notion de processus implique des acteurs, suppose un va-et-vient entre l’individu et son environnement et donc renvoie aux théories de l’action et de l’agentivité, dont les tenants scientifiques de départ sont Leontiev et Vygotski (1985), au même titre que von Uexküll (2010), Bandura (1996), Engeström (1987), à qui l’on doit la théorie de l’activité, ou Bronfenbrenner (1979), dont l’écologie des milieux a été présentée et reprise en didactique des langues et des cultures par divers chercheurs qui se réfèrent aux mêmes approches théoriques (Longuet & Springer, 2021) défendues dans ce collectif.

La discussion sera également consacrée à l’acquisition et à l’apprentissage des langues: langue première, langue étrangère, langue seconde, langue de scolarisation (Dabène, 1994, Verdelhan, 2002, Cuq, 2003, Vigner, 2009), langue d’enseignement (Chiss, 2018), langue de référence, langues parentes, langue-pivot (Maurer & Puren, 2019), « langue du voisin », « langue de la frontière », « langue de l’étranger », on n’en finirait pas de lister « des représentations aux connotations souvent négatives » (Chiss, voir préface). Elle réunira des thématiques, habituellement dispersées dans les champs disciplinaires: linguistique, didactique, sociolinguistique, psycholinguistique, sur la complexité du processus de l’appropriation langagière.

Dans une approche pluri-inter-transdisciplinaire, l’ouvrage vise à promouvoir les travaux récents ou en cours sur des questionnements autour des principes et fondements linguistiques et didactiques de l’appropriation des langues et des cultures en contextes éducatifs plurilingues. De plus, il a pour originalité de reposer sur une approche ascendante et met au jour une nouvelle conception de l’appropriation langagière en contexte scolaire plurilingue en interrogeant les outils et les dispositifs et en s’appuyant sur les résultats de recherches scientifiques pluridisciplinaires menés sur le terrain dans des contextes éducatifs francophones plurilingues. Un des aspects qui fédère les contributeurs de cet ouvrage est sans doute le caractère interventionniste de la didactique du FLE-FLS et des langues en co-présence.

Résumé des informations

Pages
352
Année
2024
ISBN (PDF)
9782875747730
ISBN (ePUB)
9782875747747
ISBN (Broché)
9782875747723
DOI
10.3726/b21333
Langue
français
Date de parution
2024 (Mars)
Mots clés
Appropriation Contexte Migration Mobilité Langues cultures FLE FLS Plurilinguisme diversité linguistique et culturelle Didactique de l’oral approches
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2024. 352 p., 10 ill. en couleurs, 2 ill. n/b, 37 tabl..

Notes biographiques

Kaouthar Ben Abdallah (Éditeur de volume) Dana Di Pardo Leon-Henri (Éditeur de volume)

Kaouthar Ben Abdallah est Maître de Conférences en sciences du langage à l’université de Franche-Comté de Besançon (France). Au sein du Laboratoire ELLIADD, ses recherches portent sur le bilinguisme scolaire des élèves allophones et sur les modèles d’enseignement bilingues et les questions de politiques linguistiques et éducatives au Maghreb et en France. Dana Di Pardo Léon-Henri est Maître de Conférences de l’anglais pour spécialistes d’autres disciplines (LANSAD) à l’université de Franche-Comté de Besançon (France). Au sein du Laboratoire ELLIADD, sa recherche porte sur les politiques linguistiques, l'évaluation diagnostique des compétences linguistiques et la didactique de l’enseignement des langues.

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